L'acteur et réalisateur Michel Blanc, personnage culte des "Bronzés", est mort à l'âge de 72 ans

Il avait été révélé dans les années 1970 avec la troupe du Splendid avant d'être consacré dans de nombreuses comédies, puis des films dramatiques.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Temps de lecture : 4 min
L'acteur Michel Blanc, à Paris, le 12 mars 2021. (THOMAS SAMSON / AFP)

Le cinéma français perd l'une de ses figures. L'acteur et réalisateur Michel Blanc est mort dans la nuit du jeudi 3 à vendredi 4 octobre 2024 à l'âge de 72 ans, a annoncé son attachée de presse à plusieurs médias, confirmant une information de Paris Match. Révélé dans les années 1970 avec la troupe du Splendid, le comédien avait explosé aux yeux du grand public avec son rôle de Jean-Claude Dusse dans Les Bronzés. Il avait ensuite enchaîné les rôles dans de nombreux films comiques, comme Viens chez moi, j'habite chez une copine, Ma femme s'appelle reviens ou Papy fait de la résistance.

"Putain Michel... Qu'est-ce que tu nous as fait...", a réagi l'acteur Gérard Jugnot, partenaire de Michel Blanc avec le Splendid, sur son compte Instagram.

Capture d'écran de l'Instagram de Gérard Jugnot en réaction au décès de Michel Blanc. (DR)

Né le 16 avril 1952 à Courbevoie (Hauts-de-Seine), Michel Blanc est fils unique. Milieu plutôt modeste avec un père déménageur qui finira cadre moyen et une mère dactylo devenue comptable. Des parents très aimants qui surprotègent leur fils, né avec un souffle au cœur.

Timide, chétif, grand hypocondriaque - "je suis le pionnier du gel hydroalcoolique !" - , le jeune Michel perd vite ses cheveux et va devoir miser sur l'humour, parfois caustique, et l'autodérision plus que sur son physique.

"Je ne m'aimais pas"

"J'ai un avantage sur les chauves tardifs, je n'ai jamais associé la calvitie à l'âge", plaisantait celui qui a longtemps été mal dans sa peau. Dès l'enfance, il se passionne pour la musique classique. À 20 ans, il tente même de faire carrière comme pianiste. Il y consacre six à sept heures par jour, mais renonce assez vite, comprenant qu'il ne sera jamais "le nouvel Arthur Rubinstein".

Changement de cap. Il rejoint sa bande de copains du lycée de Neuilly – Gérard Jugnot, Thierry Lhermitte et Christian Clavier – pour se lancer dans l'aventure du café-théâtre au sein de la troupe du Splendid. "Comme je ne m'aimais pas, j'avais envie de jouer des personnages qui n'étaient pas moi".
"C'est un homme solitaire, blessé, déconcerté", disait son amie, l'écrivaine Françoise Sagan. "Je suis un anxieux qui préfère l'action à la dépression", précisait l'intéressé.

La période Jean-Claude Dusse

Acteur populaire depuis le succès des Bronzés avec ses amis du Splendid, le tourmenté Michel Blanc, a alterné le rire et l'émotion en explorant avec finesse, devant et derrière la caméra, l'âme humaine.
"On sait jamais, sur un malentendu, ça peut marcher..." Pour beaucoup, il restera à jamais Jean-Claude Dusse, le gringalet chauve et moustachu des Bronzés, dragueur raté, toujours persuadé de pouvoir "conclure".

Si ce personnage aussi exaspérant qu'attendrissant l'a un temps enfermé dans le comique avec des rôles d'hypocondriaque ou de maladroit, le comédien avait pourtant fait ses preuves dès le milieu des années 1970 en tournant pour Tavernier (Que la fête commence), Miller (La Meilleure façon de marcher) ou Polanski (Le Locataire).

Surtout, après l'énorme succès public de Marche à l'ombre (1984), son premier film en tant que réalisateur, le comédien sait rebondir et élargir son registre en s'éclipsant le premier de la bande du Splendid. "Les gens dans la rue m'appelaient mon pote ou me criaient t'as une ouverture", rappelait-il. "Bref, ils s'adressaient à Jean-Claude Dusse... Ça m'amenait vers une carrière qui ne m'intéressait pas. Je ne stimulais plus l'imaginaire des auteurs".

Le tournant : "Tenue de soirée" et "Monsieur Hire"

Il fait exploser le "plafond de verre" grâce au transgressif Tenue de soirée (1986) de Bertrand Blier. Il y incarne l'émouvant Antoine, qui s'entiche de Gérard Depardieu et se travestit. Le rôle, couronné du Prix d'interprétation masculine à Cannes, marque un tournant dans sa carrière.

Confirmation en 1989 avec le sombre personnage de Monsieur Hire dans un registre résolument dramatique d'après Georges Simenon.

Tout au long de sa carrière, ce gros bosseur, perfectionniste, sait utiliser ses complexes et son talent d'écriture pour explorer le désenchantement et façonner les personnages de ses films, notamment ceux qu'il réalise comme Grosse fatigue (1994) et Embrassez qui vous voudrez (2002).

Il se montre convaincant dans le registre dramatique, en campant l'inquiétant Monsieur Hire ou un médecin homosexuel au début du sida dans Les Témoins (2007) d'André Téchiné. Ou encore à la télévision dans L'Affaire Dominici (2003).

Un César en 2012

Après le rendez-vous raté du troisième opus des Bronzés en 2006, sa prestation en agriculteur grincheux dans Je vous trouve très beau, réalisé par Isabelle Mergault et sorti la même année, a été saluée.

Michel Blanc, nommé quatre fois au César du meilleur acteur, remporte en 2012 la précieuse statuette pour son second rôle inattendu de directeur de cabinet dans le thriller politique L'Exercice de l'État.

L'acteur, qui mène aussi une belle carrière au théâtre, est toujours resté très discret sur sa vie privée : "Notre travail, c'est notre personne même. Si on expose son intimité, on devient un people, on n'est plus un comédien", confiait-il à Télérama en 2007. "Savoir que votre garagiste est homo ou hétéro ne change rien sur votre appréciation de son travail", ajoutait-il. "Pour les acteurs au contraire, cette connaissance est un facteur de brouillage".

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