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"La défense du dragon" : les échecs pour conjurer l'échec

Le premier film de la réalisatrice colombienne Natalia Santa "La défense du Dragon" est présenté dans la sélection de la Quinzaine des Réalisateurs". Un portrait croisé de trois amis de plus de cinquante ans et de leur addiction aux échecs, au poker ou aux jeux de casino. Le jeu, un refuge pour ne pas affronter la vie qui passe.
Article rédigé par franceinfo
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La Défense du Dragon
 (DR)

Pour son premier film, la Colombienne Natalia Santa a trouvé son inspiration dans les clichés qu'Ivan Herrera, son mari photographe, a rapporté de ses pérégrinations dans Bogota. A partir de ces visages anonymes et de ces lieux sans charme, elle a imaginé des personnages unis par l'amitié et tous bloqués par une peur de perdre qui les empêche de vivre. Tous fatigués. Les trois Messieurs se sont figés dans un temps qui n'est pas celui des téléphones portables. La vie semble s'articuler autour des tables de jeux, qu'il s'agisse du poker pour l'un mais surtout des échecs. Les tournois auxquels ils participent chaque samedi marquent l'apogée de leur plaisir de vivre. Même s'ils ne remportent pas toutes les parties. Leur vie sentimentale est pauvre sinon inexistante, ce qui n'empêche pas les nouvelles chances de se présenter.
"La défense du dragon" est la contraction d'une stratégie aux échecs qui se nomme "La défense sicilenne, variante du dragon". Comme un autre film évoquant, dans un tout autre contexte le jeu d'échecs se nommait '"La diagonale du fou", Natalia Santa a choisi ce beau titre pour nous plonger tout de suite dans cet état d'esprit particulier. "Quand tu es un vrai joueur d'échecs, tu penses échecs toute la journée..." dit l'un des protagonistes à un futur passionné en formation. Lui est aux échecs ce que le geek est à l'informatique. Il vit des échecs et vit pour eux. Le reste est gris, sans relief et sa sexualité est solitaire. Quelques événements vont changer son regard et, peut-être l'ouvrir sur une nouvelle vie. On s'intéresse à ces trois personnages un peu comme un entomologiste regarde vivre quelques insectes. Ils nous renseignent aussi un peu sur la Colombie, un pays lointain et méconnu des Français.

"La Defensa del Dragon" n'a pas encore trouvé de distributeur français. La Quinzaine des Réalisateurs donne ainsi leur chance à des films qui méritent d'être vus par les amateurs français de cinéma mais qui ne trouverait peut être pas de débouché dans l'hexagone. L'accueil réservé à celui-ci par le public de la Quinzaine donnera peut-être envie à un distributeur de lui ouvrir l'accès des salles françaises. Il pourrait atteindre un public de cinéphiles curieux. 
 

La réalisatrice Natalia Santa, le comédien Gonzalo de Sagarminaga et la productrice Ivette Liang à Cannes le 24 mai 2017
 (Jean-François Lixon)


La défense du Dragon
Film colombien de Natalia Santa
avec Gonzalo de Sagarminaga, Hernan Mendez, Manuel Navarro 

Synopsis

Au cœur de Bogota, trois vieux amis, Samuel, Joaquín et Marcos, passent leurs journées entre le légendaire club d’échecs Lasker, le Casino Caribéen et le café traditionnel La Normanda. Joueur d’échecs professionnel, Samuel vit des paris qu’il fait sur les petites parties qu’il est certain de gagner. Son meilleur ami, Joaquín, horloger accompli, est lui sur le point de perdre la petite boutique qu’il a héritée de son père. Quant à Marcos, homéopathe espagnol, il consacre son temps à trouver la formule qui lui permettra de gagner au poker. Tous trois vivent à l’abri de leurs routines quotidiennes, évitant ainsi soigneusement de faire face à leurs échecs. Leur confrontation avec la réalité va les faire chanceler.

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