La mort de Bernadette Lafont, la "fiancée du pirate"
Bernadette Lafont n'est plus. L'interprète de "La fiancée du pirate" (1969), égérie de la Nouvelle Vague et actrice dans plus de cent films, n'a pu surmonter les suites du malaise cardiaque qui l'avait frappée lundi. Placée en réanimation mercredi soir au CHU de Nîmes, elle s'est éteinte jeudi matin. Âgée de 74 ans, la comédienne aux plus de cinquante ans de carrière avait été hospitalisée ce lundi.
Récit : Christophe Airaud
Actrice hyperactive, enchaînant tournages et projets, Bernadette Lafont a connu un beau succès avec son dernier film "Paulette", sorti en janvier dernier. Elle y interprétait le rôle-titre, une retraitée se mettant à vendre du cannabis afin de s'en sortir. Le film a attiré plus d'un million de spectateurs.
Interrogée par "Libération", l'actrice se confiait au quotidien à propos de l'âge, expliquant sa forme par la "beaucoup de danse classique" dans sa jeunesse, remplacée ensuite par la méthode Pilates. "Je n'aime pas faire pitié", confessait-elle avant d'encenser l'effort physique, qui "donne de la tenue et de la résistance". Lancée par la Nouvelle Vague
Fille d'un pharmacien nîmois aimant les "gens connus et reconnus", Bernadette Lafont entame sa carrière cinématographique avec un autre débutant du septième art, François Truffaut, dans "Les Mistons" (1957). Le réalisateur la définira plus tard comme "artiste fantaisiste et rigoureuse en même temps, jamais démagogique, droite chandelle jamais vacillante". Elle poursuit avec plusieurs collaborations avec Claude Chabrol, comme "Les Bonnes Femmes" en 1960.
Devenue l'égérie de la Nouvelle Vague, l'actrice s'illustre dans "Une Belle fille comme moi", de Truffaut (1972) puis "La Maman et la putain" de Jean Eustache (1973). César d'honneur en 2003
Dans les années 1980, elle travaille beaucoup avec Jean-Pierre Mocky et récolte un César (meilleure actrice dans un second rôle) grâce à "L'effrontée" de Claude Miller (1985). Le XXIe siècle voit l'actrice incarner des rôles de grand-mère, comme dans "Prête-moi ta main" (d'Eric Lartigau, en 2006). Un César d'honneur en 2003 récompensera l'ensemble de la carrière de cette actrice ayant fait de nombreuses incursions sur les planches (dans "L'amour, la mort, les fringues" par exemple).
Aimant jouer des rôles aux antipodes de sa personnalité, Bernadette Lafont se définissait comme "quelqu'un de parfaitement ennuyeux, de complètement bourgeois", vivant "depuis plus de trente ans dans le même appartement, dans le Marais, avec son chat". Mère de trois enfants, dont Pauline, disparue tragiquement
L'affaire Pauline Lafont fut très médiatisée, son accident en montagne donnant lieu à toutes sortes de spéculations durant trois mois, entre le moment où elle fut aperçue pour la dernière fois, et celui où son corps fut retrouvé. Elle était partie se promener depuis la demeure familiale à Saint-André-de-Valborgne, dans le Gard. Très atteinte par cette tragédie, Bernadette Lafont s'est pourtant relevée, se focalisant sur ses autres enfants, et sa petite-fille née un mois plus tard. Le cinéma, aussi, l'a beaucoup aidé. Elle confiait avoir "reçu beaucoup de chaleur" de la part des jeunes comédiens participant aux ateliers du cinéma de Nîmes qu'elle venait de lancer.
Attachée à ses racines gardoises
Originaire du Gard, Bernadette Lafont est restée attachée à sa terre cévenole toute sa vie. Ayant commencé sa vie professionnelle à Nîmes, elle s'est éteinte dans cette même ville cinquante-cinq ans plus tard, à l'âge de 74 ans.
Conservant son sens de l'humour et ayant su se réinventer au cours d'une carrière l'ayant vu alterner drames, comédies, classiques et nanars, Bernadette Lafont a tourné dans plus d'une centaine de films, sans compter ses rôles au théâtre ou dans les téléfilms. Elle devait tourner "Les vacances du petit Nicolas" dans les mois à venir.
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