Le CNC lance une formation à destination des professionnels du cinéma pour prévenir les violences sexuelles
Le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a lancé une formation, à destination des professionnels du secteur, pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.
Près d'un an après le séisme provoqué par les accusations de l'actrice Adèle Haenel visant le réalisateur Christophe Ruggia, le Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC) a lancé le 6 octobre une formation pour prévenir les violences sexuelles, à destination des employeurs du secteur.
Le fruit de la mobilisation #MeToo
Novembre 2019 : le cinéma français se fait rattraper par la vague #MeToo née aux Etats-Unis deux ans plus tôt. Peu après les déclarations d'Adèle Haenel, qui affirme avoir été victime d'"attouchements" et de "harcèlement sexuel" de la part de Christophe Ruggia quand elle était âgée de 12 à 15 ans, de nouvelles accusations de viol portées par une photographe française s'ajoutent à celles visant le réalisateur franco-polonais Roman Polanski depuis une quarantaine d'années.
Dans la foulée, l'ancien ministre de la Culture Franck Riester annonce une série de mesures pour lutter contre le harcèlement sexuel dans le cinéma, dont le conditionnement des aides du CNC au respect d'obligations qui restent encore à définir.
Identifier "les facteurs de risques"
La formation inaugurée onze mois plus tard au CNC fait ainsi "dorénavant" partie de ces obligations, après une "longue" concertation avec les filières du "cinéma, de l'audiovisuel et du jeu vidéo", a expliqué le président du CNC Dominique Boutonnat le 6 octobre, devant une quarantaine de personnes.
Prise en charge par le CNC et dispensée par l'association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT), la formation se déclinera en 90 sessions à l'intention de 9 000 professionnels d'ici "trois ans", a ajouté M. Boutonnat.
Objectifs de la formation Prévenir et agir contre les violences sexistes et sexuelles :
— Le CNC (@LeCNC) October 6, 2020
- savoir définir les violences sexistes/sexuelles
- connaître les modes de preuves
- s’approprier les obligations des employeurs
- comprendre les leviers de soumission spécifiques au secteur pic.twitter.com/qBkIbaFhDH
Elle s'adressera dans un premier temps aux producteurs, vendeurs internationaux et distributeurs, puis aux exploitants et industries, selon le CNC. Il s'agira notamment de rappeler aux employeurs leurs "obligations légales" et de les aider à identifier "les facteurs de risques" propres au secteur.
"C'est vraiment le réalisateur qui donne le la"
Dans une vidéo diffusée en début de session, trois techniciennes témoignent par exemple de la "proximité des corps" lors des tournages, qui peut faciliter les abus, ou encore des "rapports de domination" instaurés par des confrères masculins apportant leur "aide".
Au lancement de la formation CNC « Prévenir et agir contre les violences sexistes et sexuelles », projection d’une vidéo montrant trois témoignages de femmes qui présentent les facteurs de risques dans les milieux du cinéma et de l’audiovisuel. pic.twitter.com/IYrTw6i24r
— Le CNC (@LeCNC) October 6, 2020
Outre la formation, d'autres mesures sont imposées aux demandeurs d'aides, parmi lesquelles la "désignation d'un référent" sur le harcèlement sexuel "pour les entreprises de plus de 250 personnes", ou encore "l'élaboration d'une procédure interne de signalement".
Mais rien n'est pour l'heure prévu à l'adresse des réalisateurs. Or, selon une technicienne de tournage citée dans la vidéo : "C'est vraiment le réalisateur qui donne le la, ça va être la seule personne qui va être capable de mettre un stop sur le plateau puisqu'il le fait au sacrifice de son film".
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