"Je cherche à capturer la sincérité" : au Festival Lumière, le Coréen Lee Chang-dong se livre sur son cinéma réaliste et engagé
Le cinéaste coréen Lee Chang-dong est l’un des invités d’honneur du Festival Lumière à Lyon. Lundi 17 octobre, il est venu rencontrer son public. L’occasion d’échanger sur son parcours de vie hors norme et son cinéma authentique.
En Corée du Sud comme en France, il est considéré comme l’un des plus grands cinéastes de la nouvelle vague coréenne. Lundi au Festival Lumière, le public a pu rencontrer le réalisateur Lee Chang-dong, venu présenter à Lyon son nouveau court métrage Heartbeat, inédit en France. Et c'est une salle comble qui l'a accueilli avec une longue et respectueuse salve d'applaudisements : “Vous m’avez fait un accueil hors du commun, je ne mérite pas tout ça”, a-t-il réagi avec la discrétion et l'humilité qui le caractérisent.
Auteur de films poétiques et percutants comme Oasis (2002), Poetry (2010) ou Burning (2018), Lee Chang-dong est également connu pour son passage au ministère de la Culture coréen et sa politique volontariste de soutien au cinéma national. Il s’est notamment battu pour imposer des quotas sur les productions américaines, dans le but de protéger et développer les films coréens.
"Je suis habitué aux souffrances"
Le cinéma de Lee Chang-dong raconte le monde dans lequel il vit. Il parle de ce qu’il connaît, de ce qu’il voit. “Je ne choisis pas les personnages au hasard, ils sont autour de moi, je les côtoie au quotidien. Dans Oasis, il y a cette personne à mobilité réduite, ma grande sœur est également atteinte de cette maladie-là”, confie-t-il. La vie et le parcours de Lee Chang-dong façonnent ses films.
“J’ai grandi dans un milieu très défavorisé et très difficile, je suis habitué aux souffrances, alors c’est vrai que mes personnages sont souvent en lutte contre la violence de ce monde.” Écrivain engagé au début des années 1980, il prend part aux manifestations contre la dictature militaire de Corée du Sud. Plus tard, quand il se lancera enfin dans le cinéma, il reviendra sur la dureté du régime dictatorial dans le film Peppermint Candy.
Une approche réaliste
Retranscrire la réalité à l’état pur, c'est l’obsession du cinéaste de 68 ans : “Je veux reproduire ce que je vois à l'œil nu, je ne veux pas d’artifice, ni de surfait”. Pour cette raison, la musique est quasi absente de ses films. Poetry par exemple, l’histoire de cette grand-mère, partagée entre le sordide et la poésie, n’en possède pas. “Selon moi, les films possèdent déjà un certain rythme, une musicalité, il n’y a donc pas besoin d’utiliser la musique pour intensifier les émotions”, explique-t-il.
Le réalisateur recherche cette même authenticité dans ses personnages. Il confie qu'il demande à ses acteurs de "ne pas jouer" : "Je cherche à capturer les premières expressions, les moments où les acteurs éprouvent avec sincérité ce que ressent leur personnage". Des personnages obstinés, en quête de sens, qui nous émeuvent et dans lesquels on se retrouve malgré les 12 000 kilomètres qui nous séparent de cette terre de cinéma coréenne.
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