Le biopic "Dalida" "rend justice à la femme publique autant qu'à la femme privée", selon son frère Orlando
"Dalida", le biopic de Lisa Azuelos, sort mercredi dans les salles de cinéma. Un film réussi, selon son frère et manager, Orlando.
Trente ans après la mort de la chanteuse, le film Dalida de la réalisatrice Lisa Azuelos sort mercredi 11 janvier dans 550 salles de cinéma en France. Ce biopic aborde la carrière mais aussi la face tourmentée de la chanteuse. L'Italienne Sveva Alviti, inconnue jusque-là, y tient le premier rôle. Le frère et manager de Dalida, Orlando, se confie à franceinfo.
franceinfo : On a le sentiment que Dalida n'a jamais été autant à la mode qu'aujourd'hui. Plus qu'en 1987, au moment de sa disparition ?
Orlando : Non, pas du tout, parce que le film qu'elle avait tourné cette année-là, Le sixième jour (de Youssef Chahine), avait fait beaucoup de bruit dans la presse et dans les critiques. Il s'agissait d'un film d'auteur qui n'a pas trouvé son public. Mais Dalida est partie sur un film, elle qui voulait montrer qu'elle était comédienne, en plus d'être chanteuse. Ce pari-là, elle l'a gagné. Toutes les critiques avaient reconnu en elle une nouvelle tragédienne.
Elle avait un peu mis la chanson entre parenthèses, à cause du film qu'elle avait tourné un an auparavant et à cause de la promotion. Elle ne voulait pas mélanger les deux. Donc à la fin, cela faisait un ou deux ans qu'elle n'avait pas sorti de disque, ça c'est exact.
On sort de ce film de Liza Azuelos à la fois heureux d'avoir réentendu beaucoup de chansons de Dalida, et à la fois un peu déprimé par la vie qu'elle a eue. Elle était malheureuse ?
Elle n'était pas déprimée. Parce que Dalida a tout accepté, le bonheur comme le malheur. Elle a été malheureuse, mais elle a aussi croqué la vie à pleines dents. Elle était aussi très solaire parce que sinon, elle n'aurait pas pu donner autant de rêve aux gens et elle n'aurait pas pu faire la carrière qu'elle a faite.
Avez-vous été dérouté qu'on aille chercher Yolanda, plus que Dalida ?
La chanteuse, tout le monde la connaît : ses chansons, ses ventes de disques, ses triomphes... Celle qu'il fallait faire connaître, c'est la femme dans la vie privée, celle que le public connaît moins.
Ce qui est merveilleux dans ce film, c'est qu'on rend justice à la femme publique autant qu'à la femme privée.
Orlando, frère de Dalidaà franceinfo
Je dis souvent que quand elle s'est occupée de sa carrière, Dalida a tout réussi. Quand elle s'est occupée de sa vie privée, elle a été plus maladroite, mais elle n'a rien regretté. Elle a toujours dit : "Chaque homme m'a apporté quelque chose. J'ai pris le meilleur de chaque homme". D'ailleurs, dans le film, on voit bien leur diversité. Aucun homme ne ressemblait à un autre. Ni physiquement, ni intellectuellement, ni spirituellement.
Au fond, la Dalida qu'on retient, c'est celle de Gigi L'Amoroso et de tous les autres tubes...
Il y en a eu des tubes ! N'ayons pas peur des mots : aucune artiste n'a eu autant de tubes que Dalida dans sa carrière. Bien sûr que ce sont les chansons qui traversent le temps et qu'on garde en mémoire. Mais le film n'est pas un film de variété, c'est un film qui raconte la vie de Dalida, plus près de la colonne vertébrale, mais à travers le regard de la réalisatrice.
Dans le film, on rencontre aussi une Dalida plus mélancolique, celle qui chantait Avec le temps de Léo Ferré... Le public avait-il conscience que la chanteuse traversait un moment difficile quand elle a chanté cette chanson ?
Dalida et son public ont tissé un lien d'amitié, de confiance et d'amour qui ne s'est jamais démenti jusqu'à aujourd'hui. Le public a un sens que nous n'avons pas. Il l'a toujours suivie, même quand elle a fait une révolution intérieure et artistique. On le voit bien dans le film, quand elle voulait chanter de grands textes à l'Olympia, comme Je suis malade, Avec le temps ou Quand on n'a que l'amour. Bruno Coquatrix, le directeur de l'Olympia, n'y a pas cru.
Elle y croyait et le public l'a suivie. Pourquoi ? Parce qu'à un moment de sa vie où elle a connu un drame personnel (le suicide de son compagnon), elle avait besoin d'une nourriture de l'esprit. Toutes ces épreuves qu'elle a traversées, elle les a mises au service de son art. Il lui fallait des chansons et des textes qui correspondaient à celle qu'elle était devenue.
Quel a été votre rôle dans ce tournant de sa vie et de sa carrière ?
Je me suis mis à la recherche de chansons qui lui correspondaient. J'ai dû évoluer en même temps qu'elle, sinon je n'aurais pas pu la servir. C'était une sorte de contrat entre elle et moi. Elle me disait : "Occupe-toi de me trouver des tubes. Mais sur scène, je suis toute seule et je choisis les chansons que j'ai envie de défendre". Elle avait raison. Donc toutes ces chansons, c'était son propre choix.
Toute la vie de Dalida, personnelle ou professionnelle, n'a été qu'un éternel rebondissement. Elle ne s'est jamais endormie sur ses lauriers. Elle savait qu'on arrive dans une carrière seulement le jour où on la quitte. La preuve : c'est elle qui a décidé du jour où elle s'en irait et où elle baisserait le rideau à sa manière. Comme elle l'a chanté, d'ailleurs.
Vous êtes le gardien du temple. Vous avez maintenu l'icône de Dalida vivante pendant ces trente dernières années. Après vous, qui protégera l'image de la chanteuse ?
Le ciel la protégera ! Je n'ai fait que continuer ce que je faisais déjà de son vivant. Ma mission maintenant est de la projeter vers la nouvelle génération. Aujourd'hui, avec le film, les jeunes découvrent, écoutent la Dalida qu'écoutaient leurs parents. C'est intéressant.
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