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"Inimaginable il y a cinq ans" : un premier grand festival du film inauguré en Arabie Saoudite

Alors que les cinémas dans le royaume ultraconservateur étaient interdits jusqu'en avril 2018, l'Arabie Saoudite lance son premier grand festival du film à Jeddah, sur la côte ouest. L'objectif ? Faire du cinéma une nouvelle industrie lucrative pour le territoire.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2min
L'actrice égyptienne Laila Eloui reçoit une récompense pour l'ensemble de sa carrière des mains du maître de cérémonie, Mohamed al Turki, lors de la première édition du film de Jeddah.  (PATRICK BAZ / RED SEA FILM FESTIVAL)

Acteurs et réalisateurs participeront au cours des 10 prochains jours au Festival international du film de la mer Rouge à Jeddah en Arabie Saoudite. 138 longs et courts métrages de 67 pays y seront présentés. Parmi eux, The Alleys, réalisé par le Jordanien Bassel Ghandour, ainsi que des films par des réalisateurs non arabes, dont 83 du Britannique Joe Wright, basé sur l'histoire de la victoire de l'Inde à la Coupe du monde de cricket en 1983. Le festival devrait également honorer Haifaa al-Mansour, la première femme réalisatrice saoudienne dont le film Wadjda (2012) lui a valu de nombreux prix internationaux.

Le cinéma en plein essor dans le royaume 

"L'idée d'organiser un festival de cinéma en Arabie saoudite était inimaginable il y a à peine cinq ans", souligne le critique d'art égyptien Mohamed Abdel Rahmane. "Avant la réouverture des cinémas en 2018, l'industrie travaillait en souterrain", souligne le réalisateur saoudien Ahmed al-Mulla, qui dirige un festival annuel du film à Dammam (est) depuis 2008. "Il n'y avait aucune possibilité de filmer ou d'obtenir un financement." 

L'industrie du cinéma dans le royaume est aujourd'hui en plein essor, avec de nombreux tournages dans le pays et un bond de la consommation de films. Le box-office annuel du royaume pourrait atteindre 950 millions de dollars (839 millions d'euros) d'ici 2030, selon un rapport du cabinet de conseil PwC.

" Nous aspirons à plus " 

Des observateurs estiment que le secteur manque encore d'expertise et d'investissements. Et surtout, le cinéma a besoin "d'un niveau élevé de liberté d'expression (...), de la mise en scène des femmes à la liberté d'aborder différents sujets", estime Ahmed al-Mulla. "Le cinéma est le 'soft power' qui peut ouvrir la voie aux mutations sociales et économiques." "C'est un tournant mais nous aspirons toujours à plus", a dit à l'AFP l'actrice saoudienne Elham Ali sur le tapis rouge, parmi d'autres personnalités saoudiennes, arabes et étrangères.

Des réformes ont été engagées dans le pays ces dernières années, telles la levée de l'interdiction pour les femmes de conduire et l'autorisation de concerts et d'autres événements mixtes, mais une répression stricte de la dissidence reste en place. Les arrestations d'opposants, le rejet de la communauté LGBTQ+ et le grand nombre d'exécutions dans le pays sont régulièrement pointés du doigt par les défenseurs des droits humains.

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