"Les As de la Jungle" : les coulisses d'une réussite toulousaine
France 3 : E. de Pourquery / J.-M. Mier/ R.Toregrossa / L. Michel
50% des dessins ne sont pas conservés
N'allez pas dire que le dessin numérique est simple. Pour un film d'une heure et demie il faut des milliers d'animations qu'il faut assembler une à une. Presque de l'artisanat en somme. C'est son implication dans les détails qui a permis le succès du studio TAT Productions. Les visages des animaux sont travaillés avec de micro-éléments pour retranscrire le plus fidèlement possible leurs attitudes et leurs émotions.Le travail de l'animateur est d'interpréter les personnages. La maman de Maurice à un caractère imposant, avec de l'autorité. Pour retransmettre ça, on a joué sur son visage et sa gestuelle. Chaque personnage a une identité, alors il faut essayer de retransmettre cette identité.
Tom Madeuf, directeur de l'animation chez TAT ProductionsSi le dessin numérique a facilité le processus créatif, le travail n'en est pas moins long. La tablette graphique a remplacé le crayon mais a aussi multiplié les dessins. Plus de la moitié ne seront pas conservés. Un moyen d'appréhender les limites du film. Le studio TAT Productions n'avait pas spécialement pensé "Les As de la Jungle" comme un film d'animation.
Cela signifie que si l’animation permet théoriquement une liberté totale au niveau des cadres, des lumières, des effets visuels et du découpage, l'idée dans cette comédie d’aventure était tout de même de rester raisonnable.
David Aloui, réalisateur des As de la JungleVoulant se rapprocher des films traditionnels, la volonté est de conserver des plans aérés, avec une narration posée. Dans un film d'animation, la tentation est forte de tomber dans la surenchère d'effets visuels. David Aloui ne masque pas son attachement aux grandes comédies d'aventure de notre jeunesse comme "les Aventuriers de l'arche perdue ou Retour vers le futur, qui fleurait bon l'insouciance et l'optimisme."
Une production presque hollywoodienne
Durant ses deux ans de travail, 200 personnes ont été mobilisées sur le projet : des infographistes, des dessinateurs, en passant par des ingénieurs du son. La musique du film a été réalisée par un orchestre symphonique composé de quatre-vingts musiciens. Du côté des doublages, on retrouve aussi de grandes voix françaises : Richard Darbois (voix française d'Harrison Ford et du génie d'Aladdin notamment), Maïk Darah (voix de Whoopi Goldberg), Céline Monsarrat (voix de Julia Roberts), Alain Dorval (voix de Sylvester Stallone) et Philippe Bozo (voix de Jack Black).
Nous n'avons pas voulu solliciter de stars du cinéma français, parce que nous considérons que cela ne donne pas spécialement de plus-value au film, et que c'est trop compliqué à gérer.
Jean-François TestiLe film a bénéficié d'un budget conséquent. Encore loin des géants américains, le studio TAT Productions a reçu une enveloppe d'environ sept millions d'euros, l'équivalant de trois minutes d'un film Pixar. Diffusé dans deux cents pays, traduit dans quarante langues, le dessin animé et ses dérivés ont recueilli beaucoup de récompenses : Pulcinella Award du meilleur personnage animé pour "Les As de la jungle : Opération banquise" en 2012 ; Prix du meilleur film d’animation pour la télévision pour "Les As de la jungle : Opération banquise" au Kidscreen Awards 2013 ; International Kids Emmy Awards 2016 catégorie animation pour "Les As de la jungle à la rescousse".
Les aventures de Maurice le pingouin-tigre ne devraient pas s'arrêter après son passage au cinéma. La question de la production d'une troisième saison pour la télévision est en discussion. Trois autres films d'animation sont d'ores et déjà en préparation chez TAT Productions. Le premier, Terra Willy racontera les aventures de Willy. Parti à la découverte d'un monde inconnu après le crash de son vaisseau spatial, il tentera de retrouver sa famille avec ses amis Buck le robot et Flash l'extra-terrestre. Le deuxième film est toujours au stade de l'écriture et le troisième projet n'est encore qu'un concept.
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