Festival de Cannes 2024 : Francis Ford Coppola, Demi Moore, George Lucas, Greta Gerwig, les Américains s'annoncent nombreux sur la Croisette
Le cinéma américain n'est jamais absent de la fête du cinéma mondial qu'est le Festival de Cannes. La grève des acteurs historique de 2023 à Hollywood, qui a paralysé les tournages durant de longs mois (118 jours) n'y a (presque) rien changé. Cette année encore, les Américains seront nombreux et créeront l'événement sur la Croisette. "Le cinéma américain a été impacté" par la grève, parce que "certains films n'étaient pas prêts", a reconnu le délégué général du festival Thierry Frémaux, jeudi matin, lors de la présentation de la sélection officielle des films en compétition. Mais "le cinéma américain sera tout à fait présent" à cette 77e édition, a-t-il confirmé dans le même souffle, saluant au passage Columbia Pictures, "qui fête ses 100 ans cette année et les fêtera à Cannes".
"Célébrer les jeunes prodiges ainsi que les légendes vivantes a toujours été l'ADN du festival", a rappelé de son côté la présidente du festival Iris Knobloch. Et en matière de légendes, les Américains seront particulièrement mis à l'honneur du 14 au 25 mai 2024.
Trois monstres sacrés de l'âge d'or de Hollywood
C'est d'abord George Lucas, le père des sagas Star Wars et Indiana Jones, qui se verra décerner une Palme d'or d'honneur lors de la cérémonie de clôture le samedi 25 mai. Le producteur et réalisateur âgé de 79 ans " a fait entrer tant de héros dans la légende cinématographique qu'il est devenu un symbole lui-même", a résumé Iris Knobloch.
Autre monstre du cinéma américain de l'âge d'or de Hollywood, Francis Ford Coppola, le réalisateur du Parrain et d'Apocalypse Now, viendra présenter son dernier film, Megalopolis, le long-métrage le plus attendu de toute la compétition officielle. "Cher au cœur du Festival de Cannes", comme l'a souligné Thierry Frémaux jeudi matin, le réalisateur âgé de 85 ans fait partie "du club assez fermé" des lauréats de deux Palmes d'or (obtenues pour Conversation secrète en 1974 et pour Apocalypse Now en 1979). Projet pharaonique que le cinéaste avait de longue date, Megalopolis est un récit d'anticipation avec Adam Driver et Giancarlo Esposito.
Également attendu sur le tapis rouge, Kevin Costner, 69 ans, qui viendra présenter en avant-première mondiale le premier volet de sa tétralogie Horizon, An American Saga. Costner, qui en plus d'être acteur "est un très grand metteur en scène, est parti dans une longue adaptation de la conquête de l'Amérique", a dévoilé Thierry Frémaux jeudi. "C'est un western, ça dure trois heures, tout y est, les cow-boys, les Indiens, les diligences, les caravanes", a-t-il ajouté, voyant dans ce long-métrage "une belle obstination chez Costner de continuer à visiter l'histoire de son pays."
Parmi les grands studios américains, Warner est "extrêmement fidèle à Cannes", a rappelé Thierry Frémaux jeudi. Pour le réalisateur George Miller, Warner a choisi la Croisette pour présenter en avant-première mondiale Furiosa, le nouveau volet de la franchise Mad Max, un prequel qui compte notamment Anna Taylor-Hoy et Chris Hemsworth au casting.
Jeune garde, Nouvelle Vague et curiosités à surveiller
En ce qui concerne la jeune garde, le festival a fait les choses en grand en confiant les clés du verdict 2024 à la nouvelle enfant chérie de Hollywood : Greta Gerwig, 40 ans, réalisatrice de Barbie, le plus gros carton au box-office l'an passé, sera la présidente du jury. Première cinéaste américaine à endosser ce rôle, celle qui fut longtemps égérie du cinéma indépendant en tant qu'actrice, scénariste et réalisatrice (Frances Ha, Lady Bird, Les Filles du docteur March…) est "une jeune femme libre, pleine d'idées, de vie et de talent", a souligné Iris Knobloch. Si l'on ignore encore les noms des artistes dont elle sera entourée dans ce jury, son esprit ouvert et fantaisiste laisse augurer quelques réjouissantes récompenses hors des clous.
Les Américains ne dominent pas la sélection officielle cette année, mais on remarque cependant une poignée de films alléchants made in USA, au premier rang desquels Oh Canada de Paul Schrader et son casting mirobolant : Richard Gere (le retour), Uma Thurman et Jacob Elordi. Il s'agit d'"une comédie funèbre, mais pas triste sur le vieillissement, d'après un scénario de Russel Banks, son dernier à être tourné, sur le retour sur la jeunesse, sur ce qu'ont été les occurrences et les erreurs d'une vie", a détaillé Thierry Frémaux.
Parmi les curiosités à surveiller, on note Anora de Sean Baker, représentant de "la Nouvelle Vague américaine", dont le film raconte le parcours d'une travailleuse du sexe entre New York et Las Vegas. Et, hors compétition et en séance de minuit, The Surfer du réalisateur australien Lorcan Finnegan, avec l'Américain Nicolas Cage en vedette.
Made in USA, mais venus d'ailleurs
Mais il n'y a pas que des réalisateurs américains à Hollywood. La sélection officielle compte trois cinéastes étrangers, à commencer par le Grec Yórgos Lánthimos, dont le précédent long-métrage Pauvres Créatures a remporté le Lion d'Or à la Mostra de Venise en 2023, et l'Oscar de la meilleure actrice pour Emma Stone. Il est de retour avec Kinds of Kindness, une fable en triptyque intrigante pour laquelle il retrouve son actrice fétiche Emma Stone.
Le réalisateur danois d'origine iranienne Ali Abassi se penche de son côté avec The Apprentice sur les jeunes années de Donald Trump, lorsqu'il était un jeune businessman de l'immobilier dans les années 1970 et 1980. Un sujet on ne peut plus d'actualité, à quelques mois des élections présidentielles américaines qui opposeront très probablement l'ancien président républicain à l'actuel locataire démocrate de la Maison Blanche Joe Biden, le 5 novembre prochain.
Enfin, la Française Coralie Fargeat devrait se faire remarquer avec son second long-métrage, The Substance, un film de genre produit par Universal qui met en vedette Demi Moore, Margaret Qualley et Ray Liotta. Il s'agit d'un "film gore assumé, mettez des protections parce qu'il y a pas mal de sang", a prévenu Thierry Frémaux. En conclusion, le délégué général a souhaité néanmoins un festival "pacifique, pacifié et généreux" où "l'on ne parlera que de cinéma".
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