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Festival de Cannes 2023 : ode à la différence et hymne à l'amour, le "Rosalie" de Stéphanie Di Giusto est un délice porté par Nadia Tereszkiewicz

"Rosalie", le deuxième film de Stéphanie Di Giusto, a été présenté à Un Certain Regard tout comme son premier long, "La Danseuse". La réalisatrice signe avec délicatesse le désir d'une femme de vivre sa différence et de se faire accepter comme telle.
Article rédigé par Falila Gbadamassi
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Nadia Tereszkiewicz et Benoît Magimel, qui incarnent respectivement Rosalie et Abel, dans une scène du film Rosalie de Stéphanie Di Giusto (TRESOR FILMS - GAUMONT - LDRPII - ARTEMIS PRODUCTIONS)

Rosalie n'a qu'une prière, que son futur mari l'aime. C'est l'une des premières images du dernier film de Stéphanie Di Giusto, projeté le 18 mai 2023 à Un Certain Regard. La cinéaste pose sa caméra sur une jeune femme pas comme les autres, incarnée par la comédienne Nadia Tereszkiewicz qui offre, avec une grande justesse, toute sa candeur au personnage d'une femme à barbe.

Grâce à un rasage minutieux, Rosalie cache un secret que son époux, Benoît Magimel alias Abel, découvre durant sa nuit de noces. S'il l'a épousée pour sa dot afin de faire face à ses difficultés financières, Abel n'en espérait pas moins vivre auprès d'une "femme". Rejetée par son compagnon, à qui elle a confié pourtant très vite son désir d'avoir des enfants, Rosalie décide de vivre sa différence et surtout de la mettre au service du café dont Abel est propriétaire et qui bat de l'aile. 

Le choix d'assumer son apparence

Pour son deuxième film, tout comme pour son premier, La Danseuse, également présenté à Un Certain Regard, Stéphanie Di Giusto s'est inspirée d'une femme qui a existé, Clémentine Delait, femme à barbe célèbre au début du XXe siècle. La fiction construite par la cinéaste s'attache à montrer comment, après s'être remise du dégoût qu'elle semble inspirer à son mari, Rosalie décide de lui être utile en mettant à profit son apparence pour le salut financier de son foyer. La jeune femme sait qu'elle va éveiller la curiosité de la communauté dans laquelle elle vit dans cette France de 1870 et mise sur ce sentiment pour étoffer la clientèle du bistrot.

La candeur et la joie de vivre de Rosalie, enfin libérée et libre, en font une personne naturellement attachante même si sa maladie, l'hirsutisme, et le physique qu'elle lui confère heurte autant qu'il fascine. Le mot "monstre" fuse d'ailleurs bientôt. Le dégoût, démontre Stéphanie Di Giusto, est une construction sociale bien relative. Le personnage d'une religieuse, s'adressant à Rosalie avec bienveillance, lui lance ainsi : "Nous sommes tous des cas à part, non ?" Et c'est parce que Rosalie gagne en confiance qu'Abel peut la (re)découvrir et peut-être tomber amoureux de sa femme. Benoît Magimel rend bien compte de la frustration et de la curiosité qui habitent son personnage dont le point de vue va progressivement évoluer.

Affirmer la délicatesse de Rosalie

Le charme de sa compagne est sublimé par la photographie du film Rosalie  – blancheur immaculée de la robe de mariée et tons pastels – renforcent la délicatesse de l'héroïne que la caméra caresse en filmant évidemment au plus près. Le récit insiste sur la beauté et la sensualité d'une femme pleine de vie. Contrairement à ce que ses détracteurs voudraient laisser croire. Le regard lubrique de Barcelin, le créancier de son mari interprété par un Benjamin Biolay très fluide dans son rôle, en est d'ailleurs la preuve irréfutable. De même, la somptueuse chevelure de Rosalie, filmée sous tous les angles, est irrésistible alors que les poils de sa barbe, tout aussi beaux, sont considérés comme disgracieux.   

En montant sur la scène du Théâtre Claude Debussy, où son film a été présenté dans la soirée du jeudi 18 mai, Stéphanie Di Giusto, très émue par cette deuxième sélection cannoise, a remercié ses comédiens pour leur générosité. "J'ai aimé filmer tous ces acteurs, tout simplement. J'ai eu du plaisir et j'espère que ça se ressent dans ce film". Près de deux heures après, la cinéaste a pu constater –  à l'applaudimètre – que sa délicate Rosalie, portée par le plus que conviancant duo Tereszkiewicz-Magimel, faisait déjà l'unanimité. 

La fiche

Genre : drame
Réalisatrice : Stéphanie Di Giusto
Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Benoît Magimel, Benjamin Biolay, Guillaume Gouix, Gustave Kervern, Anna Biolay et Juliette Armanet. 
Pays : France
Durée : 1h55
Sortie : prochainement 
Distributeur : Gaumont 

Synopsis : Rosalie est une jeune femme dans la France de 1870 mais ce n’est pas une jeune femme comme les autres, elle cache un secret : depuis sa naissance, son visage et son corps sont recouverts de poils. Elle est ce qu’on appelle une femme à barbe mais n’a jamais voulu devenir un vulgaire phénomène de foire. De peur d’être rejetée, elle a toujours été obligée de se raser. Jusqu’au jour où Abel, un tenancier de café acculé par les dettes, l’épouse pour sa dote sans savoir son secret. Mais Rosalie veut être regardée comme une femme, malgré sa différence, qu’elle ne veut plus cacher. Abel sera-t-il capable de l’aimer quand il découvrira la vérité ?

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