"Sauvages" de Claude Barras, ou le cri du cœur d'un peuple autochtone contre la déforestation à Bornéo
Réalisateur du bouleversant Ma vie de courgette (2016), plébiscité en salles – plus d'un million d'entrées – et par la critique, Claude Barras revient huit ans plus tard avec une fable écologique et poétique sur le combat d'un peuple autochtone contre la déforestation. Film d'animation somptueux, pensé comme une invitation à agir, Sauvages sort en salles mercredi 16 octobre.
Le film nous plonge sur l'île de Bornéo, auprès du peuple Penan. À la lisière de l'immense forêt tropicale où elle vit, Kéria, 11 ans, découvre un jour un bébé orang-outan abandonné dans l'exploitation de palmiers où travaille son père. Alors qu'elle prend soin du petit singe, son jeune cousin Selaï vient trouver refuge chez eux pour échapper au conflit qui oppose sa famille à des compagnies forestières. Ces deux rencontres vont mener Kéria au cœur de la forêt où vivent ses ancêtres, un territoire menacé de destruction.
Les marionnettes aux grands yeux écarquillés
Le nouveau long-métrage de Claude Barras renoue avec les petites marionnettes aux grands yeux écarquillés qui ont fait le succès de Ma vie de courgette. Signature du réalisateur suisse, ces personnages singuliers ainsi que les décors ont demandé pour leur fabrication une année entière de travail. Le tournage effectué à Martigny, en Suisse, a mobilisé quant à lui une trentaine de personnes durant sept mois.
Sauvages, comme les précédents films de Claude Barras, est réalisé en stop motion, une technique qui demande une extrême patience. Chaque scène est photographiée image par image et sur chacun des dix plateaux installés en parallèle, la cadence est en moyenne de 4 secondes fabriquées par jour.
Si l'intrigue se déroule sur l'île de Bornéo qui abrite l'une des plus grandes forêts tropicales au monde, elle trouve son origine dans les souvenirs d'enfance de Claude Barras.
"Je viens d'une famille de paysans semi-nomades, raconte-t-il. Mes grands-parents dans les Alpes pratiquaient le remuage [la transhumance], on changeait de village en fonction des saisons. Les gens vivaient de manière très simple, au contact de la nature." Un quotidien proche de celui du peuple Penan.
Un peuple autochtone menacé de disparition
C'est ce peuple autochtone menacé de disparition que veut également défendre le réalisateur avec Sauvages. "J'ai conscience de n'avoir fait qu'un film. Mais je crois à la force des récits. Si mon film peut rencontrer des volontés, fédérer des idées, alors je serai content de moi."
Écrit à l'issue d'un long travail d'enquête, Sauvages raconte une réalité alarmante. Il reste encore sur l'île de Bornéo 10% de forêts primaires non exploitées et des gens dont les droits sont spoliés par des politiciens corrompus et des multinationales. Si le film s'adresse aux enfants, c'est pour mieux inviter chacun des spectateurs à agir en refusant de consommer de l'huile de palme ou des bois issus de ces forêts ancestrales ou en participant à la campagne d'impact imaginée pour la sortie du film en octobre prochain.
La fiche
Genre : Animation
Réalisateur : Claude Barras
Avec les voix de : Benoit Poelvoorde, Laëtitia Dosch, Gaël Faye, Komeok Joe, Nelly Tungang et Sailyvia Paysan
Pays : Belgique/France/Suisse
Durée : 1h27
Sortie : 16 octobre 2024
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