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Le cinéaste américain Melvin Van Peebles, pionnier de la "Blaxploitation", est mort à 89 ans

L'écrivain et réalisateur américain Melvin Van Peebles, pionnier de la "Blaxploitation", dont le film avant-gardiste "Sweet Sweetback's Baadasssss Song" a inspiré les jeunes générations de cinéastes noirs, est décédé à l'âge de 89 ans.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Melvin Van Peebles (MAXPPP)

"Nous avons la tristesse d'annoncer le décès d'un géant du cinéma américain, Melvin Van Peebles, qui est mort la nuit dernière (la nuit de mardi à mercredi), chez lui avec sa famille, à l'âge de 89 ans", ont annoncé son fils, l'acteur Mario Van Peebles, et l'entreprise de distribution de films Criterion Collection dans un communiqué. "Au cours d'une carrière unique, M. Van Peebles a laissé une trace indélébile dans le paysage culturel mondial. Il nous manquera profondément".

Le réalisateur a vécu une jeunesse aux mille métiers. Un passage dans l’Air Force comme navigateur-bombardier, une vie d’artiste à Mexico, une courte carrière dans les transports, Melvin Van Peebles a été un touche à tout. C’est un passant qui lui suggère un jour de devenir réalisateur, il se met alors à tourner ses premiers films. Ces derniers ne connaîtront que peu de succès à Hollywood, où le réalisateur rêve de s'imposer.

Un détour important par la France 

Ces long-métrages tapent cependant dans l’œil d’un français, qui lui propose de les projeter dans son pays. Melvin Van Peebles, qui ne parlait à l’origine pas un mot de la langue de Molière, se met à traduire le magazine Mad en français. Il travaille également en collaboration avec le journal Hara-Kiri. De 1964 à 1966, il signe La chronique du gard qui sait de quoi il parle, et publie Le Chinois du XIVe, illustré par Roland Topor, et préfacé par André Hardelet. Il y raconte les tribulations du Café Mon Moulin, dans les années 60. Lors d’une coupure de courant dans le quartier, les habitués du troquet se rassemblent autour de bougies et d’une bouteille de vin, chacun y livre son histoire. 

En 1968, il réalise son film, La Permission, en France. Il met en scène la rencontre d’un militaire noir et d’une jeune française blanche, après laquelle le GI sera mis à l’arrêt. C’est là les prémisses du mouvement cinématographique de la "Blaxploitation", dont il sera l’instigateur : des films faits par et pour les Noirs. Il y revalorise l’image des Afro-américains, dans une Amérique encore marquée par ségrégation, en leur donnant des rôles dignes et de premier plan. Ce premier film gagne le Prix de la critique au Festival de San Francisco, et lui ouvre enfin les portes des studios hollywoodiens.

Une inspiration pour Spike Lee et Barry Jenkins

Sweet Sweetback's Baadasssss Song, sorti en 1971, est un film à petit budget sur un homme se produisant dans des spectacles pornographiques qui tue deux policiers racistes parce qu'ils passaient à tabac un militant des Black Panthers. Cette oeuvre inspire nombre de réalisateurs plus jeunes, comme Spike Lee et Barry Jenkins."Je ne savais même pas que j'avais un héritage", avait-t-il confié au New York Times en 2010. "Je fais ce que j'ai envie de faire".

Sweet Sweetback, qu'il a écrit, réalisé et financé, et dont il tient le rôle principal, était sorti dans seulement deux cinémas mais grâce au bouche-à-oreille, il a fini par rapporter 10 millions de dollars, en faisant le film indépendant le plus rentable de l'histoire à l'époque, selon le Hollywood Reporter.

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