"Je m’identifie aux monstres car ils sont différents comme moi" : lauréat du Prix Lumière, Tim Burton se livre à son public
Le cinéaste américain Tim Burton était présent à Lyon, à l’occasion de la remise du Prix Lumière, vendredi 21 octobre. Quelques heures avant la cérémonie, il est venu échanger avec son public sur son cinéma et ses projets à venir.
Après Francis Ford Coppola, les frères Dardenne et Jane Campion, c’est au tour du réalisateur à succès, Tim Burton, de se voir remettre le 14e Prix Lumière vendredi 21 octobre. Le cinéaste à l'imaginaire débordant et l'univers si reconnaissable est récompensé pour l'ensemble de sa carrière et ses films iconiques, Edward aux mains d'argent (1990), Big Fish (2003) ou encore Charlie et la Chocolaterie (2005).
Un peu plus tôt dans la journée, il s'est rendu au Théâtre des Célestins de Lyon, pour échanger dans un cadre plus intimiste avec son public. Applaudi pendant de longues minutes lors de son entrée, le cinéaste de 64 ans a réagi avec émotion : “Je suis un peu stressé car je ne suis pas habitué à voir autant de gens et surtout à recevoir un tel accueil”. Pendant presque deux heures, le cinéaste américain a été assailli de questions et remercié pour ses films. Des interrogations notamment sur ses futurs projets, dont le prochain verra le jour dans moins d'un mois. Il s'agit de la série Mercredi, sur la fille de La Famille Addams, qui sortira le 23 novembre sur Netflix.
L'ami des monstres
Attiré par les ténèbres, le gothique ou la mort, Tim Burton a su, malgré son univers macabre, séduire un large public, des plus jeunes aux plus anciens. Ses films dévoilent une certaine beauté dans ses monstres recousus ou couverts de cicatrices. “Les monstres font totalement partie de mon œuvre. Quand j'étais petit déjà, je regardais beaucoup de films d’horreur avec des monstres. Ils ne sont pas méchants pour moi, ils ne me font pas peur”, confie-t-il.
Étant jeune déjà, il s'exprimait via son imaginaire, il préférait le dessin aux mots. Aujourd'hui, rien n'a vraiment changé et c'est son univers fantastique et horrifique, tout droit sorti de son imagination, qui constitue le fil rouge de ces films. “Ma formation en animation m’a beaucoup inspiré. C’est une façon très spécifique de penser et de voir les choses, il faut s'exprimer de façon très visuelle. C’est pour ça que je pense que l'ensemble de mon œuvre est cohérente”, explique-t-il.
Les projets à venir
Le cinéaste à l’univers foisonnant s’est aussi confié sur ses projets futurs. Absent depuis la sortie de Dumbo en 2019, il revient avec sa première série, Mercredi, le 23 novembre sur Netflix. Parti un an en Roumanie pour le tournage, Tim Burton a particulièrement savouré cette nouvelle expérience. “J’aime beaucoup le personnage de Mercredi dans La Famille Addams, donc j’ai vraiment pris beaucoup de plaisir à réaliser cette série”, confie-t-il.
Le réalisateur considère qu'aujourd'hui Netflix "est un studio comme un autre", et que l'industrie hollywoodienne laisse toujours de place aux voix différentes, "qui peuvent passer sous le radar, même si c'est un combat". Il dit par contre avoir compris à l'époque de Dumbo "en avoir probablement "fini" avec Disney, le studio où il avait débuté comme animateur: "j'ai réalisé que j'étais comme Dumbo, travaillant dans un grand cirque dont j'avais besoin de m'échapper".
Ces dernières années lui ont également permis de prendre du recul sur son travail : "La pandémie a été un moment de transition pour le cinéma, tous les studios voulaient se diriger vers les plateformes, personne ne savait trop où aller”. Mais après la pandémie, "j'ai réalisé que le cinéma restait toujours important, qu'il serait toujours là, que c'était une forme d'art qui transcendait tout", a-t-il ajouté. Le réalisateur en a profité pour se retrouver seul afin de réfléchir à ce qu’il voulait. “Le prochain film que je vais faire, je veux qu’il soit vraiment important pour moi, donc je prends mon temps, mais je reviens”, a-t-il annoncé.
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