Festival de Cannes 2024 : comment Pierre Niney est devenu un acteur incontournable du cinéma français
Cannes a accueilli en peu de temps deux facettes de Pierre Niney. L'acteur français de 35 ans était sur la Croisette, début avril, à l'occasion du festival Canneseries pour présenter Fiasco, une série humoristique produite pour Netflix avec François Civil et Géraldine Nakache. Il y revient mercredi 22 mai, sur le grand écran cette fois, pour présenter Le Comte de Monte-Cristo, nouvelle adaptation du roman d'Alexandre Dumas, signée par le duo Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière et projetée hors compétition. Un blockbuster à la française qui marque l'aboutissement d'une trajectoire l'ayant mené au sommet du cinéma hexagonal. Retour sur les moments charnières de sa carrière.
Il fait ses débuts à la Comédie française
Pierre Niney n'a pas trop tardé à trouver sa voie. Ce fils de professeurs a "le déclic" quand il découvre François Morel sur scène. Il assiste à la représentation de la pièce Les Pieds dans l'eau. "J'avais 6 ans, aucune inhibition, et je me suis mis à lui parler. Il m'a répondu en improvisant et a fait rire la salle. Mes parents étaient gênés. Je trouvais qu'avoir la capacité d'être sur scène et réagir tenait du superpouvoir", raconte-t-il dans Le Figaro. Le théâtre, qu'il débute à l'âge de 11 ans, rythme donc son adolescence.
"Au collège et au lycée, je n'ai fait que ça : aller au cinéma, au théâtre et jouer, jouer, jouer."
Pierre Nineydans "Libération"
Après son bac littéraire, la classe libre du Cours Florent, puis le Conservatoire, qu'il n'a pas le temps de terminer, Pierre Niney intègre la Comédie-Française en octobre 2010. "J'ai vérifié le préfixe du numéro de téléphone sur internet, tellement j'étais sûr que c'était un canular", se souvient-il dans Libération. A seulement 21 ans, il en devient le plus jeune pensionnaire.
Il y apprend la patience et l'humilité. "Soixante-dix fois, j'ai joué Un fil à la patte, avec une seule réplique, et puis deux heures d'attente dans ma loge avant d'aller saluer", retrace-t-il dans Psychologies Magazine. Il se frotte à Phèdre de Racine ou Un chapeau de paille d'Italie d'Eugène Labiche, mais après cinq ans dans "sa maison", le comédien veut voler vers d'autres cieux. "J'avais envie d'ouvrir un nouveau chapitre et je voulais partir avec tous les bons souvenirs que j'en avais, analyse-t-il dans Technikart. J'avais besoin d'une nouvelle énergie dans ma vie."
Il enchaîne les rôles de jeune premier
Le cinéma n'a pas attendu longtemps avant de lui ouvrir ses portes. Il enchaîne d'abord les petits rôles : lycée dans LOL de Lisa Azuelos, apprenti chocolatier dans Les Emotifs anonymes, deux apparitions chez Robert Guédiguian dans L'Armeé du crime et Les Neiges du Kilimandjraro. Puis, un rôle plus conséquent dans la comédie J'aime regarder les filles, de Frédéric Louf. "Parfois, on me dit que ça va vite pour moi, mais, avant d'avoir un rôle principal, j'ai tourné dans douze longs-métrages où je faisais de très courtes apparitions", retrace-t-il dans le magazine Version Femina.
"J'ai eu le temps de comprendre un peu dans quel monde je mettais les pieds avant de vouloir très fort un rôle principal et de l'obtenir. Ça s'est fait jeune, mais ça ne s'est pas fait vite."
Pierre Nineydans "Version Femina"
Avec Comme des frères, d'Hugo Gélin, et 20 Ans d'écart, comédie romantique avec Virginie Efira, le grand public découvre cet acteur au physique de jeune premier. "C'est rare, il représente la beauté, la grâce, le masculin et cela lui échappe !" détaille Muriel Mayette-Holtz, ancienne directrice de la Comédie Française qui l'a recruté, dans Le Figaro. "Il avait tout ce que je recherchais : un physique fin et charmant, un côté juvénile un peu naïf, mais aussi un œil vif et un regard d'une grande maturité", énumère Hugo Gélin dans le même journal.
Il explose dans "Yves Saint Laurent"
Au départ, le sigle YSL n'est qu'une taille de vêtement pour l'acteur, comme il le raconte sur TF1. Il n'a que 21 ans quand le réalisateur Jalil Lespert vient lui proposer le rôle du créateur. L'acteur éprouve "une curiosité pour le personnage et pour son histoire d'amour avec Pierre Bergé", remarque-t-il dans Le Figaro. Pour préparer ce premier grand rôle, il adopte la "méthode bulldozer" : "J'ai décidé de tout lire, de tout voir."
Il accède aux archives de la Fondation Pierre Bergé-Yves Saint Laurent, il s'entretient avec les proches du couturier, sa muse Betty Catroux et Pierre Bergé évidemment. Il prend des cours de dessin, afin de parvenir à retrouver le trait et la façon de tenir le crayon du créateur. "J'ai également eu un coach en stylisme qui m'a appris à toucher les tissus, à faire des drapés..." ajoute-t-il dans Version Femina.
"Ça aurait pu être vertigineux mais, très vite, je me suis réfugié dans le boulot, ma seule philosophie pour ne plus penser à la pression."
