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Leïla Kilani dresse un portrait sans fard des jeunes Marocaines d'aujourd'hui

Sorti le 1er février sur les écrans, "Sur la planche" est le premier long métrage de la réalisatrice marocaine Leïla Kilani. Elle a filmé l'histoire et la vie de quatre jeunes filles dans le Tanger actuel. Le jour, elles sont ouvrières dans des usines de crevettes ou de textile. La nuit, elles parcourent la ville pour ne pas se laisser broyer par le système. Présenté à Cannes 2011 lors de la Quinzaine des Réalisateurs, le film a été diffusé dans plus de trente festivals à travers le monde.
Article rédigé par franceinfo - Chrystel Chabert
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2min
"Sur la planche", le premier long-métrage de Leïla Kilani
 (Epicentre Films)

C'est un fait divers qui a déclenché l'écriture de ce film, une histoire dont Leïla Kilani a eu connaissance en 2005, en lisant la presse à scandale marocaine. Un article parlait de la féminisation de la criminalité en évoquant une bande de quatre jeunes ouvrières qui abordaient les hommes dans les cafés avant de les détrousser. Habituée aux documentaires, Leïla Kilani s'est dit qu'elle tenait un début d'histoire capable de raconter à la fois des itinéraires de jeunes femmes, mais aussi une ville, Tanger, loin des clichés exotiques. La famille de cette réalisatrice de 40 ans, née à Casablanca, est originaire de Tanger, une ville qui a connu le déclin avant d'être "sauvée" en 1999 par la création d'un nouveau port et d'une zone franche qui a attiré les capitaux étrangers.


Une fois son scénario écrit, Leïla Kilani est partie à la recherche de ces 4 jeunes ouvrières. Pour cela, elle a distribué des tracts sur les plages, cafés et stands commerciaux. Trois-cent vingt jeunes filles vont postuler. La réalisatrice en retiendra quatre : Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouzha Akel et Sara Betioui. Toutes avaient pris des cours de théâtre mais sans plus et toutes avaient un petit boulot.  Le tournage a commencé fin décembre 2010 avec une équipe hyper-réduite : la réalisatrice, les comédiennes,  et un chef opérateur. Mais très vite, les finances s'épuisent et le tournage doit s'arrêter pour reprendre un peu plus tard. 

Interview de Leïla Kilani au festival de Cannes 2011


Mais ces difficultés ne découragent en rien Leïla Kilani qui, avant "Sur la planche", a signé trois documentaires.  Etudiante en économie et en histoire, elle était en pleine rédaction de sa thèse  quand elle a commencé à écrire un scénario sur des jeunes qui veulent à tout prix rejoindre l'Europe. La thèse sur "l'avènement de la figure de l'intellectuel dans le monde arabe"  est passée à la trappe et "Tanger, le rêve des brûleurs" a vu le jour en 2002. Ce documentaire de 52 minutes qui raconte la vie de jeunes hommes qui tentent par tous les moyens de rejoindre l'Europe a été plusieurs fois primé. Aujourd'hui, Leïla Kilani utilise la fiction pour dresser un portrait sans fard de femmes marocaines.  Une chose est sûre : elles ont des choses à dire et il va falloir compter sur elles.

Soufia Issami alias Badia, jeune femme révoltée dans "Sur la planche"
 (Epicentre Films )

"Sur la planche", film franco-marocain de Leïla Kilani avec Soufia Issami, Mouna Bahmad, Nouzha Akel, Sara Betioui (1h46).

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