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"L’Amour est un crime parfait" : Amalric pris dans un piège sensuel

Les frères Larrieu n’étaient pas revenus sur les écrans depuis six ans, leur dernier film, "Les Derniers jours du monde", ne faisant pas l’unanimité en 2008. Avec "L’Amour est un crime parfait", ils adaptent "Les Incidences", roman de Philippe Djan, avec dans le premier rôle Mathieu Amalric, leur acteur de prédilection, Karin Viard, Maïwenn, Sarah Forestier et Denis Podalydès : qui dit mieux ?
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Mathieu Amalric et Sarah Forestier dans "L'Amour est un crime parfait" de Jean-Marie Larrieu et Arnaud Larrieu
 (Gaumont Distribution)

De  Jean-Marie Larrieu et Arnaud Larrieu (France), avec : Mathieu Amalric, Karin Viard, Maïwenn, Sara Forestier, Denis Podalydès - 1h51 - Sortie : 15 janvier 2014

Synopsis : Professeur de littérature à l’université de Lausanne, Marc a la réputation de collectionner les aventures amoureuses avec ses étudiantes. Quelques jours après la disparition de la plus brillante d’entre elles qui était sa dernière conquête, il rencontre Anna qui cherche à en savoir plus sur sa belle-fille disparue...

Un tombeur
Beau texte que cette adaptation d’un thriller, dont le personnage principal est un prof d’écriture qui « tombe » tout ce qui l’entoure, étudiantes, proches, ou inconnues. Sur le plan littéraire, le titre, "L’Amour est un crime parfait", s’avère un bel oxymore qui traduit tout le film. Si on est un homme, on voudrait bien être ce Marc (Mathieu Amalric), détenteur d’un tel charisme et potentiel sexuel. Mais c’est évidemment ce par quoi il pèche, qu’il va être rattrapé. Faut-il y voir une leçon de morale ? De la part de Djan ou des frères Larrieu, on ne sait trop, et c’est mieux ainsi. Plutôt que moral, restons amoral.

Car tout cela, on l’imagine, tournera mal. Marc, personnage sympathique, quelque peu addict au sexe avec les jeunes personnes, profitant de son statut de prof auprès de ses étudiantes, Marc va devoir virer sa cuti. L'une d'elle disparaît après une soirée et il devient le principal suspect. Il ne se rappelle de rien, car Marc a des absences, et serait somnambule, selon sa sœur, alors qu’il est harcelé par une autre étudiante. Sa rencontre avec la mère de la victime (Maïwenn) va ensuite lui révéler une sexualité plus mature : jusqu’ici tout va, relativement, bien.

Karin Viard et Maïwenn dans "L'Amour est un crime parfait" de Jean-Marie Larrieu et Arnaud Larrieu
 (Gaumont Distribution)

Inceste
La résolution de l’équation se trouve certainement dans la relation de Marc avec sa sœur (formidable Karin Viard), avec laquelle il vit dans le même chalet. Leur rapprochement est implicitement incestueux depuis l’enfance. Leurs rapports entre adultes sont semblables à ceux d’un couple, dans leur jalousie réciproque dès qu’un ou une rivale s’interposent. C’est le pan le plus intéressant du film, au-delà de l’intrigue policière, du harcèlement de la jeune étudiante Annie (Sarah Forestier) ou des meurtres. Ce rapport, évidemment amoureux entre un frère et une sœur, est à la source de la psychologie de Marc et de sa dérive.

Comment cette dérive se traduit, on laissera le spectateur le découvrir. Les frères Larrieu parviennent toutefois à le maintenir, un peu trop longuement, en suspens. En effet, après une mise en situation rapide, le film tergiverse quelque peu mais se rattrape rapidement pour nous emmener jusqu’au bout. Ces rebondissements sont cependant un rien laborieux. Une lacune narrative qui n’enlève rien, au final, à cette intrigue, très fantasmatique et originale, digne d’un Hitchcock, auquel le titre « L’amour est un crime parfait » fait référence. A voir.

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