"La Belle et la Bête" : il était une fois sept adaptations
Ce conte du XVIIIe siècle a été décliné sous de multiples formats. Retour sur sept adaptations, à l'occasion de la sortie du film de Christophe Gans.
Film, comédie musicale, roman ou bande dessinée, le conte La Belle et la Bête séduit toujours autant, deux siècles et demi après sa création. La fabuleuse histoire de Belle et de son prince charmant poilu, née au XVIIIe siècle sous la plume de Gabrielle-Suzanne de Villeneuve et popularisée par Jeanne-Marie Leprince de Beaumont vers 1760, est portée à l'écran par Christophe Gans (Le Pacte des loups), mercredi 12 février. Cette nouvelle adaptation, avec Léa Seydoux et Vincent Cassel dans les rôles-titres, fera-t-elle oublier les précédentes ? Francetv info compare sept versions qui ont fait parler d'elles, chacune à leur manière.
La plus spectaculaire
Décors grandioses, ambiance à la Tim Burton et débauche d'effets spéciaux : La Belle et la Bête, façon Christophe Gans, tient plus de l'aventure numérique que du conte intimiste. "L’évolution des technologies permet de 'relire' ces contes de manière complètement débridée", explique Vincent Cassel dans Première. La plupart des scènes ont été tournées sur fond vert. Même les poils de la Bête sont créés par ordinateur. D'après l'acteur, on retrouve finalement "quelque chose de 'miyazakien' dans le traitement de l’histoire. Le film est peuplé d’esprits, de petits animaux, de géants". Léa Seydoux y voit, elle aussi, un moyen de faire rêver : "De nos jours, je trouve qu’on manque de films vraiment magiques et merveilleux. J’espère que La Belle et la Bête va venir combler ce vide-là."
La plus patrimoniale
Hasard du calendrier ? La plus grande adaptation cinématographique de La Belle et la Bête à ce jour, celle de Jean Cocteau (1946), est ressortie en version restaurée en 2013. Jean Marais y campe une inoubliable Bête à la voix profonde et légèrement plaintive. Ses yeux scintillants, surtout, dissimulés derrière un épais masque de poils, laissent entrevoir le charme et la bonté propres au personnage. Sa performance a quelque peu éclipsé celle de Josette Day, Belle pourtant remarquable, qui gagne en noblesse ce qu'elle perd en juvénilité (l'actrice avait 32 ans au moment du tournage).
La plus fantastique
Le cinéma n'est pas le seul art à s'être emparé du conte. Outre les multiples versions illustrées du texte original, il existe des bandes dessinées inspirées par l'œuvre de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont. La plus récente, concoctée par Maxe L'Hermenier et le dessinateur Looky (aux éditions Bamboo), a moins d'un mois. Univers moyenâgeux, créatures infernales, corps parfois dénudés, cette mouture insiste sur le tempérament fougueux de Belle et les scènes d'action pour séduire un public plus jeune et friand des BD de science-fiction.
La plus "Ally McBeal"
Le petit écran n'est pas en reste. A la fin des années 1980, la chaîne américaine CBS diffuse Beauty And The Beast, soit 55 épisodes répartis sur trois saisons avec Linda Hamilton (la Sarah Connor des Terminator) dans le rôle de Belle et Ron Perlman (Hellboy, La Cité des enfants perdus) dans celui de la Bête. Le récit, à l'eau de rose, est transposé à l'époque contemporaine : Belle est Catherine Chandler, une avocate new-yorkaise sauvée d'une agression par Vincent, un homme-lion qui vit dans les tunnels de la ville. Nait alors une histoire d'amour complexe et pleine d'empathie. Pour l'anecdote, le créateur Ron Koslow avait fait appel à George R.R. Martin, auteur de la série de livres A Game of Thrones, pour travailler sur le show. Il y a pire, comme référence, même si l'on ne peut s'empêcher de trouver cette romance un peu kitsch, vingt ans après.
La plus émouvante
Si vous avez moins de trente ans, vous pensez sans doute d'abord à cette version. "Y'a quelque chose dans son regard..." Les studios Disney s'emparent du mythe en 1991 pour en faire une comédie musicale à la fois drôle et pleine de charme. Qui n'a pas rêvé, comme Belle, d'échanger des boules de neige avec la Bête par un hiver glacial ? Ou de se faire servir le thé par Madame Samovar ? Les objets animés, indispensables trublions vivifiant ce château moribond, ajoutent une touche ludique à l'histoire d'amour. "C'est la fête", entonné par le chandelier Lumière, reste un des plus fameuses chansons du répertoire Disney.
La plus silencieuse
Le dessin animé Disney a donné suite à une comédie musicale, jouée au théâtre Mogador jusqu'au 27 juillet. Moins connue, la version scénique du chorégraphe Kader Belarbi, passé par le théâtre du Capitole à Toulouse, transforme ce conte en corps à corps intense. Seule la musique guide les personnages. La Bête et la Belle (le titre original a été volontairement inversé) cherche à montrer que "nous sommes des barbares raisonnés, selon les mots de l'artiste. On peut être humain et avoir une distorsion de l'animalité qui est en nous. L'idée, c'est de voir une Bête s'humaniser quand une Belle s'animalise."
La plus introuvable
Il existe enfin une version cinématographique que vous ne verrez peut-être jamais, celle d'Albert Capellani, qui date de 1908. Contacté par francetv info, le directeur du patrimoine de la Cinémathèque française, Joël Daire, n'en connait pas de plus ancienne. "Ce film d’Albert Capellani a été montré, dans une version incomplète et dans une copie en mauvais état, à Bologne il y a trois ou quatre ans. Il figure dans le coffret DVD Capellani édité par la Cinémathèque de Bologne en 2012. Il est consultable sur place à la Bibliothèque du film." Les cinémas Gaumont Pathé ont connaissance d'une adaptation encore plus ancienne, datant de 1897. Mais la copie a, semble-t-il, été perdue pour toujours.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.