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"Les mois qui s'annoncent vont être une grande fête du cinéma permanente" : pour les patrons de MK2, le cinéma français n'est pas en danger

"La grande découverte des confinements, c'est que rester chez soi, ce n'est pas un idéal": pour les patrons de MK2, premier circuit de salles art et essai en France, le cinéma a de beaux jours devant lui.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
Nathanaël Karmitz ( à gauche) et son frère, Elisha Karmitz ( à droite), patrons des cinémas français MK2.  (JOEL SAGET / AFP)

Après six mois de rideaux baissés, Nathanaël et Elisha Karmitz, à la tête de la société créée il y a 47 ans par leur père Marin, rouvrent "à perte", avec les jauges contraintes et le couvre-feu, mais c'est quand même un "soulagement". Et bien "mieux que de rester fermer", tranche Nathanaël Karmitz, l'aîné.

Le groupe, qui possède 26 cinémas à Paris et en Espagne, occupe une place à part dans le 7e art, soutenant la production de nombreux films d'auteurs aux côtés de cinéastes comme l'Iranien Abbas Kiarostami, la Japonaise Naomi Kawase ou le Canadien Xavier Dolan, et gérant des catalogues prestigieux (François Truffaut, Charlie Chaplin, Michael Haneke...).

De "l'empathie" pour les spectacteurs

La cascade de films à la réouverture ? Les jeunes directeurs généraux (36 et 42 ans) ne s'en plaignent pas. La profession "ces derniers mois a quand même démontré beaucoup de nombrilisme" et doit maintenant faire preuve "d'empathie envers ses spectateurs", tacle Nathanaël.

"La question d'un trop plein de films, on est le seul pays au monde où elle se pose. C'est une grande chance, pour les spectateurs d'abord, et la preuve d'une grande vitalité", souligne Elisha Karmitz. "C'est la meilleure opportunité pour que le spectateur retrouve les salles, et que l'ensemble de la chaîne du cinéma redémarre vite", enchaîne son frère."Les mois entiers qui s'annoncent vont être pour les spectateurs une grande fête du cinéma permanente tellement l'offre va être riche, diversifiée, et de qualité", promet-il.

La France championne

Eux ne voient que des raisons de croire à l'avenir des salles obscures, dont la France et ses 2 000 cinémas pour 67 millions d'habitants est la championne."L'idée que le monde a radicalement changé (pendant la crise sanitaire) est une vue de l'esprit", balaye Nathanaël Karmitz. "Le cinéma reste, quoi qu'on en pense, le loisir et la sortie les moins chers".

Les difficultés des salles américaines, au bord de la faillite pour certaines, ne leur causent "aucune" inquiétude : "on a un modèle différent, pas uniquement dépendants des blockbusters. C'est cette diversité qui préserve le cinéma français dans son ensemble", argumente l'aîné. Quant à l'essor des plateformes, "version mondialisée de la télévision payante", "ce n'est pas parce qu'on peut acheter des steaks au supermarché qu'on va plus au restaurant", ajoute-t-il.

Vers une diversification du cinéma

Au contraire, eux sont convaincus que le cinéma doit continuer de se diversifier : ils veulent organiser des centaines de conférences avec des intellectuels dans leurs salles, ont lancé en pleine pandémie une plateforme de films rares en ligne, financée par la publicité (MK2 Curiosity, 60.000 utilisateurs inscrits) ou encore un tout premier "hôtel-cinéma", le Paradiso, dans l'est parisien, dont les chambres qui deviennent espace de projection privée affichent complet...

Le groupe, qui a un projet de cinéma près de Strasbourg et un autre à Nouméa, ne publie pas ses comptes annuels, mais ses dirigeants assurent que 2019 a été une "année record" qui a permis d'aborder la crise "en bonne santé stratégique et financière". La pandémie a été "extrêmement coûteuse mais néanmoins, pas de nature à remettre en cause nos développements dans un futur proche ou plus lointain", assure Nathanaël Karmitz.

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