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Les festivals du film fantastique de Gérardmer, Premiers plans d'Angers et du cinéma indépendant de Sundance, passent au virtuel

Privés de salles pour la deuxième année consécutive, les festivals de cinéma optent pour une édition virtuelle sur internet pour exister malgré la pandémie.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
l'affiche du 28e Festival internatonal du film fantastique de Gérardmer (janvier 2021). (DR)

Après le Festival de Cannes privé de tapis rouge et de palmarès en 2020, d’une Mostra de Venise et d’un Festival de Deauville réduits à la portion congrue, les premières manifestations cinématographiques de 2021 ont choisi d’exister en version virtuelle sur Internet. Ainsi le Festival Premiers plans d’Angers, ceux du Film international du film fantastique de Gérardmer et du Cinéma indépendant de Sundance se réfugient sur la Toile, en mettant en ligne leurs films à disposition des festivaliers, selon diverses formules d’abonnement.

Gérardmer : frissons à domicile

Ça va trembler dans les chaumières : c'est en ligne que le festival international du film fantastique de Gérardmer se tient à partir de mercredi 27 janvier. L'occasion de découvrir des inédits, en attendant une réouverture des salles plus incertaine que jamais. Une fois n'est pas coutume, cette 28e édition de ce qui est devenu le plus grand rendez-vous du cinéma de genre en Europe ne verra pas de hordes de passionnés déferler sur la station vosgienne.

Tant pis pour l'ambiance, mais les organisateurs ne voulaient pas pour autant annuler l'évènement et ils se sont rabattus sur une diffusion par internet. "Gérardmer, c'est un rendez-vous populaire, le rassemblement des fans du genre fantastique, on ne voulait pas en priver le public", explique à l'AFP le patron du festival, Bruno Barde.

400 pass virtuels

Une plateforme, ouverte au public de mercredi à dimanche, présentera 30 films inédits, dont 12 en compétition officielle. Angoissants et/ou sanguinolents, ces films viennent du Canada, de France, de Suède ou encore de Corée du Sud. Les amateurs semblent être au rendez-vous : les 400 pass qui permettent de voir l'ensemble de la sélection ont été écoulés. Il reste possible d'acheter sur le site des billets virtuels à la séance (5 euros). Certains contenus sont gratuits.

Parmi les films présentés, les plus téméraires pourront tenter Possessor, de Brandon Cronenberg, le fils du légendaire réalisateur David Cronenberg. Ce film sur des assassins en col blanc qui prennent le contrôle du corps de leurs victimes avait marqué par son ultra violence, lors de sa présentation au festival américain de Sundance. Dans l'air du temps, Host de Rob Savage, a été réalisé pendant le confinement et raconte une séance de spiritisme à distance...

Le festival est aussi l'occasion de présenter une nouvelle génération d'auteurs français : dans La Nuée Just Philippot filme un élevage de criquets comestibles, tandis que les frères Zoran et Ludovic Boukherma présentent Teddy, entre drame social et film de loup-garou, avec Anthony Bajon (l'acteur de La Prière, de Cédric Kahn). Les réputés studios d'animation Ghibli sont aussi de la partie, avec Aya et la Sorcière, un premier film (tous publics celui-là) en dessin numérique, signé du fils d'Hayao Miyazaki, Goro.

Un exemple à suivre ?

Premier rendez-vous de l'année pour les cinéphiles, ce Gérardmer en ligne inspirera-t-il d'autres festivals contraints de composer, parfois pour la deuxième année, avec la pandémie ?

Le festival Premiers plans à Angers a aussi opté pour le virtuel et offrira gratuitement ses neuf longs métrages, sur inscription, à partir de lundi. La Berlinale, rendez-vous majeur, tiendra sa compétition en ligne en mars, mais espère se rattraper avec des projections physiques pour le public à l'été.
D'autres croisent encore les doigts : l'Alpe d'Huez (comédie) a préféré reculer sa date, à fin mars plutôt que janvier, et Annecy (animation) est toujours prévu du 14 au 19 juin.

Et les yeux sont rivés sur Cannes. Le plus gros rendez-vous mondial du 7e art a dû renoncer l'an dernier aux projections sur la Croisette, un crève-coeur pour la profession. Ses organisateurs tablent sur une édition physique, en mai comme d'habitude, avec une option entre fin juin et fin juillet si les conditions l'exigent.

Le Festival de Sundance choisit le virtuel

Le Festival de Sundance, l'un des plus importants pour le cinéma indépendant aux Etats-Unis, se déroulera essentiellement via internet à partir de jeudi. Et le coronavirus ayant contraint les Oscars à repousser leur cérémonie au 25 avril - du jamais vu -, cela signifie que plusieurs poids lourds de l'édition 2021 ne sont pas encore sortis, voire n'ont pour certains même pas encore été dévoilés à la critique.
Autant dire que tous les yeux de l'industrie du cinéma sont braqués cette année sur le Festival de Sundance, lancé dans les années 1980 avec l'aide du légendaire Robert Redford.

"On s'est vraiment rendu compte que oh, c'est nouveau, nous allons être dans la fenêtre de tir pour les prix", déclare à l'AFP Tabitha Jackson, la directrice du festival. La preuve, c'est à Sundance que les studios Warner Bros ont décidé de montrer en avant-première mondiale le très attendu "Judas and the Black Messiah", où Daniel Kaluuya incarne le jeune leader des Black Panthers Fred Hampton.

Parmi les autres films en vue projetés dans le cadre de Sundance figurent Land, un drame se déroulant dans les paysages sauvages des Rocheuses et premier passage derrière la caméra de Robin Wright (star féminine de la série House of Cards), ou encore The World To Come, produit par Casey Affleck, qui y tient également un rôle.

"D'une certaine manière, c'est une piste de lancement (vers les Oscars) mais d'un autre côté, on ne sait pas encore très bien à quoi 2021 ressemblera" en ce qui concerne les sorties de films, relevait Mme Jackson le mois dernier. "Donc je suis très curieuse de voir comment les gens vont choisir d'utiliser cette fenêtre de tir".

Bottes de neige contre pantoufles

Avec ou sans Sundance, les films indépendants semblent cette année bien partis pour occuper le devant de la scène d'une saison des prix cinématographiques qui ne ressemble à aucune autre: toutes les compétitions ont été décalées, à l'instar des fameux Golden Globes qui auraient déjà dû être distribués à cette époque de l'année mais qui ne dévoileront leurs nominations que le 3 février.

La plupart des cinémas étant toujours fermés aux Etats-Unis à cause des ravages du Covid-19, les studios enchaînent report sur report pour leurs grosses productions ("Dune", le prochain James Bond, etc.) pour essayer de sauver les recettes. Les organisateurs du festival exhortent toutefois le petit monde d'Hollywood à avoir ces discussions via internet et des projections virtuelles.
Seuls quelques drive-in et petits cinémas indépendants montreront les films en différents endroits des Etats-Unis, là où les restrictions sanitaires le permettent, mais pas à Los Angeles ou en Utah, où la pandémie fait rage.

Tous les participants sont invités à "troquer leurs bottes de neige contre des pantoufles" et à profiter des circonstances pour "voir davantage de films que vous ne pourriez le faire dans les montagnes en temps normal", insiste Mme Jackson. Au total, 72 longs-métrages seront présentés à Sundance, qui se tient du 28 janvier au 3 février.

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