Judith Godrèche, fer de lance du mouvement Me Too dans le cinéma français, déplore le "silence" des "personnes de pouvoir" dans ce milieu

La comédienne a témoigné devant une commission de députés enquêtant sur les violences sexuelles dans le cinéma.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
Judith Godrèche sur les marches du Palais des festivals à Cannes, le 16 mai 2024 entourée de femmes venues la soutenir. (VALERY HACHE / AFP)

La comédienne Judith Godrèche a déploré mercredi 18 décembre, n'avoir jamais été contactée par "les personnes de pouvoir" dans le cinéma depuis qu'elle a accusé de viols les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon.

"Il n'y a pas une personne de mon passé, qui ait une place établie dans la société du cinéma - donc, entre guillemets, du pouvoir -, il n'y a pas une personne de pouvoir qui m'a écrit depuis que j'ai parlé", a regretté l'actrice de 52 ans devant la commission d'enquête des députés français sur les violences sexuelles dans le cinéma.

Un silence qui "dit beaucoup"

Selon l'actrice, "ce silence-là dit beaucoup". "Il dit aussi peut-être : j'ai peur. Il dit : je n'ai pas envie de perdre ma place. Il dit : moi aussi, je dois slalomer (...) pour ne pas me prendre un poteau et être moi aussi recalé à l'arrière du cortège."

Au début de l'année 2024, Judith Godrèche avait déclenché une déflagration en accusant de viols le réalisateur Benoît Jacquot, de 25 ans son aîné, avec qui elle avait entretenu une relation quand elle avait 14 ans. Elle a porté des accusations similaires à l'encontre de Jacques Doillon. Des enquêtes sont en cours et les deux cinéastes contestent ces allégations.

"Ce système écrase les résistantes"

Depuis ces prises de position, "les seules personnes de ce passé qui m'ont tendu la main sont des personnes qui (...) sont, comme on dit, anonymes, en tout cas qui n'ont pas le pouvoir ou qui n'ont rien à perdre (...), qui ne sont plus dans ce milieu", a aussi déclaré Judith Godrèche. La comédienne, dont le court-métrage Moi aussi avait été projeté au dernier Festival de Cannes, a également dit qu'elle espérait "pouvoir continuer de vivre" dans le milieu du cinéma mais a fait part de sa résignation. "Ce système écrase les résistantes", a-t-elle affirmé.

Judith Godrèche a témoigné, mercredi 18 décembre, en réaction aux déclarations la veille de Serge Toubiana, personnalité influente du cinéma français, affirmant devant cette même commission qu'il ignorait sa relation avec Benoît Jacquot. Ancien patron de la Cinémathèque et ex-rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, Serge Toubiana avait dit ne pas être au courant de cette relation "intime", avant d'admettre qu'il en était "bien sûr" informé, ayant reçu à l'époque le "couple" à dîner.

Face aux députés, Judith Godrèche a accusé Serge Toubiana, qui était proche du réalisateur Benoît Jacquot, d'"avoir menti sous serment". "Il savait, tout le monde savait, lui mieux que quiconque", a déclaré l'actrice.

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