La réalisatrice ghanéenne Juliet Yaa Asantewa Asante veut réveiller le cinéma africain
À chaque fois qu'elle assiste à un événement international autour du cinéma, la réalisatrice ghanéenne Juliet Yaa Asantewa Asante se répète la même chose : le potentiel du cinéma africain est immense, mais il est encore en sommeil. Le continent africain, dont la population est la plus jeune au monde selon les Nations unies, ne compte que 1 700 salles de cinéma, contre 44 000 aux États-Unis et 75 500 en Chine. "Il y a des histoires à raconter partout, nous avons tellement de récits à portée de main que nous n'avons pas encore exploités", a expliqué à l'AFP Juliet Yaa Asantewa Asante.
Et ce, malgré les récents succès de films africains sur les plateformes de streaming, comme le thriller nigérian The Black Book sorti sur Netflix cette année. "Cela me semble toujours irréel, The Black Book a été vu par plus de Coréens que de Nigérians", avait alors réagi son réalisateur Editi Effiong sur le réseau social X (ex-Twitter).
Sur le continent, l'industrie du film nigériane, Nollywood, produit environ 2 500 films par an et se positionne juste derrière Bollywood, le géant indien qui domine le cinéma mondial. "Mais même au Nigeria, le pays le plus peuplé du continent, nous pouvons faire mieux", a ajouté Juliet Yaa Asantewa Asante.
Attirer des tournages internationaux
Les pays africains souffrent d'un manque d'investissements structurels dans cette industrie qui génère environ 5 milliards de dollars par an. Mais "une hausse des investissements permettrait de créer plus de 20 millions d'emplois et de générer 20 milliards de dollars de revenus par an", note l'Unesco dans un rapport de 2021.
"Si les gouvernements mettent en place des mesures fiscales intéressantes, cela incitera le secteur privé à investir", a confié à l'AFP Juliet Yaa Asantewa Asante.
Selon l'Unesco, seule la moitié des pays du continent ont établi des politiques publiques concernant le secteur audiovisuel et seulement 44% d'entre eux ont une agence publique dédiée au secteur. Le manque de financements et d'investissements dans le cinéma est structurel en Afrique, et seule une poignée de pays y voit une industrie pourvoyeuse d'emplois.
L'État de Lagos, la capitale économique de la plus grosse économie d'Afrique, est en train de construire des studios de tournage à l'image de Hollywood pour soutenir Nollywood.
Le Ghana a lancé une campagne "Tournez au Ghana" ("Shoot in Ghana") pour attirer les tournages internationaux. Récemment en visite dans le pays, l'acteur britannique Idris Elba avait affirmé que son prochain film serait tourné en partie au Ghana, selon les médias locaux.
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