Festival de Cannes : "Nostalgia", déambulation napolitaine dans les méandres des souvenirs
Présenté en compétition, ce film du réalisateur italien Mario Martone - tourné dans sa ville d'origine - suit le retour au pays d'un homme rangé mais torturé par son passé sulfureux. L'acteur Pierfrancesco Favino y livre une prestation remarquée, grâce à son personnage obnubilé par la mémoire et la rédemption.
Après Mort d’un mathématicien napolitain ou encore Théâtre de guerre, le cinéaste italien Mario Martone continue d'explorer sa ville d'origine dans Nostalgia, présenté en compétition officielle de ce 75e Festival de Cannes. Emmené par l'acteur Pierfrancesco Favino, le film invite son public à se perdre dans les ruelles de Naples mais aussi dans les souvenirs à la fois heureux et douloureux du personnage.
Felice est de retour au pays après 40 ans d'absence et une brillante carrière menée à l'étranger. Il arrive seul en provenance de l'Égypte, où il vit avec sa compagne. À Naples, il retrouve sa mère, avec qui il n'avait plus de contact depuis longtemps. Face à l'état de santé dégradé de cette femme faible et très âgée, il décide de prolonger son séjour pour l'accompagner dans ses derniers jours de vie. Après les obsèques, il se lance à la recherche de celui qui était son meilleur ami jusqu'à ce qu'il quitte l'Italie à 15 ans. Felice découvre alors qu'Oreste Spasiano, que tout Naples surnomme "le Malomo", est devenu le patron de la mafia locale, craint par toute la population.
Allégorie de la nostalgie
Le film de Mario Martone, connu pour son cinéma léché et exigeant, est construit comme une longue déambulation. Sa force réside dans son immersion totale dans l'ambiance de Naples. Sur le plan visuel d'abord, la caméra du réalisateur de 62 ans n'oublie rien des charmes de la vieille ville, de ses trattorias aux orangers en passant par le linge suspendu aux balcons. Mais il retranscrit également au mieux sa face sombre, avec ses ordures qui jonchent le sol, ses habitants sulfureux et le danger qui règne dans les ruelles étroites à la nuit tombée.
Au fur et à mesure que l'on remonte dans les souvenirs du personnage principal, la balade mélancolique laisse place au mystère et à la tension. Le comédien Pierfrancesco Favino joue à merveille cet homme tourmenté par un trop lourd passé et obsédé par son besoin de rédemption. Les retrouvailles attendues entre les deux amis d'enfance permettent de lever le voile sur le drame qui a séparé leurs chemins. Toutefois, il manque dans ce face-à-face - tout comme dans la scène finale trop prévisible - cette pointe d'intensité et de surprise qui aurait permis de marquer les esprits. Et de regarder Naples s'éloigner avec un peu plus de nostalgie.
"Nostalgia", c’était comment❓
— Anthony Jammot (@AnthonyJammot) May 25, 2022
✍️ Le cinéma léché et exigeant de Mario Martone nous transporte à Naples tant par sa beauté photographique que par sa mafia sulfureuse. Tout comme la nostalgie, on rêve de la retrouver tout en étant soulagé de s’en être éloigné. #Cannes2022 ✨ pic.twitter.com/aEXxC2fMYJ
La fiche
Genre : drame
Réalisateur : Mario Martone
Acteurs : Pierfrancesco Favino, Tommaso Ragno, Francesco Di Leva, Sofia Essaïdi
Pays : Italie, France
Durée : 1h57
Sortie : 19 octobre 2022
Distributeur : ARP Sélection
Le film est présenté en compétition au Festival de Cannes 2022
Synopsis : après 40 ans d'absence, Felice retourne dans sa ville natale : Naples. Il redécouvre les lieux, les codes de la ville et un passé qui le ronge.
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