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Le film "Renoir" sur la route des Oscars !

"Renoir", film de Gilles Bourdos sur la fin de vie du peintre Auguste Renoir; est proposé pour représenter la France aux Oscars début mars.
Article rédigé par franceinfo - AFP et Jacky Bornet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Extrait du film "Renoir"
 (MARS DISTRIBUTION)

Le film se déroule en 1915 sur la Côte d'Azur. Il raconte l'arrivée dans la villa du peintre (Michel Bouquet) usé par les douleurs de l'âge, d'Andrée (Christa Théret), une jeune femme qui va devenir le modèle du peintre et bousculer la vie de toute la famille, dont celle du fils Jean (Vincent Rottiers). 

Chaque année, l'Académie des Oscars retient cinq films seulement dans la catégorie du meilleur film étranger, sur 60 à 70 proposés par différents pays. la prochaine cérémonie aura lieu le 2 mars prochain. D'ici là, l'Académie annoncera une short-list puis sa sélection finale.

L'an dernier, "Intouchables" de Eric Toledano et Olivier Nakache, film français le plus vu en France et à l'étranger, avait été choisi pour représenter la France. Il avait fait partie des 9 films encore en course en décembre. En janvier cependant, il n'était plus dans les cinq longs métrages étrangers retenus pour concourir. Le dernier film français à avoir remporté la statuette dans cette catégorie est "Indochine" de Régis Wargnier (1993), avec Catherine Deneuve. 

"Renoir", qui a passé la barre des 500.000 entrées depuis sa sortie début janvier, a été choisi par les sept membres de la commission chargée de la sélection du film représentant la France, parmi lesquelles figurent la comédienne Isabelle Adjani et le réalisateur Laurent Cantet, Palme d'or à Cannes en 2008 pour "Entre les murs". En février dernier, c'est "Amour" de Michael Haneke, avec Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, qui avait remporté l'Oscar du meilleur film étranger. 

Gilles Bourdos, réalisateur du film "Renoir"
 (Culturebox/France 3 Côte d'Azur)
"Renoir", un film de Gilles Bourdos (France), avec : Michel Bouquet, Christa Theret, Vincent Rottiers - 1h51 - Sortie : 2 janvier 2013

Synopsis 1915. Sur la Côte d’Azur. Au crépuscule de sa vie, Auguste Renoir fait appel à celle qui sera son modèle. Cette  jeune fille, Andrée, apparue dans sa vie comme un miracle, va insuffler au vieil homme une énergie qu’il n’attendait plus. Lorsque son fils Jean, revenu blessé de la guerre, vient passer sa convalescence dans la maison familiale, il découvre à son tour, fasciné, celle qui est devenue l’idole de son père. Dans cet éden méditerranéen, Jean, malgré l’opposition ronchonne du vieux peintre, va aimer celle qui, animée par une volonté désordonnée, insaisissable, fera de lui, jeune officier velléitaire et bancal, un apprenti cinéaste…

Le patron
Gilles Bourdos aurait choisir «  Andrée » pour titre, tant il a fait de ce personnage peu connu, la pierre d’angle d’un beau scénario au service d’un film magnifique, aux lectures multiples. Au lieu d’une biographie, dans les règles de l’art, il traite d’une femme laissée pour compte, dont on ne sait presque rien, pourtant essentielle dans la fin de vie du peintre et les débuts de celui qui allait devenir un des réalisateurs phares du cinéma français. Une énigme dont le cinéaste comble les vides par la fiction, avec tact et vraisemblance, au terme de ce qui semble avoir été une enquête approfondie.
 


Entièrement situé dans la propriété provençale et familiale des Collettes, reconstituée dans le Var (le domaine étant aujourd’hui consacré à un musée dédié au peintre), « Renoir » est presque un huis-clos, entre trois personnages entourés d’un aréopage de domestiques, toutes des femmes, toutes dévouées à satisfaire « le patron », tel qu’elles nomment Renoir, son fils, Jean, faisant de même. Il ressort de ce cadre, la transmission de liens ténus entre les protagonistes de ce petit monde, tous désireux de satisfaire le maître des lieux, baignés d’atmosphères solaires et pastorales et évocatrices d’un Eden mythologique en phase de disparaître. Indépendante, belle et piquante, Andrée va bousculer l’ordre établi, comme annonciatrice de la fin d’un temps pour un autre. Elle n’en n’est que plus vitale aux yeux du peintre.

Christa Theret est Andrée, le dernier modèle de Pierre-Auguste Renoir dans "Renoir" de Gilles Bourdos
 (Mars Distribution )

Muse
Gilles Bourdos ne voyait personne d’autre que Michel Bouquet pour incarner le peintre à l’écran. Grand bien soit-il ! Il est parfait dans cette évocation de l’homme bougon, mais tendre, entièrement voué à son art de la couleur qui l'a identifié comme « peintre du bonheur ». Cette évocation passe pour beaucoup par la femme, sujet dominant de son oeuvre, et dont il fut éperdument amoureux. De son épouse comme de ses modèles, voire de ses domestiques qui passaient allègrement de l’une à l’autre… Inquiet de l’émergence de temps nouveaux, avec la Première Guerre mondiale, Renoir projette son inquiétude sur l’avenir de ses enfants, en l’occurrence Jean, sans vocation aucune, réfugié dans une carrière militaire de circonstance. Andrée va changer tout cela.

Tout comme Bouquet est Renoir, Christa Theret est au diapason du personnage d’Andrée. Son physique est en phase avec les canons de l’époque, et son aisance devant la caméra renvoie à la désinvolture et l’assurance du personnage, à la langue bien pendue. Elle deviendra un enjeu entre le vieux peintre et le jeune officier qu’est encore Jean, et même Coco (Claude), le cadet des trois fils Renoir. A l’image du film, Andrée est solaire, source de vie, une muse faite chair. Troublante, audacieuse et en avance sur son temps, elle se révèle le vecteur d’une filiation entre peinture et cinéma. De muse pour le peintre, elle va devenir celle du futur cinéaste. « Renoir » s’avère de fait une magnifique métaphore du rapport entre peinture et cinéma, du passage de l’une à l’autre, comme se transmettraient les gènes d’un père à son fils. Avec la femme inspiratrice au cœur.

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