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"Little Joe" : une parabole de science-fiction sur les manipulations génétiques, en compétition

Remarquée à Cannes dans la section Un certain regard en 2014 avec "Amour fou", la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner accède à la compétition avec "Little Joe" projeté samedi 18 avril.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
L'actrice britannique Emily Beecham dans Little Joe de la réalistrice autrichienne Jessica Hausner. (Copyright The Coproduction Office)

Après "Amour fou", librement adapté de la vie suicidaire du poète romantique Heinrich von Kleist, la cinéaste autrichienne Jessica Hausner passe à un registre totalement différent, avec un film de science-fiction sur les manipulations génétiques. Elle accède à la compétition après avoir été révélée dans la section Un certain regard, confirmant ses partis pris de mises en scène radicales.

Une esthétique innovante

Mère célibataire vivant avec son fils adolescent, Alice (Emily Beeccham) est une brillante phyto-généticienne travaillant dans un laboratoire qui œuvre à la création de nouvelles plantes. Elle met au point une fleur dont le parfum est censé rendre les gens heureux. Baptisée Little Joe en pensant à son fils, les pouvoirs de cette plante nouvelle pourraient ne pas être aussi innocents qu’ils y paraissent.

Dès le premier magnifique plan sur la culture en batterie de cette plante florale rouge très graphique, Jessica Hausner instaure un code pictural qui ne quittera plus le film. Fondée sur des cadrages millimétrés, des travellings fluides et des couleurs pastel très ajustées, l’image n’est pas esthétisante. Elle s’avère un vrai choix de mise en scène, dont la froideur volontaire est cohérente avec le sujet scientifique qui le sous-tend.

Science-fiction paranoïaque

Situé majoritairement dans un laboratoire, le film explore les conséquences expérimentales sur des sujets qui ont testé les effets de Little Joe sur leur comportement. S’ils se révèlent effectivement apaisés, sinon heureux après avoir été mis à son contact, ils semblent perdre leur personnalité et toute l’aspérité qui faisait leur identité. En cela le film Little Joe rappelle L’Invasion des profanateurs de sépultures, classique de la science-fiction signé Don Siegel de 1956, où des plantes extraterrestres deviennent les exacts avatars de personnes qu’elles ont préalablement dévitalisées.

L'acteur britannique Ben Whishaw dans Little Joe de la réalisatrice autrichienne Jessica Hausner (Copyright The Coproduction Office)

Sans jamais vraiment se prendre au sérieux, faisant preuve d’une belle invention visuelle, et habité d’une musique expérimentale tout en référence au Kabuki japonais, Little Joe dégage pourtant une certaine angoisse, en accord avec la veine d’une science-fiction paranoïaque, coutumière du genre.

L'affiche préparatoire de Little Joe de Jessica Hausner (Bac Films)

La fiche

Genre : Science-fiction
Réalisateur : Jessica Hausner
Acteurs : Emily Beecham, Ben Whishaw, Kerry Fox

Pays : Autriche / Allemagne / Grande-Bretagne
Durée : 1h45
Sortie : Prochainement
Distributeur : Bac Films

Synopsis
 : Alice, mère célibataire, est une phytogénéticienne chevronnée qui travaille pour une société spécialisée dans le développement de nouvelles espèces de plantes. Elle a conçu une fleur très particulière, rouge vermillon, remarquable tant pour sa beauté que pour son intérêt thérapeutique. En effet, si on la conserve à la bonne température, si on la nourrit correctement et si on lui parle régulièrement, la plante rend son propriétaire heureux. Alice va enfreindre le règlement intérieur de sa société en offrant une de ces fleurs à son fils adolescent, Joe. Ensemble, ils vont la baptiser "Little Joe ". Mais, à mesure que la plante grandit, Alice est saisie de doutes quant à sa création: peut-être que cette plante n’est finalement pas aussi inoffensive que ne le suggère son petit nom.

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