Festival de Cannes 2024 : accueilli comme une star, Leos Carax présente "C'est pas moi", un film d'introspection en 40 minutes
Chapeau sur la tête, lunettes fumées, long manteau de cuir usé, Leos Carax fait son entrée dans la salle Debussy du Palais des Festival sous les applaudissements, le public debout. Démarche décidée, tête en avant, il est suivi dans l'allée par son double de cinéma et compagnon de toujours, Denis Lavant, nœud pap et la marionnette du film Annette dans les bras.
Le réalisateur des Amants du Pont neuf, un habitué du tapis rouge, présentait samedi soir 18 mai son film C'est pas moi, dans la sélection Cannes Première. Le film, qui sort dans les salles le 12 juin, est une commande du Centre Pompidou pour une exposition "qui n'a jamais eu lieu". Le musée avait demandé au cinéaste de répondre en images à la question : "Où en êtes-vous, Leos Carax ?".
L'exercice a manifestement inspiré le réalisateur, qui livre en 40 minutes une introspection dans laquelle il met en scène dans une forme à la fois joyeuse et mélancolique tout ce qui constitue sa vie, ses inspirations, son œuvre. L'enfance, dans une variation autour du père, des pères (Carax en a beaucoup !), l'amour, le cinéma, la musique, la guerre, les guerres, celles d'hier et celles d'aujourd'hui, ses admirations, ses détestations et aussi son œuvre, par bribes, comme des réminiscences.
"Ma solitude, mon imposture"
Ce passionnant voyage dans la vie de Leos Carax est emmené dans une forme pleine d'énergie, de drôlerie, et d'inventions narratives. Le réalisateur s'amuse avec le spectateur, facétieux, jamais ne se prenant au sérieux. Il joue avec les images, avec les mots, dans un patchwork qui nous dresse autant le portrait d'un homme, d'un artiste qu'une variation autour du temps qui passe, et de cette idée "qu'un jour ce sera comme quand on a déjà vécu", avec cette crainte "que saute aux yeux du monde ma solitude, mon imposture".
Une pomme rendue éternelle par la magie du cinéma, des dictateurs qui gesticulent, des chanteurs, des chanteuses, des acteurs, des mots, des jeux de mots, ses chiens, une marionnette, les Femen, sa fille, Balzac en passant, Bowie... En 40 minutes d'une densité époustouflante, Carax nous offre un voyage dans son monde, qu'il déploie dans un mouvement incessant et joyeux, irriguant ce merveilleux petit film qu'on voudrait emporter avec soi en partant.
La lumière s'allume, le public se lève, applaudit. Leos Carax allume sa cigarette, Denis Lavant fait le clown. Moment suspendu de joie et de partage, samedi soir à Cannes.
La Fiche
Genre : Biopic, Drame
Réalisateur : Leos Carax
Acteurs : Denis Lavant, Ekaterina Yuspina, Loreta Juodkaite
Pays : France
Durée : 0h 40min
Sortie : 12 juin 2024
Distributeur : Les Films du Losange
Synopsis : Pour une exposition qui n’a finalement pas eu lieu, le musée Pompidou avait demandé au cinéaste de répondre en images à la question : Où en êtes vous, Leos Carax ? Il tente une réponse, pleine d’interrogations. Sur lui, "son" monde. Je sais pas. Mais si je savais, je répondrais que…
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.