L'univers de Tardi s'anime dans "Avril et le monde truqué"
"Pour critiquer la science, il faut rappeler qu'il y a d'un côté la pénicilline et de l'autre la bombe atomique", explique l'auteur et dessinateur de BD Jacques Tardi, 69 ans, dont les dessins sont mis en mouvement dans "Avril et le monde truqué", long métrage signé Franck Ekinci et Christian Desmares (qui a participé à "Persepolis"), en salles mercredi.
Récompensé par le Cristal du long métrage au dernier Festival international du film d'animation d'Annecy, le film utilise le procédé de l'uchronie - qui repose sur la réécriture de l'Histoire en modifiant un événement du passé - pour plonger dans une époque qui mêle faits réels et imaginaires. Hypothèse de départ, la guerre de 1870 entre la France et la Prusse n'a jamais eu lieu. Soixante-dix ans plus tard, Napoléon V dirige la France alors qu'une organisation secrète, l'Alliance, capture les scientifiques du monde entier et espionne l'humanité à l'aide de rats ou pigeons espions. Dépossédé de ses savants, privé des inventions capitales comme l'électricité, l'aviation ou le moteur à explosion, le monde est resté figé à la fin du XIXe siècle.
En 1941, dans un Paris enfumé et recouvert d'une épaisse couche de suie, Avril, une adolescente, son chat parlant, son grand-père et un informateur de la police, se lancent à la recherche des parents d'Avril, disparus eux aussi. Marion Cotillard (Avril), Jean Rochefort, Olivier Gourmet ou le chanteur Philippe Katerine prêtent leurs voix pour cette production franco-canado-belge qui a mis six ans à voir le jour.
Le parallèle avec les scénarios catastrophes liés au réchauffement climatique est évident, bien qu'involontaire
"Il y a un message écologique qui n'était pas prévu au départ mais qui est simplement la conséquence de l'univers que nous avons créé", souligne Benjamin Legrand qui dit avoir voulu faire du "sur mesure" pour Jacques Tardi. Le père de Adèle Blanc-Sec est surtout intervenu au début du projet, en réalisant des esquisses des personnages, de leurs costumes, en travaillant leurs attitudes ou leur manière de se déplacer. "Je n'ai absolument pas été trahi. Avril est une sorte d'Adèle Blanc-Sec, le policier idiot est un peu l'inspecteur Caponi - autre personnage récurrent de sa BD - et les décors de Paris au début du siècle sont fidèles à mon univers", explique le dessinateur à l'AFP. Les machineries, engrenages et autres technologies "rétro-futuristes", dessinés avec un extrême souci du détail, rappellent aussi "Le démon des glaces", album de Tardi sorti en 1974. On notera au passage la trouvaille d'un téléphérique reliant Paris à Berlin et dont la gare se situe entre deux Tour Eiffel jumelles. "On a beaucoup été inspirés par Jules Verne et le catalogue de la Manufacture de Saint-Étienne", souligne le dessinateur.
"Avril et le monde truqué" de Franck Ekinci et Christian Desmares
Sortie le 4 novembre
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