Virginie Efira en mère courage, puissante et émouvante dans "Rien à perdre" réalisé par Delphine Deloget

"Tout allait bien et bam ! Une friteuse !". Cette réplique que lance avec exaspération Sylvie (Virginie Efira) au milieu du film, Rien à perdre, résume en quelques mots la soudaine dégringolade d'une famille. Maman solo, Sylvie trime dur pour assurer à ses deux fils un minimum de confort. Mais un soir, alors qu'elle travaille dans une boîte de nuit, le petit dernier se brûle avec de l'huile bouillante. Et tout bascule. Les services sociaux s'emparent du dossier et décident de lui retirer la garde de Sofiane. Mais Sylvie ne va pas se laisser faire. Présenté dans une section parallèle lors du dernier Festival de Cannes, Rien à perdre de Delphine Deloget sort mercredi 22 novembre dans les salles.

Pour son premier long de fiction, la documentariste Delphine Deloget a choisi de tout centrer sur les personnages. "J’aimerais bien qu’on se souvienne d’eux comme ayant existé un jour. En documentaire, les gens que l’on filme existent avant et après nous. En fiction, avant nous et après nous, il y a du vide, du rien. Et forcément, j’aimerais qu’il reste une trace d’eux quelque part", confie la réalisatrice.

Descente aux enfers

Filmés en gros plan sans pathos, tous imprègnent l'image avec force et conviction. Il y a Sylvie bien sûr, magnifiquement incarnée par Virginie Efira, que la caméra suit pas à pas, offrant un rythme effréné à son combat. Avec ses deux fils aux drôles de prénoms (ce sont eux qui le disent), Jean-Jacques pour l'aîné (le très convaincant Félix Lefebvre) et Sofiane pour le petit (première apparition d'Alexis Tonnetti), elle forme un joli trio plein d'amour. Car, c'est un fait, Sylvie aime ses deux garçons comme une louve. Elle dépose le petit à l'école, encourage son aîné pour son audition de trompette. Mais Sylvie n'est pas invincible et lorsque l'accident survient, tout ce qu'elle a construit depuis des années s'écroule comme un château de cartes.

Film social

Loin des discours manichéens afin de savoir qui est le bon ou qui est le mauvais, Delphine Deloget livre ici un film social dans la spirale des services sociaux. La comédienne Virginie Efira confiait récemment avoir beaucoup apprécié "la qualité de regard et l'énergie de la réalisatrice". Son personnage chute puis se relève. Une chanson, un câlin, un coup de main, la réalisatrice parvient à dissiper la lumière grise grâce à des séquences merveilleuses de simplicité. Ancrée et terrienne, explosive et solaire, Sylvie va s'accrocher, chercher un nouveau travail, combattre la machine judiciaire, montrer bonne figure et surtout rester "calme" comme lui conseille tout le monde. Mais les interrogatoires successifs et la peur de perdre définitivement son enfant vont progressivement la faire dévisser.

Autour de Sylvie, Sofiane et Jean-Jacques, fourmillent une ribambelle d'amis, des voisins compréhensifs. Des personnages secondaires qui prennent une place centrale dans l'histoire. Tous vont tenter de l'aider, y compris ses deux frères. Hervé, le gars un peu marginal, mais très tendre, campé par Arieh Worthalter et Alain, ancien joueur de casino repenti, incarné par Mathieu Demy. Et puis bien sûr, de l'autre côté, il y a l'assistante sociale. Inflexible et froide, Madame Henry (excellente India Hair) veut, elle aussi, le bien de l'enfant.

La fiche

Genre : Drame
Réalisatrice : Delphine Delonget
Acteurs : Virginie Efira, Félix Lefebvre, Alexis Tonnetti, India Hair, Mathieu Demy, Arieh Worthalter
Pays : France
Distributeur : AD VITAM
Durée : 1h52
Sortie : 22 novembre 2023

Synopsis : Sylvie vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques. Ensemble, ils forment une famille soudée. Une nuit, Sofiane se blesse alors qu’il est seul dans l’appartement et sa mère au travail. Un signalement est fait et Sofiane est placé en foyer. Armée d’une avocate, de ses frères et de l’amour de ses enfants, Sylvie est confiante, persuadée d’être plus forte que la machine administrative et judiciaire…