Festival de Cannes 2024 : après sa fuite d'Iran, le cinéaste Mohammad Rasoulof décrit un voyage "épuisant et extrêmement dangereux"
Grande voix du cinéma iranien, dans le viseur du régime des mollahs depuis des années, sous le coup d'une récente condamnation à de la prison, Mohammad Rasoulof, 51 ans, est parvenu à quitter clandestinement son pays, puis à trouver refuge en Allemagne. Interrogé par The Guardian, le réalisateur a relaté un périple "épuisant et extrêmement dangereux".
Au début du mois, Mohammad Rasoulof a été condamné en appel à huit ans de prison dont cinq applicables. Dénonçant une peine "injuste", il est parvenu à fuir l'Iran au prix d'un voyage "de plusieurs heures, épuisant et extrêmement dangereux, accompagné d'un guide", qui lui a permis de traverser les montagnes et passer discrètement la frontière à pied, peut-on lire dans l'article daté de vendredi 17 mai. Au départ, le cinéaste n'a eu que quelques heures pour décider s'il restait en Iran ou prenait la fuite. Mais il voulait pouvoir "transmettre les récits de ce qu'il se passe en Iran", et "c'est quelque chose que je ne peux pas faire en prison", a-t-il résumé.
Caché dans des lieux secrets durant son voyage
Après avoir désactivé tous ses appareils électroniques, Mohammad Rasoulof s'est caché dans différents lieux gardés secrets avant de recevoir des papiers de la part des autorités allemandes. Le cinéaste, en lice pour la Palme d'or qui sera remise le 25 mai au Festival de Cannes, espère pouvoir être autorisé à aller en France pour être présent sur la Croisette.
Son film Les Graines du figuier sauvage, qui lui a valu cette lourde condamnation, raconte l'histoire d'un juge d'instruction sombrant peu à peu dans la paranoïa, au moment où d'immenses manifestations éclatent dans la capitale Téhéran. Le réalisateur mal-aimé du régime des mollahs a été déjà condamné et emprisonné deux fois en Iran, où la répression ne cesse de s'amplifier depuis le mouvement de contestation qui a secoué le pays en 2022 après la mort de Mahsa Amini.
Faire les films dont il a envie, puis rentrer en Iran, quitte à "aller en prison"
Malgré cette menace d'incarcération, Mohammad Rasoulof, qui a reçu de nombreux prix internationaux dont l'Ours d'or à Berlin en 2020, n'écarte pas la possibilité de retourner dans son pays "assez vite". "J'ai toujours pensé que si je restais en prison pendant des années, je n'aurais ni la force ni la capacité de faire ces films", a-t-il déclaré, "donc je dois d'abord les faire, et puis après, il sera toujours temps de rentrer et d'aller en prison".
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