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Festival de Cannes 2023 : Hirokazu Kore-eda explore avec trop de complexité une amitié enfantine dans "Monster"

Dans la continuité de sa thématique familiale de prédilection, le réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda s'attache au sujet de l'enfance dans un film sophistiqué, en compétition.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
"Monster" de Hirokazu Kore-eda (2023). (MONSTER FILM COMMITTEE)

Après un grand prix Prix du jury au Festival de Cannes 2013 pour Tel père, tel fils, et une Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille, Hirokazu Kore-eda est une nouvelle fois en compétition avec Monster. Film sur l’amitié fusionnelle entre deux enfants de CM2, sa construction très complexe lui retire le charme et une part de l’émotion attendue sur un tel sujet.

Narration éclatée


Minato, élève de CM2 a un comportement perturbateur qui l’isole de ses camarades de classe. Elevé par sa mère veuve, celle-ci affronte constamment l’autorité du collège, alors que le problème semble provenir d’un professeur au comportement violent. De son côté, Minato trouve en Eri un véritable ami qui ne veut toutefois pas que les autres élèves le sachent. Leur amitié fusionnelle va les isoler de plus en plus de leur entourage jusqu’à une fuite en avant irréversible.

L’enfance est un thème majeur dans les films, depuis au moins Zéro de conduite (1934) de Jean Vigo. Les 400 Coups (1959) de François Truffaut reste également une référence majeure que l’on retrouve dans Monster, où le Japonais Kore-eda relate l’amitié entre deux enfants qui ont le même âge que dans le film français. Minato a par ailleurs un comportement qui dérange autant les adultes que celui du jeune Doinel chez Truffaut. Mais là où l’émotion émanait d’un récit à la progression linéaire chez le Français, Kore-eda fait le choix d’une narration éclatée où l’on perd le fil du propos.

Métaphysique de l’enfance


Monster multiplie les points de vue et les temporalités à en perdre la raison. D’abord raconté par le regard de la mère, il passe à celui du professeur, puis de l’enfant, les trois s’interférant plus ou moins tout le long du film. Des scènes sont laissées en suspens sans que l’on en connaisse la conclusion, comme lors de la recherche des enfants par les parents sous la pluie diluvienne. Si Kore-eda demande la participation du spectateur pour créer le lien entre elles, la cohérence du récit échappe et le film privilégie des interprétations ouvertes, un peu trop sans doute.

Dans un tout autre genre, 2001 : L’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick jouait avec tel parti pris, mais le sujet s’y prêtait plus que celui d’une amitié enfantine. Kore-eda semble être toutefois dans la continuité de Kubrick quand il évoque dans les propos de Minato le destin de l’univers (le "big crunch"), et la réincarnation, sujets qui l’obsèdent. Leur teneur métaphysique rejoint d'ailleurs celles de 2001. Si le réalisateur japonais a toute les raisons de teinter de gravité son approche de l’enfance dans Monster, c’est toutefois au risque d’y perdre une partie des spectateurs.

"Monster" de Hirokazu Kore-eda (2023). (MONSTER FILM COMMITTEE)

La fiche

Genre : Drame 
Réalisaeur : Hirokazu Kore-eda
Acteurs : Sakura Andô, Eita Nagayama, Soya Kurokawa
Pays : Japon
Durée :  2h06
Sortie : Prochainement
Distributeur : Goodfellas

Synopsis : Le comportement du jeune Minato est de plus en plus préoccupant. Sa mère, qui l’élève seule depuis la mort de son époux, décide de confronter l’équipe éducative de l’école de son fils. Tout semble désigner le professeur de Minato comme responsable des problèmes rencontrés par le jeune garçon. Mais au fur et à mesure que l’histoire se déroule à travers les yeux de la mère, du professeur et de l’enfant, la vérité se révèle bien plus complexe et nuancée que ce que chacun avait anticipé au départ…

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