Le prix Louis-Delluc à <i>La vie moderne</i> de Depardon

Sélectionné au Festival de Cannes, La vie moderne n'en a pas fini avec sa carrière en salles ; le prix reçu aujourd'hui devrait redonner un coup de fouet à un film pas tout à fait comme les autres.

Car La vie moderne, de Raymond Depardon, n'est pas un film de fiction ; n'empêche, cela reste un grand film de cinéma - le jury du prix Louis-Delluc ne s'y est pas trompé, en lui décernant aujourd'hui le prix 2008.
_ Le jury, composé de 14 critiques et de personnalités du cinéma a également récompensé L'apprenti, de Samuel Collardey, prix Louis-Delluc du premier film.

La vie moderne, c'est donc la fin d'une saga débutée par Depardon dans les années 90. Intitulée "Profils paysans", le réalisateur est allé à la rencontre d'agriculteurs des Cévennes - et les a suivis sur près de vingt ans. “Je discutais avec eux sans caméra, j'étais obligé de redémarrer à zéro comme un petit photographe, 'Raymond Depardon' ça leur disait rien. C'étaient des taiseux, des silencieux qui ne prononçaient pas dix phrases en deux heures, mais qui avaient une gestuelle, une beauté, une élégance... Ils étaient habités.”

Ce film est enfin une forme d'hommage de Depardon à ses parents, agriculteurs eux-mêmes - c'est dans la ferme familiale que Depardon a pris ses premiers clichés.

Et c'est ce film que les jurés ont préféré, même si les discussions ont paraît-il été animées. Selon Serge Kaganski, critique des Inrockuptibles, “une forte majorité s'est dégagée en faveur de ce film, même si nous avons à un moment imaginé de donner le prix ex-aequo aux Plages d'Agnès d'Agnès Varda”.

Guillaume Gaven