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Harvey Weinstein, le producteur qui aime le cinéma européen
"Cinéma Paradiso", "Amélie Poulain", "The Artist"... ces films européens ont connu une carrière aux Etats-Unis grâce à Harvey Weinstein. Les réalisateurs étrangers et acteurs, voulant percer à Hollywood, savaient à quel producteur s'adresser.
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Surnommé "Harvey les mains-ciseaux"
Avec sa société Miramax fondée en 1979 avec son frère Bob, Harvey Weinstein a produit d'innombrables succès et revendique 80 Oscars. Pendant longtemps, "Miramax était l'entrée logique pour tout artiste français ou étranger. Harvey prenait un film d'art et d'essai et savait le marketer", se souvient un assistant qui a travaillé pour la société de production à la fin des années 90. "En revanche, il fallait faire à sa façon". Et d'évoquer les "market tests" réalisés avant la sortie d'un film pour s'assurer qu'il plaise au public et les nombreuses coupes réalisées malgré l'opposition des réalisateurs, d'où son surnom de "Harvey scissorhands" ("Harvey les mains-ciseaux").Une mésaventure qui arriva au réalisateur italien Giuseppe Tornatore avec son film "Cinéma Paradiso", ode au septième art se déroulant en Sicile. Déjà sorti en Italie, le film fut retaillé par Harvey Weinstein pour les Oscars, ce qui lui valut de remporter celui du meilleur film étranger en 1990. Même chose avec le biopic du Français Olivier Dahan, Grace de Monaco (2014), qui fut l'objet d'un bras de fer entre les deux hommes et connut un flop critique.
Jean-Pierre Jeunet : "II a le pouvoir de tuer un film s'il a envie"
"Je ne connais pas un réalisateur à qui il n'ait pas imposé de modifier son film. C'est comme si un galeriste disait à un peintre je vais donner ton tableau à l'encadreur parce qu'aux Etats-Unis, on n'aime pas le bleu et que l'encadreur mette du rouge à la place du bleu", se souvient le Français Jean-Pierre Jeunet. "Il a le pouvoir de tuer un film s'il a envie", souligne-t-il.Et la carrière de nombreux acteurs et actrices a longtemps dépendu de lui. "Tout le monde savait ce que Harvey faisait et personne n'a rien fait. Il est incroyable qu'il ait pu agir comme ça pendant des décennies (...). C'est seulement possible parce qu'il a énormément de pouvoir", a dénoncé l'actrice Léa Seydoux dans The Guardian.
"C'était le meilleur pour assurer la partie marketing d'un film aux USA"
"A Cannes, Harvey Weinstein n'allait pas au marché du film. Il convoque les actrices, les acteurs sous couvert de parler d'un scénario, d'une équipe... Et les gens y vont, parce qu'ils ont envie de travailler", se souvient l'ancien président du festival de Cannes, Gilles Jacob. "Il ne supporte pas qu'on lui dise non", renchérit Vincent Maraval."C'était le meilleur pour assurer la partie marketing d'un film aux Etats-Unis", poursuit le producteur français (Wild Bunch) qui lui a vendu entre autres "The Artist" de Michel Hazanavicius, qui remporta cinq Oscars en 2012. Du jamais vu pour un film français, muet et en noir et blanc.
De Miramax à The Weinstein Company
En 2002, Hollywood a décidé de boycotter Miramax. "Pas de chance pour nous, c'était l'année d'Amélie" Poulain, reparti bredouille malgré cinq nominations, se souvient Jean-Pierre Jeunet. En 2005, l'influent producteur-distributeur quitte Miramax, détenu par Disney, et fonde sa maison de production, The Weinstein Company.Malgré un passage à vide, il a remonté la pente aux débuts des années 2010 grâce au succès du "Discours d'un roi" et de "The Artist", tous deux multirécompensés. Aujourd'hui suite au scandale qui vient d'éclater Harvey Weinstein a été licencié par sa propre maison de production.
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