"Mourir peut attendre" : Daniel Craig quitte James Bond en beauté au terme d’une tragédie en cinq actes
En annonçant son retrait de la franchise cinéma la plus rentable depuis 1962, avec ce dernier opus l’acteur impulse une nouvelle ère dont les pistes sont dévoilées dans ce 25e film aux nombreuses surprises.
Ne pas spoiler, surtout ne pas spoiler, insistent les distributeurs de Mourir peut attendre, le 25e James Bond qui sort mercredi 6 octobre. On les comprend, tant le film clôt un cycle de la façon la plus surprenante. Craig a donné un tournant à la franchise en 2006 en humanisant le personnage et en lui donnant une dimension tragique. Cet ultime film reste dans cette continuité, tout en réintroduisant plus de second degré, de gadgets, l’action étant quant à elle toujours au rendez-vous. La sortie du film plusieurs fois repoussée a suscité des attentes à la hauteur du résultat : formidable.
Innovation et tradition
Retiré des Services secrets, Bond coule des jours tranquilles à la Jamaïque quand son ami de la CIA Félix Leiter lui demande de l’aider à débusquer un dangereux mégalomane qui vient de voler une arme bactériologique secrète commanditée par le MI6. C’est le début d’une traque aux quatre coins du monde, où Bond va affronter la mort, renouer avec des sentiments perdus et affronter son destin.
Nouveau venu sur un James Bond, le réalisateur Cary Joji Fukunaga (Jane Eyre) s’en tire avec les honneurs pour conclure un cycle qui avait pris ses distances avec une approche du personnage en perte de souffle dans les années 2000. Il parvient à la fois à respecter le style installé depuis Casino Royale (2006) et à évoquer, non sans nostalgie, ce qui avait fait de Bond une icône depuis les années 60. Il réintroduit ainsi une touche de second degré et des gadgets spectaculaires, marque de fabrique de la franchise, tout en multipliant les scènes d’action.
Vers un Bond nouveau
Bond était en sang du début à la fin et échappait de justesse à une crise cardiaque dans Casino Royale, puis était hanté par son amour perdu (Vesper/Eva Green) dans Quantum of Solace (2008), il perdait sa mère d’adoption (M.) dans Skyfall, et enfin valsait avec la mort dans Spectre (2015). Il l’affronte de visu dans Mourir peut attendre. Cette progression en cinq actes correspond à la forme classique de la tragédie grecque. Mourir peut attendre épouse parfaitement cette montée en puissance de la dramaturgie en la situant dans le cadre d’un cinéma populaire et iconique.
Après une très belle première partie qui a pour cadre Matera (Italie), une des plus anciennes et belles villes du monde, l’action se disperse sur le globe jusqu’en Islande au cours d’une intrigue classique dans la tradition "bondienne". Mais les sentiments prennent une large part avec le personnage de Madeleine (Léa Seydoux, présente dans Spectre) qui bouleverse la donne, tout en faisant basculer la femme fatale classique.
L’humanisation du héros est la patte de la série Daniel Craig et trouve son aboutissement ici. La réussite de la "série" Craig est de s’être séparée du héros de "fantaisie" qu’était James Bond avant lui, et de lui avoir apporté une épaisseur inédite et originale, en creusant le tragique d’un personnage adulé, mais solitaire, définitivement seul. Il colle ainsi à l’esprit du temps, tout en distrayant. Mourir peut attendre surprend à plus d’un titre et lance les pistes d’un nouveau Bond.
La fiche
Genre : Action / Espionnage
Réalisateur : Cary Joji Fukunaga
Acteurs : Daniel Craig, Rami Malek, Léa Seydoux, Lashana Lynch, Ralph Fiennes, Christoph Waltz, Anna de Armas, Ben Whishaw, Naomi Harris, Jeffrey Wright
Pays : Etats-Unis / Grande-Bretagne
Durée : 2h43
Sortie : 6 octobre 2021
Distributeur : Universal International Pictures
Synopsis : Bond a quitté les services secrets et coule des jours heureux en Jamaïque. Mais sa tranquillité est de courte durée car son vieil ami Felix Leiter de la CIA débarque pour solliciter son aide : il s'agit de sauver un scientifique qui vient d'être kidnappé. Mais la mission se révèle bien plus dangereuse que prévu et Bond se retrouve aux trousses d'un mystérieux ennemi détenant de redoutables armes technologiques…
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