: Reportage Festival de Cannes 2024. "On a l’impression de vivre un véritable rêve" : rendez-vous avec la jeune équipe du film japonais "My Sunshine" deux heures avant le tapis rouge
C’est sans doute l’équipe la plus jeune du festival, et aussi celle qui a parcouru le plus grand nombre de kilomètres pour venir fouler les marches du mythique tapis rouge lors de cette 77e édition du plus prestigieux des rendez-vous cinématographiques du monde. Le jeune réalisateur japonais Hiroshi Okuyama, 28 ans, est entouré par ses trois comédiens, Sosuke Ikematsu, Keitatsu Koshiyama, et Kiara Nakanishi.
Déjà prêts, smokings impeccables pour les garçons, très jolie robe, comme un dahlia noir pour la jeune fille, ils enchaînent sur la terrasse du sixième étage du Palais des Festivals les interviews. Autour d’eux on scrute la montre, on s’agite, le timing est serré. Dans deux heures, ils sont attendus pour la présentation officielle de leur film My Sunshine, présenté dans la sélection Un certain regard.
“Je suis vraiment contente”, confie la jeune Kiara Nakanishi (en français s’il vous plaît). Elle poursuit timidement : “C’est ma première fois dans un film, et la première fois à Cannes bien sûr. Je suis vraiment contente, et en même temps nerveuse, le tapis rouge, tout ça... Je n’ai pas les mots pour décrire ce que je ressens”. “Je crois que je ne réalise pas encore vraiment”, ajoute Keitatsu Koshiyama, son excellent partenaire qui incarne le personnage de Takuya dans le film.
My Sunshine est l’histoire d’une métamorphose qui s’accomplit le temps d’un hiver pour ce jeune garçon timide, qui s’ouvre et s’épanouit en s’initiant au patinage artistique avec Arakawa, le coach de Sakura, incarné par Sosuke Ikematsu, qui partage la joie de ses deux jeunes partenaires.
“C'est la première fois que je viens à Cannes. Je suis évidemment très heureux d'une part de pouvoir venir, mais aussi que le film soit sélectionné ici. Parce qu'on est vraiment, je pense, dans le meilleur endroit possible au monde pour montrer un film”, se réjouit l’acteur. “Il y a une vraie effervescence ici, je ne m'y attendais pas. Je suis à Cannes depuis deux jours et je commence seulement à m’y habituer” confie l'acteur.
"Une autre échelle"
Depuis qu’ils sont arrivés, ils en ont profité pour découvrir la gastronomie française. “J’ai appris à décortiquer les crevettes”, s’amuse Kiara Nakanishi. “Et moi j’ai goûté pour la première fois des huîtres crues”, ajoute Keitatsu Koshiyama.
De son côté, le réalisateur confie avoir l’impression depuis son arrivée à Cannes de “vivre un véritable rêve”. “J'avais déjà été sélectionné pour mon premier film au festival de Saint-Sébastien, mais ici à Cannes, je sens que c'est vraiment une autre échelle. Être ici au côté des plus grands cinéastes du monde, c’est vraiment une excellente manière de démarrer la carrière de ce film”, ajoute-t-il, espérant que sa présence à Cannes va ouvrir à son film une carrière internationale.
“Il y a eu une projection au marché du film et j'ai eu l'occasion de rencontrer à la fois des vendeurs, des distributeurs qui étaient là. Et on reçoit vraiment des réactions très directes tout de suite”, explique Hiroshi Okuyama.
“Je suis très impatient de voir les réactions du public cet après-midi”, confie le réalisateur, qui explique quand on lui demande comment il a travaillé sur la mise en scène de son film que cette notion de mise en scène n’a pas d’équivalent en japonais.
“Le mot japonais ne contient peut-être pas aussi largement tout ce que la mise en scène peut signifier. Les comédiens, la direction d'acteurs, mais aussi les costumes, les décors, chaque accessoire qu'on va choisir, etc. Je crois que la mise en scène, ça inclut tout ça en français”, avance-t-il. “Et donc moi j'ai essayé d'apporter du soin, vraiment de réfléchir précisément chacun de ces éléments. Après ce que le public en reçoit, cela le regarde !”
"Je vais essayer de profiter du moment”
“Avec ce film, Je crois que j'avais envie de raconter le passage à l’âge adulte d'un jeune homme. Quand j'ai écrit les premiers mots du premier synopsis, sur la première page du projet, j'avais cette idée de ce temps qui se déroule entre le moment où la neige commence à tomber et celui où la neige fond. Et je voulais faire la chronique de la vie de ce jeune garçon dans ce laps de temps, pendant lequel il va faire des rencontres, et aussi des séparations, qui vont le faire mûrir. Et c’est ce temps-là que je voulais filmer”, explique le réalisateur.
L’heure de la montée des marches approche. Une des membres du staff japonais s’approche “il faut que l’on y aille”, souffle-t-elle, un brin stressée. “Je vais essayer de profiter du moment”, lâche Kiara Nakanishi avant d'être embarquée. “La projection officielle a lieu devant un parterre de 1200 spectateurs”, déclare Keitatsu Koshiyama, qui s’est manifestement documenté sur ce moment unique qui l’attend. "J'avoue que je me demande ce que les spectateurs vont ressentir en voyant le film", ajoute-t-il. “J'imagine que chacun aura un ressenti différent, mais ce que j'espère, c'est que ce que le réalisateur a voulu dire, a voulu montrer à travers son film, parviendra à chacun des spectateurs de la salle” espère le garçon.
“Vous évoquiez tout à l'heure le fait qu'on était une équipe très jeune”, ajoute Sosuke Ikematsu, “Le cinéma existe depuis 100 ans. Le Festival de Cannes fête sa 77e édition. Le poster de l'affiche de cette année, en fait, c'est une image de Rhapsodie en août, d'Akkira Kurozawa. Et il se trouve que le grand-père d'Hiroshi était le producteur de ce film. Je suis vraiment très heureux d’être ici pour représenter le cinéma japonais et j’ai hâte de voir ce que nous nous allons vivre cet après-midi”, se réjouit le comédien.
Cette fois le staff interrompt carrément la conversation. Toute l’équipe est sommée de partir se préparer. Il n’est pas question d’arriver en retard sur le tapis rouge. Avant de partir, le réalisateur tient pourtant à ajouter un petit mot sur une coïncidence qu’il interprète comme un heureux présage : “Dans mon film, à plusieurs reprises, on entend le Clair de lune de Claude Debussy. Il se trouve que le film va être projeté ici en première mondiale au Palais des Festival de Cannes, dans la salle Debussy!”, conclut-il, grand sourire.
Merci à Léa Le Dimna pour la traduction du japonais vers le français.
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