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La condamnation de Luc Besson alourdie en appel pour le plagiat de "New York 1997" du réalisateur John Carpenter

La cour d'appel de Paris a condamné le cinéaste français Luc Besson et sa société de production à verser 465.000 euros de dommages et intérêts au cinéaste américain John Carpenter, à son coscénariste et à Studiocanal pour "contrefaçon" de "New York 1997" dans le film "Lock-Out".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Luc Besson s'est toujours défendu contre les accusations de plagiat 
 (KEVIN WINTER / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

"La vie est une tombola" chante Manu Chao dans l'une de ses chansons. Luc Besson vient d'en faire récemment l'expérience. Encore acclamé la semaine dernière au Comic-Con de San Diego où il présentait des extraits de son prochain film, "Valérian", le cinéaste français a été condamné en appel pour plagiat. Selon un arrêt de la cour d'appel de Paris du 10 juin, lui et sa société Europacorp devront verser 465.000 euros de dommages et intérêts au cinéaste américain John Carpenter, à son coscénariste et à Studiocanal pour "contrefaçon" de "New York 1997" dans le film "Lock-Out".

Dédommagements en cascade

D'après cette décision de justice, mise en ligne ce vendredi par BFM Business, Luc Besson et Europacorp, ainsi que James Mather et Stephen Saint-Léger, qui ont coécrit et coréalisé "Lock-Out" en collaboration avec Besson, ont été condamnés le 10 juin dernier à verser 100.000 euros de dommages et intérêts à John Carpenter. Ils devront aussi verser 40.000 euros à Nick Castle, qui a coécrit  "New-York 1997", sorti en 1981. 300.000 euros de dommages et intérêts doivent par ailleurs être versés à Studiocanal, qui détient les droits d'exploitation de "New-York  1997", ainsi qu'une somme complémentaire de 25.000 euros à Studiocanal, John Carpenter et Nick Castle.

Le montant des indemnités réévalué

La cour d'appel a fortement alourdi les dommages et intérêts, fixés à 85.000 euros lors d'un premier jugement rendu en mai 2015 par le tribunal de grande instance de Paris. Europacorp avait alors fait appel. John Carpenter, Nick Castle et Studiocanal réclamaient au total 2,2  millions d'euros.

Dans sa décision, la cour d'appel souligne les nombreuses ressemblances entre les deux films de science-fiction. "Il apparaît que les articulations des trames respectives des deux récits en cause accumulent les similitudes", note celle-ci. Pour elle, "est constitutive de contrefaçon la reprise massive et semblablement agencée (...) d'éléments essentiels de l'oeuvre "New York 1997"". La cour d'appel de Paris estime que le TGI de Paris "n'ayant pas pris la juste mesure du préjudice moral qu'ils [les ayants-droits] ont subi en regard, notamment, de l'importante diffusion du film "Lock Out", il faut  "réévaluer le montant des indemnités accordées à chacun d'eux".
 
Studiocanal ayant par ailleurs argué que la sortie de "Lock Out" avait fait  échouer un projet de remake de "New York 1997", la cour juge que le préjudice subi par la société doit être indemnisé "par l'allocation d'une somme de  300.000 euros".

Deux scénarios quasi-identiques

Film de science-fiction sorti en 2012, "Lock Out" raconte l'histoire de la fille du président des Etats-Unis, qui visite en 2079 une station spatiale où sont détenus des criminels. Les prisonniers prennent le contrôle de la station, et un ex-agent de la CIA est envoyé pour sauver la jeune femme. "New York 1997" se déroule quant à lui dans un avenir proche, où Manhattan a été transformée en prison de haute sécurité. Un ancien soldat à 24 heures pour trouver le président des Etats-Unis, capturé par les détenus.

Luc Besson, qui avait dénoncé une "entrave à la liberté artistique" avant de faire appel il y a un an de la première condamnation ne s'est pas personnellement exprimé sur la décision rendue par la cour d'appel de Paris. Interrogé par BFM.com, la société Europacorp a  indiqué : " La modicité de la condamnation montre que les tribunaux n’ont finalement retenu que de simples similitudes par rapport à l’importance des sommes demandées par les plaignants. Néanmoins, comme nous l’avons toujours dit, nous ne partageons pas l’interprétation faite par les tribunaux, car nous considérons que les deux œuvres n’ont rien de similaires dans leur impression d’ensemble. C’est pourquoi, en accord avec notre assureur, EuropaCorp a mis en œuvre son assurance 'erreurs et omissions' pour couvrir cette charge". Le studio, créé en 1992 par le réalisateur de "Taxi" et du "Cinquième élément", a ajouté qu'il ne se pourvoira pas en cassation.
         

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