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La Mostra de Venise, nouvelle tribune politique ?

La 75e Mostra de Venise entame bientôt sa deuxième semaine de festival. Chronique quotidienne d'un cinéma qui se vit sur le Lido, autant que sur le tapis rouge et dans les salles. Venise, tribune également politique : Jacques Audiard, Emir Kusturica, Amos Gitaï, Victor Kossakovsky, les cinéastes présentent leurs films, s'expriment, débattent. Derniers échos en date depuis Venise.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Publié Mis à jour
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Jacques Audiard arrive sur le tapis rouge à la Mostra de Venise 2018 où il présente son film "Les frères Sisters".
 (Matteo Chinellato / NurPhoto)
1.
"Où sont les femmes ?", dénonce Jacques Audiard
Le cinéaste français Jacques Audiard a dénoncé, dimanche à Venise, l'absence de femmes à la tête des festivals de cinéma, critiquant au passage la sous-représentation féminine cette année dans la sélection de la Mostra. "Ca fait 25 ans que mes films sont dans les festivals, je n'ai pas vu de femmes à la tête des festivals", a déclaré Jacques Audiard, venu présenter en compétition son western "Les Frères Sisters".

Le réalisateur s'est dit "surpris" du rapport de vingt contre un parmi les cinéastes en lice pour le Lion d'Or. Sur 21 films, un seul est réalisé cette année par une femme, "The Nightingale" de Jennifer Kent. "J'ai envoyé des courriers à mes confrères de la sélection et j'ai senti qu'il n'y avait pas un écho formidable", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse. Il a également dénoncé l'opacité des comités de sélection "en genre et en nombre", estimant "c'est ça qu'il faut changer". "L'égalité ça se compte, la justice ça s'applique, c'est très simple", a-t-il souligné.
2.
Selon Amos Gitaï, Israël considère "la culture comme de la propagande"
Le cinéaste israélien Amos Gitaï a sévèrement critiqué, lundi à Venise, le gouvernement de son pays. "En Israël, il y a un grand débat avec le ministère de la Culture de ce gouvernement, un très mauvais gouvernement, qui pense que la culture est de la propagande", a déclaré Amos Gitaï en conférence de presse.

"Je pense que la direction que prend le pays est très problématique. S'ils continuent, ils vont détruire l'idée d'une société ouverte", a ajouté le cinéaste qui a également évoqué "l'antisémitisme européen", qui se trouve selon lui "dans l'ADN de la société européenne". Le réalisateur de 67 ans est à Venise pour présenter deux de ses films (hors compétition): "A letter from a friend in Gaza" (Lettre d'un ami à Gaza) et "A Tramway in Jerusalem" (Un tramway à Jérusalem).
3.
Un appel vibrant en faveur du cinéaste russe Oleg Sentsov
Un réalisateur russe a lancé samedi à la Mostra de Venise un appel pour sauver la vie de son collègue ukrainien Oleg Sentsov, en grève de la faim depuis le 14 mai dans une prison russe. La voix brisée par l'émotion, Victor Kossakovsky a supplié les autorités russes de libérer M. Sentsov, 42 ans, arrêté en Crimée en 2014 au moment de l'annexion par la Russie de cette péninsule ukrainienne. Victor Kossakovsky, qui présentait son documentaire "Aquarella" à la 75e édition de la Mostra, a demandé aux autorités russes d'épargner la vie d'Oleg Sentsov "non en tant qu'acte politique, mais comme un acte de compassion".
4.
Kusturica tire le portrait affectueux de l'ex-président uruguayen Mujica

L'ex-président et guérillero uruguayen José Mujica est devenu lundi, bien qu'il s'en défende, la star du 75ème festival de cinéma de Venise grâce à son "ami" Emir Kusturica. Agé de 83 ans, l'ancien président qui a dirigé son pays de 2010 à 2015 après des années dans les prisons de la dictature et un passé de guérillero, est l'objet du portrait documentaire affectueux de Kusturica baptisé "El pepe, una vida suprema" (Pepe, une vie suprême).

"La première fois que j'ai vu Mujica, il était assis sur un tracteur. On m'a dit, voilà le président, et je me suis dit, voilà mon homme", a raconté le cinéaste serbe auteur notamment de "Le temps des gitans" et "Chat blanc, chat noir". Les années de prison et de torture, endurées par "Pepe" Mujica pendant la dictature dans son pays (1973-1985) ont fait l'objet d'un autre documentaire "La noche de 12 años" (Une nuit de 12 ans), réalisé par le cinéaste uruguayen Alvaro Brechner, et présenté dans la section Horizons de cette Mostra.


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