Juliette Binoche : "La capacité à se projeter dans le corps d'un danseur est magnifique"
Juliette Binoche est à l'affiche du film "Polina, danser sa vie", qui sort au cinéma mercredi 16 novembre. Un film co-réalisé par le chorégraphe Angelin Preljocaj et Valérie Müller. L'occasion d'évoquer l'univers si particulier de la danse avec l'actrice.
Juliette Binoche est de retour au cinéma dans le film Polina, danser sa vie, co-réalisé par le chorégraphe Angelin Preljocaj et Valerie Müller, sorti en salles mercredi 16 novembre. Dans cette adaptation de la bande dessinée Polina de Bastien Vivès, on suit le parcours d'une jeune danseuse classique russe qui réussit le concours du Bolchoï mais plaque tout pour découvrir la danse contemporaine en France, puis en Belgique.
Juliette Binoche y incarne une professeure de danse exigeante. Ça tombe bien, car l'actrice se passionne pour cet art. L'occasion de revenir avec elle sur cet univers.
Franceinfo : Polina, danser sa vie est-il, pour vous, un film qui sort des clichés sur la danse ?
Juliette Binoche : Ce film parle de danse et initie à cet univers particulier, mais il parle aussi d'une trajectoire artistique et humaine. C'est-à-dire, qu'on arrive souvent avec une éducation, un carcan, et il faut en sortir. C'est grâce à des rencontres très fortes, qui vous cassent un peu ou qui vous remettent en question, qu'on évolue et qu'on peut enfin arriver à se trouver soi-même. C'est ce qui me plaisait dans cette histoire, c'est ce qui est passionnant dans la vie, avoir cette descente en soi pour pouvoir apprécier qui l'on est et faire connaissance avec soi.
Et c'est ce que dit votre personnage à Polina lorsqu'elles se rencontrent à Aix-en-Provence, où est installée la compagnie du chorégraphe Angelin Prejlocaj
Oui, elle est encore une très jeune danseuse et le classique a une telle emprise sur le corps, que pour se défaire de cet apprentissage, c'est difficile. Le classique veut toujours s'élever vers le haut, la danse moderne, contemporaine, a un rapport à la terre, et à l'apesenteur différent.
Vous dansez aussi dans le film ?
Je danse dans une scène. Ca m'a rappelé les souvenirs de mon duo avec Akram Kahn, un danseur et chorégraphe britannique, en 2008, mais cétait alors une co-création. Là, c'est Angelin Prejlocaj qui a crée la chorégraphie. C'était un bonheur, un challenge, parce que les danseurs en général sont jeunes...et je ne suis pas danseuse mais une actrice qui aime le mouvement. Se réinventer dans cette chorégraphie, c'était du travail !
La danse n'est-elle pas la discipline artistique la plus difficile qui soit, et sans doute la plus belle ?
C'est très difficile mais il y a différentes façons de danser, différentes approches qui permettent de résister dans le temps. Quand le danseur accepte de souffrir, ça fait moins mal que lorsqu'on repousse la douleur. Les danseurs ont un rapport à leur corps passionnant, même s'ils se bousillent le corps.
Le corps du danseur est un instrument et il y a un rapport à la douleur un peu spécial, à la limite parfois du masochisme.
Angelin Prejlocaj a cette très belle formule pour inciter les gens à aller voir des spectacles de danse contemporaine, "chacun a un corps"...
Cette capacité à se projeter dans le corps d'un danseur est magnifique. Quand on voit un spectacle où il y a de la danse et du jeu, c'est le danseur qui prend le dessus, car la première chose qu'on voit c'est le mouvement, c'est le corps. Exister à côté d'un danseur pour un acteur c'est très difficile.
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