Festival de Gérardmer : avec les films d'horreur "Ego" et "La Abuela", un palmarès hanté par les histoires de famille
Des enfants aux pouvoirs surnaturels, une grand-mère qui hante sa petite-fille, une mère possédée : avec "Ego" réalisé par Hanna Bergholm, "The Innocents" tourné par Eskil Vogt ou encore "La Abuela" de Paco Plaza, de terribles histoires d'enfance et de famille ont été couronnées au Festival de Gérardmer en France.
Ego, premier long-métrage de la réalisatrice finlandaise Hanna Bergholm, a remporté dimanche 30 janvier le Grand Prix du festival international du film fantastique de Gérardmer. Ce film d'horreur raconte l'histoire d'une gymnaste de 12 ans, Tinja (Siiri Solalinna), confrontée au perfectionnisme de sa mère, qui met en scène leur vie quotidienne sur un blog très suivi.
Sa vie bascule après la découverte d'un oeuf étrange dans la forêt, qu'elle rapporte et fait éclore sous son oreiller. La créature qui en sortira deviendra à la fois son meilleur ami et un cauchemar éveillé. Le film se veut une réflexion sur l'instinct maternel. Ego "est une histoire sur l'absence d'amour qui crée des monstres", a expliqué Hanna Bergholm dans les notes d'intention de son long-métrage, également présenté au festival américain de Sundance.
Pas moins inquiétants, les enfants de The Innocents (prix du public et du jury de la presse) ont offert une plongée angoissante dans le monde magique, mais cruel, de l'enfance. "Je voulais entrer dans ce monde fermé de l'enfance pour vraiment essayer de voir le monde comme les enfants, et que les spectateurs retrouvent leurs propres souvenirs", explique à l'AFP le réalisateur norvégien Eskil Vogt, l'une des étoiles montantes du cinéma d'auteur nordique. Il est aussi le compatriote et scénariste de Joachim Trier.
"Le démon serait la vieillesse"
A l'autre extrémité de la pyramide des âges, c'est avec une grand-mère que le roi espagnol de l'horreur Paco Plaza, auteur des films à succès (Rec), fait frémir dans La Abuela (prix du jury) : une histoire presque intimiste, celle d'une dame âgée et grabataire (l'ancien mannequin brésilien Vera Valdz) et de sa petite-fille (Almudena Amor), hantée par la peur de vieillir.
Cette jeune mannequin doit quitter en catastrophe les défilés de mode parisiens où elle commençait à percer pour se rendre au chevet de sa grand-mère, dans un sombre appartement madrilène au parquet qui grince et aux portes qui claquent. Face à cette aïeule rendue mutique par la maladie, et aux événements surnaturels qui semblent l'entourer, la jeune femme va rapidement perdre pied, dans une atmosphère en partie inspirée par le Rosemary's Baby de Roman Polanski.
"Je voulais exprimer cette peur de ne pas reconnaître un membre de sa famille qui vieillit", dit à l'AFP Paco Plaza. Une angoisse née après avoir vu sa propre tante frappée par la maladie d'Alzheimer : "On voit la personne, mais dans ses yeux on voit qu'elle n'est plus là. C'est comme une possession, dont le démon serait la vieillesse", poursuit-il.
Se confronter à la maladie mentale
Des questions d'héritage dont se nourrit également Samhain (prix du jury ex aequo), qui met en scène une jeune Irlandaise, Char, harcelée au lycée, vivant en compagnie de sa mère Angela, rongée par la dépression. Dans une banlieue de Dublin en plein préparatifs d'Halloween (Samhain en est le nom celte), le comportement d'Angela devient de plus en plus mystérieux et violent...
Pouvoirs maléfiques empruntés au folklore celtique, dans lequel la réalisatrice Kate Dolan a grandi, ou fruit de l'imagination torturée d'une adolescente confrontée à la dépression de sa mère ? Le film ne tranche pas. "Dans ma famille, il y a des histoires de maladie mentale. Et ça reste pour toujours une partie de soi, même quand on veut s'en échapper", confie la réalisatrice, dont c'est le premier long-métrage, à l'AFP. "Le film essaye de dire aussi qu'il faut l'accepter, s'y confronter et qu'alors on peut survivre".
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