Festival du film policier de Reims : Wei Shujun livre un thriller ténébreux et onirique avec "Only the river flows"

Le réalisateur chinois signe un film à tiroirs et une satire philosophique qui explore la porosité entre le réel et le rêve. "Only the river flow" remporte le Prix du jury. Poétique.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
L'acteur Zhu Yilong dans une scène du film "Only the River Flows". (KXKH Films)

Dès le début du film Only the river flows, Prix du jury au 4e Festival du film policier de Reims, Wei Shujun pose un regard critique sur la relation entre le cinéma et le réel. Au Sud de la Chine, dans ce qui n’est pas tout à fait une ville mais plus un village, le commissaire de police informe Ma Zhe, son enquêteur principal, qu’il a une bonne nouvelle pour lui : le responsable du cinéma local ferme la salle à cause de la baisse drastique de la fréquentation. "Plus personne ne va au cinéma, on va le transformer en couverture pour les investigations". Le chef de la police criminelle s’installe donc dans la salle de projection et son équipe sur la scène.

Les lieux sont poussiéreux, abandonnés. Le pays ne connaît pas encore l’essor actuel. Les immeubles sont détruits mais les nouvelles constructions tardent. C’est dans cette transition floue que Wei Shujun installe son histoire qui finira par impacter tous les personnages.

Rêve et réalité 

Nous sommes en 1995, il pleut continuellement à Banpo. Le meurtre sordide d’une vieille dame réveille les blessures invisibles des habitants. Sur place, les policiers trouvent un sac à main. Qui est donc la dame aux cheveux longs aperçue par des témoins ? Les spéculations mettent les nerfs à vif. Après Ripples of Life en 2021, le jeune réalisateur chinois, qui a tourné les scènes selon leur ordre chronologique et en 16 mm, s’est lancé dans un thriller ténébreux à tiroirs multiples.

Only the river flows, adaptation d’une nouvelle de Yu Hua, offre plusieurs niveaux de lecture et traite diverses thématiques. Le chouchou de Cannes, la quasi-totalité de ses courts et longs-métrages a été sélectionné sur La Croisette, aborde des sujets sensibles : l’altérité, la tolérance, l’aliénation, la pression de la hiérarchie…

L’une des originalités du film, au-delà de l’esthétisme et de l’intrigue, est sa double narration. On suit les avancées de l’enquête mais aussi la vie familiale de l’inspecteur Ma Zhe. Les deux volets, sans être intimement liés, interagissent comme par effet de miroir. Avec pour corollaire une perte de repères pour Ma Zhe, mais aussi pour le public. Les frontières entre le réel et le rêve deviennent poreuses.

Est-ce une métaphore entre le cinéma et la réalité ? Porté par la star chinoise Zhu Yilong, le personnage principal sombre dans une forme d’irréalité au fur et à mesure que les meurtres s’accumulent et que sa vie personnelle déraille. Only the river flows se défait du code du polar pour explorer d’autres voies. Avec bonheur.

Fiche

Titre : Only the river flows, d’après une nouvelle de Yu Hua

Langues : chinois sous-titré en français

Réalisation : Wei Shujun

Distribution : Yilong Zhu, Zeng Meihuizi, Tianlai Hou

Durée : 1h42

Genre : thriller, policier

Sortie en salle : 5 juin

Synopsis : En Chine, dans les années 1990, trois meurtres sont commis dans la petite ville de Banpo. Ma Zhe, le chef de la police criminelle, est chargé d'élucider l'affaire. Un sac à main abandonné au bord de la rivière et des témoignages de passants désignent plusieurs suspects. Alors que l’affaire piétine, l’inspecteur Ma est confronté à la noirceur de l’âme humaine et s'enfonce dans le doute...

 

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