: Interview Alexander Fehling à l'honneur au Festival du cinéma allemand
Fichus mystères de la distribution. On ne sait pas trop pourquoi, mais il faut bien l'avouer : on ne connait que très peu le cinéma de nos voisins allemands. Très puissant dans les années 30, il s'est essoufflé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Il faut dire qu'il y avait autre chose à penser. Mais aujourd'hui encore et malgré la renaissance des années 50 et cette nouvelle vague de metteurs en scène talentueux (Fassbinder, Herzog ou Schlöndorff pour ne citer qu'eux), le cinéma allemand ne rayonne que très peu au-delà de ses frontières. Et ce malgré une production plutôt conséquente avec 258 films produits en 2014.
Un festival pour pallier ce triste constat
Mais rassurez-vous, le Festival du cinéma allemand est là pour pallier, en partie, ce triste constat. Plus de 24 films et documentaires seront ainsi proposés. Des films récents produits en 2014 et 2015, dont certains en avant-première, comme le "rockumentaire" consacré au groupe "Scorpions", mais également une rétrospective du meilleur de la production cinématographique allemande. "Cette année, le festival met à l'honneur Alexander Fehling, en proposant quelques-uns de ses premiers films", explique Maike Schantz, coordinatrice du festival, avec notamment "Et puis les touristes" de Robert Thalheim sorti en 2007. Ce film raconte l'histoire d'un jeune homme arrivé à Auschwitz pour y effectuer son service civil et s'occuper d'un survivant du camp d'extermination, un octogénaire qui le traite avec un mélange d'arrogance et d'impatience."Hier, j'ai présenté mon premier film, tourné il y a près de 10 ans. Ça m'a rappelé pas mal de souvenirs et c'était plaisant de voir les réactions du public. Le plus chouette, c'était de constater que ce film plaisait toujours autant", sourit Alexander Fehling, très remarqué dans "Le labyrinthe du silence" également projeté pendant le festival. Il y jouait le rôle d'un jeune procureur découvrant des pièces essentielles permettant l'ouverture d'un procès contre d'anciens SS ayant servi à Auschwitz. Une véritable page d'histoire sur le nazisme.
"La période nazie est une époque qui intéresse"
D'ailleurs et comme le souligne l'acteur, seuls les films "sur l'histoire du pays parviennent à s'exporter. Les comédies allemandes ne voyagent quant à elles pas beaucoup." Un avis partagé par Maike Schantz, la coordinatrice du festival. La façon allemande de se gausser serait apparemment difficilement transmissible. "Vous savez, nous avons un humour très particulier avec des nuances difficiles à comprendre par un autre public. Au contraire, la période nazie est une époque qui intéresse encore aujourd'hui et qui dépasse nos frontières. Ces films sont donc plus facilement exportables".Et si l'avenir du cinéma allemand se trouvait dans un peu de ces deux genres ? Une comédie allemande "Il est de retour", sortie jeudi dans les salles outres-Rhin, raconte d'ailleurs le succès fulgurant d'un Adolf Hitler 2.0 dans l'Allemagne contemporaine. "Ce serait peut-être la solution", s'amuse Maike Schantz. Malgré la polémique suscitée par le film, elle estime que "son pays est prêt à regarder enfin son histoire, en face, avec humour et dérision".
Festival du cinéma allemand à L'Arlequin,
76 rue de Rennes 75006 Paris,
Jusqu'au 14 octobre
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