Festival de Cannes 2024 : avec "La Jeune fille à l'aiguille", le réalisateur Magnus von Horn séduit les festivaliers

Deuxième film en compétition, "La Jeune fille à l'aiguille" a bouleversé nombre de festivaliers pour la force de son sujet et la grande beauté de sa mise en scène.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Victoria Carmen Sonne dans "La Jeune fille à l'aiguille" de Magnus von Horn (2024). (LUKASZ BAK)

Le réalisateur suédo-polonais Magnus von Horn était à la Quinzaine des cinéastes en 2016 avec Le Lendemain et faisait partie de la Sélection officielle de l'édition annulée pour cause de pandémie de 2020, avec Sweat, seulement sorti en 2022. Ce retour par la grande porte sur la Croisette avec La Jeune fille à l'aiguille a ébloui nombre de festivaliers.

Film au format 4/3 (dit "carré") en noir et blanc, cette ascèse sert une œuvre située au sortir de la Première Guerre mondiale, qui aborde les rapports de classes, l'avortement, et les "gueules cassées", les blessés défigurés de la Grande Guerre, dans un Copenhague désenchanté.

En marge

Comme dans ses deux films précédents, La Jeune fille à l'aiguille se consacre à un personnage en marge ou mal intégré dans la société. C'est un ado criminel de retour de prison, rejeté par sa communauté dans Le Lendemain, et une influenceuse adulée sur Internet, mais en mal de solitude, voire persécutée, dans la vie réelle dans Sweat. La Jeune fille à l'aiguille est, elle, une mère adultère qui retrouve un mari défiguré, blessé sur le front.

En 1918, à Copenhague, Karoline, ouvrière couturière, a une liaison avec son patron, croyant son mari mort au combat. Enceinte, elle rate son avortement et rencontre Dagmar, une femme de caractère qui, en toute clandestinité, place des enfants abandonnés dans des familles. Devenant très proches, Karoline devient nurse à ses côtés quand son mari est de retour du front.

Cru et dérangeant

Situé au sortir de la Grande Guerre, La Jeune fille à l'aiguille adopte une esthétique tout en référence aux débuts du cinéma. Il cite par exemple La Sortie des usines Lumière (1895), et, considérant son film comme "un conte pour adulte", Alice au Pays des merveilles lors d'un repas. Si c'est un conte, le film est des plus sombres, son héroïne traversant bien des épreuves, sans pour autant tomber dans le misérabilisme.

Les Cassandre lui reprocheront ses images somptueuses pour raconter une histoire sociale, sociétale et tragique. Si Magnus von Horn lance La Jeune fille à l'aiguille comme un mélodrame, il s'en démarque en filmant des actes crus et dérangeants, en toute modernité. Cette esthétique du malaise sous des atours séduisants participe de la réussite d'un film fascinant, interprété par une remarquable comédienne, Trine Dyrholm (Festen). Nombre de festivaliers lui décernent déjà la Palme, un peu vite, mais il devrait se retrouver au palmarès.

Victoria Carmen Sonne dans "La Jeune fille à l'aiguille" de Magnus von Horn (2024). (LUKASZ BAK)

La fiche

Genre : Drame historique
Réalisatrice : Magnus von Horn
Acteurs : Trine Dyrholm, Victoria Carmen Sonne, Besir Zeciri
Pays : Danemark/Pologne/Suède
Durée : 1h55
Sortie : Prochainement
Distributeur : Bac Films
Synopsis : Copenhague, 1918. Karoline, une jeune ouvrière, lutte pour survivre. Alors qu'elle tombe enceinte, elle rencontre Dagmar, une femme charismatique qui dirige une agence d'adoption clandestine. Un lien fort se crée entre les deux femmes et Karoline accepte un rôle de nourrice à ses côtés.

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