"Jodorowsky's Dune" la chronique d'un rêve inachevé

Si "La danse de la réalité restera sans doute l'"oeuvre" de Jodorowsky, il manquera toujours à sa filmographie l'opus majeur, celui sur lequel il avait travaillé pendant plusieurs années et autour duquel il avait su agréguer les plus grandes personnalités de l'illustration (Giraud, Giger...), de la musique (Pink Floyd, Magma...), du cinéma (Orson Welles...) et même du gotha artistique et mondain (Salvador Dali, Mick Jagger...).
Mais l'adaptation de "Dune" de Frank Herbert ne sera jamais réalisée par Jodorowsky. Tous les grands studios américains, les seuls à pouvoir le financer, ont reculé devant la personnalité pour le moins atypique du réalisateur.

La quinzaine des réalisateurs a projeté samedi soir le documentaire que le jeune cinéaste Frank Pavich a consacré à ce travail inachevé. Grâce à lui, on peut se faire une idée assez juste du projet et de l'ambition de celui qui le portait. Jodorowsky voulait bien sûr faire de son  adaptation du livre de Frank Herbert le plus grand film de science-fiction de tous les temps mais également faire emerger un prophète, une borne qui marquerait le début d'un temps nouveau dans les esprits.

Bien plus qu'un simple making of
Le film est passionnant. C'est bien plus que le making of d'un film jamais tourné. On y voit l'enthousiasme de Jodorowsky, une volonté qui vient à bout de (presque) tous les obstacles. le cinéaste y raconte avec humour les arguments utilisés pour décider un Welles ou un Dali, voire un Mick Jagger à s'associer au projet. On y voit aussi comment, une fois les efforts accomplis et les espoirs déçus, le réalisateur qui est aussi poète et philosophe referme le chapître sans amertume. Sans amertume, même s'il se réjouit quand il s'aperçoit que l'adaptation ultérieure de "Dune" réalisée par David Lynch n'est qu'un navet prétentieux et ridicule.
Si le film ne s'est pas fait, estime-t-il dans un sourire non feint, c'est qu'il ne pouvait pas se faire.