Le Havre, décor de cinéma

Havrais et cinéphile, Antoine Rabaste a du se dire un jour que sa ville méritait sans doute mieux que la réputation de "ville moche" qu'elle traîne depuis la reconstruction. En septembre 1944, le port et une grande partie de la ville, 12 500 immeubles étaient détruits par des bombardements alliés qui firent aussi 1 770 morts. Il s'agissait alors d'affaiblir l'occupant et de permettre l'approvisionnement des troupes fraîchement débarquées qui se trouvaient en Belgique. La reconstruction fut l'occasion pour l'architecte Auguste Perret d'illustrer son style à partir du béton jamais encore autant utilisé dans la construction d'habitations. Le cinéma permet ainsi de se donner une idée de ce que fut le Havre avant guerre, puis de voir ce qu'il est devenu. Certes, les nouveaux quartiers n'ont pas le charme des îlots anciens, mais leur originalité et leur proximité avec la mer donnent à la ville un caractère qui peut inspirer les cinéastes. Pour la première période, on pourra retenir "Le quai des brumes" de Marcel Carné en 1938. C'est dans ce film et sur les quais de la cité havraise, mais sans doute reconstitués en studio, que Jean Gabin et Michèle Morgan partagent l'une des plus célèbres répliques du 7e art : "T'as de beaux yeux, tu sais...", " Embrassez-moi...".
Dans les films plus récents, notons "Havre" de Juliet Berto et  "Le Havre" de Aki Kaurismäki. Mais, c'est sans doute dans un court métrage de 2010 de Françoise Poulin Jacob que l'on pourra le mieux comprendre cette ville. "Je vous écris du Havre"  a été réalisé à partir de témoignages d'habitants ayant vécu la période de la reconstruction et illustré par de nombreux documents, films ou photos, fournis par les intervenants eux-mêmes.



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