Pierre Nineydans "Version Femina"
Ce rôle lui vaut le César du meilleur acteur en 2015. A 25 ans, il devient le plus jeune lauréat de cette catégorie. Un prix totalement inattendu, comme il le confie à Canal+. Il y aura un avant et un après pour lui. "Yves Saint Laurent m'a donné un gros coup de pouce. Je sentais que c'était une étape importante et le César 2015 du meilleur acteur a été évidemment un bonus. Ça m'a mis en confiance pour la suite", avoue-t-il dans Le Télégramme.
La suite justement est construite avec la même implication dans ses rôles, qu'il prépare seul, coupé du monde. Pour Frantz, de François Ozon, il apprend l'allemand et le violon. Pour Sauver ou périr, de Frédéric Tellier, dans lequel il joue un pompier, il prend près d'une dizaine de kilos de muscle. Dans Boîte noire, dans lequel il interprète un jeune acousticien qui enquête sur un crash d'avion, il filme et visionne pendant des heures les vrais techniciens afin d'adapter "leur rythme et la façon dont ils pianotent sur leurs claviers d'ordinateur", détaille-t-il dans Paris Match.
Il s'amuse dans des comédies
S'il a été sacré pour un rôle dramatique, Pierre Niney a toujours cultivé sa veine comique. Fan de Charlie Chaplin, de Jim Carrey ou encore de Louis de Funès, il aime varier les plaisirs. "Au théâtre, j'ai joué des tragédies et des comédies (...) et je n'ai jamais envisagé ce métier sur un registre unique", déclare-t-il dans Le Point. Lorsqu'il a envie de légèreté, après avoir enchaîné Yves Saint Laurent et Un homme idéal de Yann Gozlan, deux rôles exigeants, il tourne par exemple Five avec son compère Igor Gotesman.
Il rencontre alors François Civil avec qui le coup de foudre est "immédiat", assure Pierre Niney dans Le Figaro Madame. Le trio se retrouve dans Fiasco, série qui raconte le tournage d'un film qui vire au cauchemar. "J'ai tendance, en effet, à aller chercher des potes (...) pour faire de la comédie parce que je me sens en famille, dans une culture commune de comédie, on rit des mêmes films depuis toujours", explique l'acteur dans Les Echos.
En témoigne aussi son alchimie avec Jonathan Cohen dans La Flamme puis Le Flambeau sur Canal+ et dans la saison 3 de l'émission "LOL... qui rit sort" sur Amazon Prime. Dans le programme court Casting(s), imaginé sur les bancs du court Florent avec son ami Ali Marhyar et écrit avec Igor Gotesman, il invite d'ailleurs de nombreux complices de rire, comme le rappeur Orelsan ou l'acteur Eric Judor.
Il porte le blockbuster "Le Comte de Monte-Cristo"
Désormais, Pierre Niney est devenu "bankable", des projets se concrétisent sur son nom. Le public le suit dans le thriller Boîte Noire, qui a attiré plus d'un million de spectateurs, dans Le Livre des solutions, de Michel Gondry, une de ses idoles, qui a comptabilisé près de 500 000 entrées, ou encore Goliath, un drame sur le scandale des pesticides, qui a cumulé près de 800 000 entrées. Pierre Niney est suffisamment connu pour que Thomas Pesquet veuille le joindre depuis Houston pour le féliciter pour son rôle dans Boîte noire. Des appels qu'il a soigneusement ignorés de peur d'être victime d'un canular, comme il l'avoue dans Libération et sur son compte X.
"C'est très émouvant pour moi de le voir devenir ce que je pressentais : il est l'un des meilleurs acteurs de sa génération."
Hugo Gélin, réalisateurdans "Le Figaro"
Quelques moi après que son ami François Civil a revêtu le costume de D'Artagnan dans Les Trois Mousquetaires, Pierre Niney se frotte aussi à Alexandre Dumas dans une adaptation du Comte de Monte-Cristo au budget de 43 millions d'euros. Pourquoi lui ? "Dantès, c'est comme Cyrano. (...) Il fallait quelqu'un capable d'être crédible à 20 ans autant qu'à 40 ans. Quelqu'un qui soit une figure à la fois sombre, mélancolique et vengeresse. Pierre était une évidence. (...) C'est la première fois qu'on écrit en pensant à un acteur", ont justifié les réalisateurs Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière dans le magazine Première.
Là encore, l'acteur s'est démené : escrime, équitation, cascades, apnée, cours d'italien et de roumain... Pierre Niney s'est aussi transformé physiquement. "C'est à peu près quatre heures de préparation. (...) C'est un travail de précision, avec des prothèses, du maquillage bien précis, dans un ordre bien précis. C'est vraiment un travail d'artisan et d'artiste total", détaille-t-il sur RTL. L'interprète d'Edmond Dantès a également partagé les images de tournage d'une scène de nage en pleine tempête et révélé le secret des stars hollywoodiennes pour tenir 6 ou 7 minutes sous l'eau. "Ils prennent de l'oxygène pur avant la plongée. En fait, tu doubles ton temps", explique-t-il dans le podcast "Floodcast". Lui a tenu 3 minutes et 40 secondes. Il fallait bien ça pour illustrer son investissement pour "l'un des projets le plus excitant de [sa] vie", comme il l'a annoncé sur son compte X.
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