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Harvey Weinstein de retour au festival de Sundance mais dans un film brûlot

Alors que pendant plus de vingt ans, Harvey Weinstein considérait le festival du cinéma indépendant de Sundance comme sa chasse gardée, déboursant des millions de dollars pour acquérir les joyaux du cinéma indépendant, il y revient cette année, mais dans un film, "Untouchable", qui retrace sa chute brutale en donnant la parole à ses victimes.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Harvey Weinstein (2018)
 (KENA BETANCUR / AFP)

Signé Ursula Macfarlane, "Untouchable" ("Intouchable"), n'a pas pour objet de faire de nouvelles révélations, mais plutôt de retracer, le plus scrupuleusement possible, la grandeur et la décadence de celui qui fut l'un des hommes les plus puissants d'Hollywood - et attend aujourd'hui son procès pour viol et agression sexuelle.

"Il était temps"

Le festival de Sundance, ancien terrain de chasse de Weinstein, a présenté le film vendredi en avant-première mondiale, quelques heures après la projection de "Leaving Neverland", un documentaire-fleuve donnant la parole à deux jeunes hommes assurant avoir été agressés sexuellement par Michael Jackson durant leur enfance.

Ce sont aussi les victimes qui constituent la colonne vertébrale de "Untouchable". Inconnues ou célèbres, elles racontent les abus, les menaces et l'appétit sexuel insatiable de Weinstein, agissant en toute liberté et en toute impunité. Parmi elles, l'actrice Rosanna Arquette, l'une des premières à avoir publiquement accusé le producteur dans un article du New Yorker signé Ronan Farrow.

"Il était temps", a-t-elle déclaré sur le "tapis noir" de l'avant-première. "On voyait de plus en plus d'agressions, et d'abus de pouvoir de la part d'un homme très puissant, qui pouvait détruire une vie d'un claquement de doigts. Il était vraiment temps".

L'actrice rappelle que les langues avaient commencé à se délier avant même le scandale Weinstein. "Il y avait les femmes de Bill Cosby, elles ont parlé avant nous. Et puis cela a été notre tour", dit-elle. "Et apparemment, comme beaucoup d'entre nous étions des actrices célèbres, les gens se sont dit +Quoi ?+ et cela a commencé à devenir énorme. Aujourd'hui c'est un mouvement mondial, c'est en Inde, en Afrique, c'est partout".
Rosanna Arquette au Festival de Sundance (2019)
 (Michael loccisano / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

"Complicité dans l'industrie du cinéma"

Ursula Mcfarlane a été contactée par les producteurs d'"Untouchable" juste après les révélations du New York Times et du New Yorker, en octobre 2017. Elle a dit oui sans hésiter, confie-t-elle à l'AFP.

"Trump s'était installé à la Maison Blanche, et il y a eu ce grand moment, la Marche des Femmes", se souvient-elle. "Je pense que les gens sentaient la colère monter en voyant ce type (Harvey Weisntein) et plein d'autre comme lui, s'en sortir toujours, sans jamais être inquiétés".

Mme Macfarlane ne connaissait pas personnellement Harvey Weinstein mais cela ne l'a pas empêchée de cerner le personnage. "Pour être honnête, quand j'ai lu ces témoignages, cela ne m'a pas surprise car évidemment, je connais le comportement de beaucoup d'autres hommes dans ces sphères".

Ce qui l'a choquée, en revanche, c'est de découvrir "les multiples niveaux de complicité dans l'industrie du cinéma" protégeant Weinstein. Et de poursuivre : "Cela fait des dizaines d'année que des femmes ont essayé de parler et de révéler l'histoire, mais elles ne pouvaient pas, parce que tout le monde avait peur. Ce niveau de pouvoir et de crainte qu'il était capable de susciter, c'est très choquant".

Que les hommes participent davantage au débat

Le scandale Weinstein a entraîné, par ricochet, une remise en question sans précédent au sein de l'industrie hollywoodienne et ailleurs. Il a aussi libéré la parole de milliers de femmes, notamment à travers le mouvement MeToo.

Quinze mois après le "séisme", Rosanna Arquette estime qu'il est grand temps que les hommes participent davantage au débat, et qu'ils fassent une croix définitive sur le monde pré-Weinstein. "Je pense que les gens, spécialement les hommes, regardent leur montre en se disant 'quand cela va-t-il s'arrêter ?'. Mais ce n'est pas une attaque contre les hommes".

"Il y a beaucoup d'hommes formidables, et ce sont ceux-là qui doivent se battre avec nous, à nos côtés, et traiter les femmes avec respect, c'est tout ce qu'on demande, rien de plus. Il y a eu un changement de paradigme. Et on ne va pas revenir en arrière, c'est fini", poursuit-elle.

Mme Macfarlane pense elle aussi que le changement est irréversible. "La prise de  conscience du problème est clairement en train de changer et je pense que le monde d'Harvey Weinstein n'existera plus, je le pense vraiment. Mais cela pourrait prendre plus de temps que nous ne le souhaitons. C'est ça le problème".

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