Film, livre et exposition : actualité chargée pour le réalisateur Pedro Almodóvar
Alors qu'il vient de publier un recueil de récits chez Flammarion, et est à l'honneur d'une exposition à Madrid, Pedro Almodóva présente ce lundi 2 septembre son dernier film à la Mostra de Venise, où il est en compétition. Le réalisateur espagnol âgé de 74 ans est l'auteur d'une trentaine de longs-métrages, de Attache moi à Femmes au bord de la crise de nerfs, et a obtenu deux Oscars (Tout sur ma mère, Oscar du meilleur film étranger en 1999 et Parle avec elle, Oscar du meilleur scénario original en 2003).
Il recevra le 26 septembre le prix d'honneur Donostia lors de la prochaine édition du festival du film de Saint-Sébastien, qui se tiendra du 20 au 28 septembre. "En plus de son talent artistique et de son style visuel reconnaissable - sa personnalité transpire depuis la direction artistique jusqu'à la bande originale -, le cinéma de Pedro Almodóvar se détache par son écriture des personnages féminins, la direction des acteurs, l'audace dans l'approche des thèmes comme l'univers LGTBIQ+", affirment dans un communiqué les organisateurs de ce festival, dont ce sera cette année la 72e édition.
Revue de détails de cette rentrée où il est beaucoup question de cette icône du cinéma espagnol.
"The Room Next Door", son premier long-métrage en anglais
Après un court et un moyen-métrage dans la langue de Shakespeare, dont le western queer Strange Way of Life avec Ethan Hawkes et Pedro Pascal sorti en 2023, Pedro Almodóvar sort son premier long-métrage en anglais. Baptisé The Room Next Door (en français La chambre d'à côté), le film est en compétition à la Mostra de Venise en ce début septembre. Il s'agit d'une méditation sur la mort et l'amitié, avec Tilda Swinton et Julianne Moore, inspirée d'un roman de l'écrivaine américaine Sigrid Nunez, Quel est donc ton tourment ?
Dans ce film situé sur la côte Est des Etats-Unis, dans l'Etat de New York, Tilda Swinton incarne une correspondante de guerre atteinte d'un cancer en phase terminale, tandis que Juliane Moore interprète une amie romancière à succès qui accepte de l'accompagner dans ses derniers instants.
L'acteur John Turturro complète le trio du film, qui réaffirme chez Almodóvar un cinéma de plus en plus mélancolique analysant la peur de la mort ou du déclin physique. "Le film aborde la cruauté sans limites des guerres et met en lumière les approches singulières des deux écrivaines pour dépeindre la réalité", précise un communiqué. La date de sortie du film sur les écrans français n'est pas encore connue.
"Le dernier rêve", son autobiographie morcelée
Dans ce recueil de douze textes présenté comme une "autobiographie morcelée, incomplète et quelque peu cryptique", Pedro Almodóvar associe récits de fiction et d'autofiction, réflexions et souvenirs écrits entre la fin des années 60 et 2023. Publié le 28 août 2024 aux éditions Flammarion, ce livre est un mélange de fables et de confessions intimes dans lesquelles on décèle des correspondances avec plusieurs de ses films.
Le récit le plus poignant est celui qui donne son nom à l'ouvrage. Ce "dernier rêve" est celui que lui confie, ainsi qu'à son frère, la mère du cinéaste, quelques heures avant de mourir en septembre 1999. "Tout ce qu’elle a dit lors de cette dernière visite, à partir du moment où elle nous a demandé s’il y avait de l’orage, est resté gravé dans ma mémoire", écrit-il.
Non dénué d'humour, par exemple dans Trop de changements de genre, lorsqu'un acteur, pensant bien faire, passe la nuit au chevet du réalisateur hospitalisé... mais l'empêche de dormir par ses ronflements, ce recueil éclaire sur le cinéaste espagnol connu pour sa fantaisie, en montrant aussi sa facette plus saturnienne. "Au XXIe siècle, je suis quelqu'un de plus sombre, plus austère et plus mélancolique, avec moins de certitudes, plus d'insécurité et de peurs : c'est là que je trouve mon inspiration", confie-t-il.
"Madrid, chica Almodóvar", son exposition de photos dans la capitale espagnole
Cinéaste des femmes, Pedro Almodóvar a la réputation d'être fidèle à une poignée d'actrices incarnant ses héroïnes, mais sa muse d'hier et de demain, c'est Madrid. Jusqu'au 20 octobre, la ville rend hommage à cette relation amoureuse avec l'exposition Madrid, chica Almodóvar. A travers 200 photos issues des 23 films ou d'archives personnelles du réalisateur originaire de Castille-la-Manche (centre de l'Espagne), on découvre sa relation avec sa ville fétiche.
"L'histoire de Pedro Almodóvar et de Madrid est une histoire d'amour réciproque. Pedro Almodóvar est Pedro Almodóvar grâce à Madrid, ils sont indissociables", explique à l'AFP le commissaire de l'exposition, Pedro Sánchez. La capitale espagnole apparaît dans tous ses films. "C'est elle, la vraie chica Almodóvar (la fille Almodóvar), beaucoup plus que Penelope Cruz, Carmen Maura ou Marisa Pérez", poursuit-il.
On peut notamment découvrir à l'exposition une carte de Madrid reproduisant les 272 localisations décomptées dans ses films, mais aussi les lieux obsédant l'artiste : taxis, quincailleries, cimetières ou pharmacies qui constellent son œuvre. Les artifices auxquels il a eu recours pour embellir Madrid, et en faire une capitale idyllique inondée de couleurs dans ses films, ne sont pas oubliés.
Madrid, chica Almodóvar, jusqu'au 20 octobre au centre Conde Duque de Madrid, du mardi au samedi, entrée libre (voir créneaux horaires sur le site).
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