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Vidéo Paul Belmondo : "Les Invalides, c'était tellement beau, mon père a bien mis en scène son départ"

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Article rédigé par franceinfo - Elodie Suigo
Radio France

Un peu plus d'un mois après la mort de Jean-Paul Belmondo, son fils Paul se confie sur franceinfo. Il explique que c'est son père qui souhaitait que la musique du "Professionnel" soit jouée à son enterrement.

Il était resté silencieux depuis la mort de son père, dont le décès le 6 septembre dernier, à l'âge de 88 ans, a suscité une immense émotion, à la hauteur de sa popularité. Un mois après les obsèques nationales de Jean-Paul Belmondo aux Invalides, son fils Paul se confie à franceinfo. Il revient sur ce moment qu’il redoutait tant, sur les dernières volontés de son père, sur le lien qu'il a noué avec le public, lui qui "touche tout le monde, d'en haut jusqu'en bas". Il explique aussi pourquoi il est resté jusque-là très discret, en dehors d'une photo et d'un message pour remercier le public.

Elodie Suigo : Jean-Paul Belmondo est parti il y a plus d'un mois, déjà. Vous êtes resté très discret depuis. Cette distance était nécessaire ?

Paul Belmondo : Bien sûr, elle est nécessaire parce qu'on a besoin d'abord de vivre ces moments-là entre soi, avec sa famille. Et ce n'était pas le moment de s'exprimer mais d'attendre un tout petit peu. Et en même temps, il y avait tellement de gens qui l'ont aimé, qui ont exprimé leur tristesse et leur joie de l'avoir connu, il n'y avait pas besoin de rajouter et de dire quoi que ce soit. Aujourd'hui, j'ai décidé de remercier tous ces témoignages et tous ces gens qui ont partagé leur peine et la joie qu'ils ont eue de connaître mon père, d'une manière anonyme ou pas.

Comment avez-vous vécu ces obsèques nationales ?

Lorsque la présidence, M. Macron et Mme Macron nous ont contactés, ils nous ont demandé d'abord ce qu'on voulait faire pour rendre hommage à notre père. Ils ne nous ont pas imposé quoi que ce soit. Et c'est vrai que c'est difficile à dire. On a dit ce qu'on pensait, ce que mon père aurait souhaité, l'église de Saint-Germain-des-Prés et ainsi de suite. Après, ils nous ont dit : "On aimerait rendre un hommage national à votre père". Oui, bien sûr, ça nous touche et ça lui aurait fait plaisir. Mais ce qui était important pour nous, c'est que ça soit d'un côté un hommage national, mais que le public ait accès aussi à cet hommage, que ce ne soit pas quelque chose de fermé. Mme Macron nous a expliqué qu''une partie du public pourrait assister à l'intérieur même des Invalides et ensuite, que les gens pourraient venir se recueillir auprès de mon père jusqu'au lendemain. C'était important qu'il y ait sa famille de cinéma et, en même temps, son public.

Et puis il y a ce fameux coup à boire. Il voulait que ses amis se réunissent, qu'ils lèvent leur verre.

Oui, ça, ça fait partie des choses qu'il a écrites. Il voulait... Il était flic et voyou, dans ses films, il avait ce côté bad boy, mais il avait aussi ce côté très juste et très fier de l'institution. Il était fier de ses médailles, mais voilà : on peut faire un truc sérieux, mais après, on va boire un coup et on s'amuse. On a fait ça le vendredi, on a bu, mangé jusqu'à tard. Et voilà. Les jeunes ont même continué encore plus tard dans la nuit.

Cette musique du Professionnel, c'était un vrai choix et ça vient de lui. Il souhaitait qu'on entende cette musique si emblématique ?

Oui, c'est vrai. Quand on s'est réunis avec mes sœurs, mon oncle et ma tante, pour réfléchir à comment s'organiser, qui est invité, qui va parler, ce n'est jamais simple... Et puis, on s'est dit : la musique, bon, on va quand même pas mettre Le Professionnel.... Et puis arrive le petit message du notaire qui dit : voilà votre père, voulait ça, ça, ça... Et Le Professionnel. Bon, s'il le veut, on va le mettre !  Nous, on s'était dit : ça va être trop. Cette musique est émouvante, en plus dans Le Professionnel, c'est le moment où il meurt à la fin, c'est quand même beaucoup... Mais il aimait cette musique. Et pourtant, ce n'était pas un fan de musique, mon père. Voilà, il nous a surpris et il avait raison. Son départ aux Invalides, c'était tellement beau, avec cette musique. Il a bien mis en scène son départ.

Les personnages qu'incarnait votre père à l'écran sont morts dans une vingtaine de films, comme dans A bout de souffle, Pierrot le fou, Borsalino... Ces morts au cinéma sont virtuelles. Comment fait-on pour accepter que Jean-Paul Belmondo ne soit plus là aujourd'hui, réellement ?

Très souvent, on disait : Delon meurt dans ses films et pas Belmondo. Mais en fait, mon père mourrait beaucoup dans ses films, c'est vrai, en regardant sa filmographie... C'est difficile. Il est toujours en nous et il est toujours là. Les artistes restent présents après leur mort et par ce qu'ils laissent derrière eux, et ensuite par ce que lui nous a transmis. Aujourd'hui, même si je ne le vois plus, même s'il n'est plus là, même s'il n'y a plus ces déjeuners familiaux avec lui, il est toujours là. Et je pense que pour beaucoup de Français, pour beaucoup de gens, il sera toujours là.

Est-ce que cet amour du public a allégé votre peine ?

Ça n'a pas allégé, ça nous a touché, de voir tous ces témoignages, de voir cette queue jusqu'à 3 heures du matin de ces gens qui sont venus lui dire au revoir, de voir tous les messages que j'ai reçus, que ce soit par papier, des anonymes, ou bien sur par les réseaux sociaux... L'autre jour, on m'a livré un colis à la maison et le livreur avait mis un petit mot, sans mettre de nom, sans rien dire, en me remerciant. C'est ça, mon père. Il touche tout le monde, d'en haut jusqu'en bas. Ça touche. Et c'est vrai que ça aide de voir qu'il y a autant d'amour pour lui.

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