Avec "Summer Ghost", le réalisateur Loundraw veut apporter sa patte dans l'animation japonaise
Le film d'animation "Summer Ghost", qui met en scène trois adolescents sur un tarmac d'aéroport, sera visible au festival du film d'animation d'Annecy, du 13 au 18 juin 2022. L'occasion de découvrir le travail du dessinateur Loundraw, qui signe son premier film.
"Vous croyez qu'il existe le fantôme d'été ?" La question semble naïve, mais elle sert de trame au très poétique film d'animation japonaise Summer Ghost. Ce court-métrage de 40 minutes, sorti en avant-première au Grand Rex de Paris mercredi 18 mai, sera présenté au festival du film d'animation d'Annecy (13-18 juin 2022).
C'est le dessinateur japonais Loundraw qui signe ce film d'animation. Longtemps illustrateur en studio ou pour des marques, il signe là sa première œuvre personnelle. Dans Summer Ghost, il raconte l'histoire de trois adolescents qui se retrouvent pendant l'été sur la piste d'un aéroport désert. Ils allument des pétards pour attirer un fantôme attiré par la lumière rouge qui s'en dégage.
Il s'attaque au tabou du suicide
Les teintes roses et pâles du film retranscrivent bien la chaleur estivale de l'été japonais qui ralentit les mouvements et ramollit l'esprit. Summer Ghost est une réussite sur le plan artistique, mais la narration souffre de quelques longueurs - alors qu'il s'agit justement d'un court-métrage. Loundraw, avec qui nous avons discuté en visio avant la première de son film en Europe, explique d'ailleurs qu'il a choisi de se limiter à ce format par peur de ne pas savoir comment tenir le spectateur en haleine pendant plus d'une heure et demie pour sa première en tant que réalisateur. "Au début, j'ai pensé à un long-métrage, mais comme je n'ai aucune expérience on s'est dit qu'on allait faire court. Sur un long-métrage, j'aurais pu mettre plus d'explications pour que l'histoire soit crédible. Là, on a pu se concentrer sur l'émotion des personnages", confie Loundraw.
Dans Summer Ghost, il s'attaque au tabou du suicide, très fort au Japon, et plus généralement à la grande question de la mort dans nos sociétés contemporaines. "J'ai essayé de me rappeler de mes dessins de la période où j'étais illustrateur. On me passait beaucoup de commandes. Je me suis rappelé de mon dessin 'Summer Ghost' avec des adolescents qui discutent à propos de la mort. La mort est notre destination à tous et si on le sait, le chemin de la vie est plus simple".
Ne pas copier les maîtres japonais
Le choix du décor - une longue piste d'aéroport cernée par des herbes folles - est une réussite. Les scènes de discussions des adolescents à la lueur de pétards incandescents dans la nuit tombante sont la moelle du film. "Dans la première version du film, on était sur un terrain vague. Mais finalement, j'ai eu l'idée d'un fantôme qui peut voler. C'est comme ça que j'ai eu l'idée de l'aéroport'".
Loundraw veut tracer sa propre voie dans une animation japonaise déjà très riche de maîtres du genre. Un défi. "J'essaye de ne pas être trop influencé ou inspiré par l'animation japonaise. Ils sont tellement nombreux les films d'animation au Japon. J'ai plutôt envie d'appartenir à une nouvelle génération".
Summer Ghost n'est pas encore programmé en salles ou sur une plateforme de vidéo à la demande. C'est pour cette raison que Loundraw était très curieux de la réaction du public avant les projections au Grand Rex et à Annecy. "Cela va être très instructif d'observer la réaction de ce public qui a une culture complètement différente de la mienne".
Avant même la diffusion de son film, le réalisateur japonais se projette déjà sur un long-métrage. "J'ai commencé à l'écrire, mais mon voyage en Europe est très riche et je pense que je vais prendre du recul pour avoir de l'inspiration".
Summer Ghost sera présenté au festival du film d'animation d'Annecy, qui se tient du 13 au 18 juin 2022.
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