Haneke sur tous les fronts : Césars, Oscars et Opéra
Michael Haneke est attendu ce soir aux Césars où son film "Amour" part grand favori. Demain samedi, ce sera la première sur la scène du Teatro Real de Madrid de "Cosi fan tutte", sa seconde incursion dans le monde de l'opéra. Dimanche, le réalisateur autrichien croisera les doigts en attendant les Oscars, où son film est nominé 5 fois.
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- franceinfo Culture (avec AFP)
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"Amour touche les gens parce que cela peut arriver dans n'importe quelle famille. Pour quelqu'un de jeune, cela a pu arriver à ses grands-parents, s'il est moins jeune, à ses parents, et s'il est encore moins jeune, à lui-même", a déclaré le metteur en scène. "Quand je fais un film, je veux que les gens ressentent de l'émotion et si j'y parviens, je suis content", a ajouté Michael Haneke, âgé de 69 ans.
"Amour", palme d'Or au dernier festival de Cannes, concourt dans cinq catégories aux Oscars, qui seront décernés dimanche à Hollywood: meilleur film, meilleur metteur en scène, meilleure actrice, meilleur scénario original et meilleur film étranger. Le film est aussi nommé dans dix catégories aux Césars du cinéma français, dont celui de meilleur film de l'année, qui seront décernés vendredi. "J'aimerais tous les remporter", a lancé en riant Michael Haneke , avant de retrouver son sérieux: "Je serais content avec n'importe lequel" des Oscars, "je croise les doigts".
Haneke plus nerveux au cinéma qu'à l'opéra
"Amour", un film franco-autrichien interprété par deux légendes du cinéma français, Jean-Louis Trintignant, 81 ans, et Emmanuelle Riva, 85 ans, raconte la difficile vieillesse d'un couple confronté à la maladie et à la perte d'autonomie de l'épouse. Le film a déjà remporté le 13 janvier à Beverly Hills le Golden Globe du meilleur film étranger.
"Je suis plus nerveux quand je fais du cinéma que quand je fais de l'opéra, et aujourd'hui encore plus, avant les Oscars", a confié le metteur en scène, qui vient de monter à Madrid l'opéra de Mozart Cosi fan Tutte. La première du spectacle aura lieu samedi au Teatro Real, l'opéra de Madrid. "Je n'aime pas beaucoup parler d'opéra, parce que je préfère parler de mes films. Je me vois plus comme un metteur en scène de cinéma", a ajouté Michael Haneke. Mais, a-t-il ajouté, "je ne veux pas délivrer de manuel d'instructions sur la manière d'interpréter mes films, je préfère que le spectateur le fasse à sa manière".
Cosi fan tutte transposé au présent
Jouant de la lumière, mêlant esthétique du dix-huitième siècle aux costumes et accessoires de notre époque, Michael Haneke , 69 ans, a créé pour cet opéra-culte de véritables tableaux sur scène. Sélectionnés après plus de cent auditions, les artistes réinterprètent cette épineuse histoire de trahisons et de valses de partenaires aux échos très actuels, née de l'imagination du génie de Salzbourg et du librettiste italien Lorenzo Da Ponte. Michael Haneke guide le spectateur entre la pénombre de la nuit, pour les scènes de manipulation, et une lumière éclatante pour les moments heureux partagés entre amoureux. "Vouloir reproduire la réalité historique pure est une illusion", expliquait le metteur en scène avant la répétition générale organisée au Teatro Real, jeudi. "Nous ne savons pas exactement comment était l'opéra à la fin du XVIIIè siècle. Nous n'avons que des images des derniers 70 ou 80 ans: c'est un devoir de transposer l'ouvre au présent."
ll signe au Teatro Real un spectacle où deux époques se mêlent, comme dans cette scène de soirée dans une riche demeure, où certains des invités sont vêtus de costumes du dix-huitième tandis que d'autres sont à la mode d'aujourd'hui ou parlent avec leurs téléphones portables. Le cynique Don Alfonso, incarné par le baryton-basse William Shimell, désarçonne deux jeunes officiers, Ferrando, interprété par le ténor Juan Francisco Gatell, et Guglielmo, par Andreas Wolf, en leur affirmant que leurs promises, Dorabella et Fiordiligi, peuvent, comme toutes les femmes, succomber aux tentations de l'amour.
Le dernier opéra pour Haneke
Convaincus de la fidélité de leurs fiancées, la soprano allemande Anett Fritcsh et la mezzosoprano italienne Paola Gardina, les deux hommes acceptent de monter un piège imaginé par Don Alfonso et la servante Despina pour lui prouver qu'il se trompe. Sur scène se créent de véritables tableaux vivants, comme dans le premier acte, lorsque, debout, Don Alfonso est vêtu d'un costume d'époque bleu avec à ses pieds les deux jeunes filles, Dorabella en tailleur et pantalon noir et Fiordiligi en robe rouge.
Avec dix représentations prévues jusqu'au 17 mars, "Cosi fan tutte" marque la seconde, et sans doute, dernière expérience avec l'opéra de ce cinéaste de renom, après le montage couronné de succès du "Don Giovanni" de Mozart à Paris. "Ce sera en principe la dernière que je vais monter", a affirmé Michael Haneke, précisant qu'il désirait "recommencer à écrire des scénarios, retourner à ma profession, au cinéma".
Le réalisateur autrichien n'assistera d'ailleurs pas à la première, puisque qu'il sera en route pour Hollywood.
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