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Mort de Jean-Pierre Marielle : "Il pouvait jouer, et c'est un compliment, les cons glorieux", salue Pierre Arditi

"C’est un de mes héros pour un acteur de ma génération", a réagi Pierre Arditi mercredi sur franceinfo, à l'annonce de la disparition de Jean-Pierre Marielle.

Article rédigé par franceinfo
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Pierre Arditi en octobre 2013.  (PATRICK KOVARIK / AFP)

La mort de l'acteur Jean-Pierre Marielle, survenue mercredi 24 avril à 87 ans, a ému son confrère Pierre Arditi. "Ce qui le caractérisait, c'était une sorte de folklore personnel qui était absolument délicieux, comme une pâtisserie (...) dont on avait envie de se gaver parce qu'on ne s'en laissait jamais", a expliqué l'acteur, mercredi soir sur franceinfo.

Quelle est votre réaction ?

Pierre Arditi : C’est de la tristesse, il faisait partie de nous, en particulier des acteurs. C’était un des trois grands ducs. Il y a eu Philippe Noiret, qui est parti faire un tour dans les étoiles. Il y a eu Jean Rochefort et maintenant il y a Jean-Pierre Marielle qui est parti. Ils vont se retrouver et vont pouvoir déconner tous les trois en même temps. Ils nous ravissaient quand on avait la chance de travailler avec eux et c’est un mélange de tristesse et en même temps il y a quelque chose qui ne peut pas s’éteindre quand on rencontre des gens comme ça. J’ai eu la chance de jouer avec Jean-Pierre Marielle, ça reste gravé. C’est un de mes héros pour un acteur de ma génération. C’est aussi un coup de semonce parce qu’on est les prochains sur la liste, apparemment. En tout cas, ça ne s’efface pas des gens qu’on aime, ça reste gravé dans la mémoire en particulier dans la mémoire des acteurs. Et puis Jean-Pierre Marielle, c’était un être à part. Il était un clown et en même temps un type qui ne se prenait jamais au sérieux mais qui était capable de jouer la tragédie ou le pitre. Sa palette de jeu était très large. (…) Il reste tellement gravé dans ma mémoire que c’est quelqu’un qui ne peut pas disparaître pour moi, comme un certain nombre de mes collègues qui m’ont donné envie un jour d’être acteur. D’ailleurs, c’est pour cela qu’ils ont traversé la vie du public, c’est pour ça que les gens sont tristes, parce qu’ils ont perdu un membre de la famille.

Qu'est-ce qui le rendait si unique ?

D'abord cette voix tout à fait extraordinaire, ces expressions de grand malfrat comme ça, cette personnalité étrange. Il pouvait jouer, et c'est un compliment, les cons glorieux. C'était absolument merveilleux, ça. C'était formidable quand il jouait ça dans les films de Joël Seria, dans Comme la lune (1977), où il est absolument génial, mais après il y a les Galettes de Pont-Aven. Il a toujours été extraordinaire. C'est toujours comme ça un grand acteur : sa voix ne ressemble à aucune autre. Ce qu'il fait ne ressemble à rien de ce que font les autres. Il est unique en ce sens. Quand on le perd, on a l'impression qu'on perd tout mais il reste ce qu'il a fait. Le comique qu'il pouvait dégager, le côté baroque de son jeu, restera dans l'histoire de l'art dramatique, c'est ça que les gens aimaient d'ailleurs. Cet espèce de grand escogriffe absolument magnifique, que ce soit dans la comédie ou dans des choses plus noires, plus profondes et plus inquiétantes. Les grands acteurs, ceux qui marquent le public, ce sont des gens dans lequel à un moment donné le public se trouve ou se retrouve. La qualité de Marielle, c'était ça. Ce qui le caractérisait, c'était une sorte de folklore personnel qui était absolument délicieux comme une pâtisserie (...) dont on avait envie de se gaver parce qu'on ne s'en laissait jamais. On ne pouvait pas se lasser de Marielle, comme on ne se lassait pas de Noiret, Rochefort, toute cette génération de grands acteurs magnifiques et qui nous ont inspiré, nous, les cadets, mais enfin, ça ne tardera plus. 

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