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Les tontons flingueurs ont 50 ans !

Il y aura bientôt cinquante ans, le 27 novembre 1963, la France découvrait "Les tontons flingueurs". Réalisé par Georges Lautner d'après Albert Simonin et sur des dialogues de Michel Audiard, ce polar passé quasiment inaperçu à sa sortie est peu à peu devenu un film culte. Premier à dégainer pour ce cinquantenaire : Le Point qui publie un hors-série passionnant.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
La scène de la cuisine dans "Les tontons flingueurs"
 (Gaumont)
« Happy birthday to you, happy birthday to you… » fredonnée sans le moindre sourire par Lino Ventura devant un Bernard Blier à la mine interrogative, la ritournelle reste l’un des nombreux grands moments du film de Georges Lautner « Les tontons flingueurs » qui fête son cinquantième anniversaire. Il y a en effet cinquante ans, en avril 1963 commençait le tournage d'un film au destin inattendu.

 La bande annonce originale de "Les tontons flingueurs
Sortie inaperçue
Si tout un chacun peut aujourd’hui citer les dialogues de Michel Audiard, personne n’aurait parié un kopek sur la postérité du film. Dés la production, la méfiance avait prévalu, ce qui explique que le film soit de nationalité « franco-germano-italienne » et qui nous vaut une distribution de même composition.
 A sa sortie, le 27 novembre 1963, seules 450 000 personnes se sont déplacées dans les salles parisiennes en six mois d’exploitation. Ce ne fut donc pas un évènement. Il semblait alors que Fernand Naudin (Lino Ventura) et les frères Volfoni (Bernard Blier et Jean Lefevbre) n’étaient pas voués à la postérité. Il faut dire que la Nouvelle Vague arrivait et que le « cinéma à la papa » auquel pouvait être rattaché Georges Lautner semblait voué à la disparition.
 
 "Les tontons Flingueurs"
 (Gaumont)

Succès "posthume"
Mais le temps a passé, la Nouvelle Vague s'est retirée et le cinéma populaire a retrouvé voix au chapître. Peu à peu, le public a oublié Doniol-Valcroze et redécouvert Lautner. Les diffusions télévisées des "Tontons", les éditions vidéo en cassettes puis DVD l'ont ensuite élevé au rang de film-culte. 
Il faut dire que l'oeuvre réunissait, à l'avance, tous les critères d'une réussite "posthume". Un ton contestataire avant l'heure, une distribution aux petits oignons avec vedettes et seconds rôles triés sur le volet, des dialogues signés d'un auteur tricard auprès de l'intelligentsia de l'époque mais devenu LA référence de l'humour cinématographique quelques décennies plus tard.

"Les cons ça ose tout. C'est même à ça qu'on les reconnaît".
Les dialogues des Tontons flingueurs n'ont rien perdu de leur efficacité même si certaines expressions ne sont plus compréhensibles aujourd'hui. Qui se rappelle que l'expression un tonton ("Quand j'ai connu le Mexicain, il recrutait pas chez tonton") était alors synonyme d'homosexuel? Cette acception ne vaut cependant pas pour le titre.
Toutes les générations connaissent aujourd'hui leurs spécialistes des "Tontons", capables d'organiser des joutes entre amis pour essayer de se coller sur les répliques cultes.


Les seconds rôles
La force du cinéma de l'après-guerre jusqu'aux années 60/70, ce sont les seconds rôles. Dans les "Tontons flingueurs", ils sont légion autour des rôles principaux tenus par Ventura et Blier. Francis Blanche, Horst Frank, Venantino Venantini, Mac Ronay ou Pierre Bertin, Jean Lefebvre, Claude Rich ou Sabine Sinjen, tous ont marqué le film de leur personnalité. Dans cette distribution de rève, on remarquera pourtant Robert Dalban en majordome à peu près anglophone. Robert Dalban connu pour la proéminence de son nez et à qui Jean Gabin, son ami, avait un jour demandé "Dis donc toi, quand tu te mouches, tu n'as pas l'impression de serrer la main à un pote ?".

La petite histoire
Adapté du livre d'Albert Simonin "Grisbi or not grisbi", "Les Tontons Flingueurs" devait s'appeler "Le terminus des prétentieux". La scène d'anthologie de la cuisine a failli ne pas exister, Audiard ne croyait pas à son utilité alors qu'elle est devenue la scène clé des relations entre Fernand Naudin et les frères Volfoni. Le rôle central, celui de Fernand Naudin n'a échu à Lino Ventura qu'après les forfaits successifs de Jean Gabin et de Paul Meurisse. Ventura a longtemps hésité avant d'accepter. Il ne croyait pas en sa capacité à endosser un rôle comique.
Georges Lautner a tenté de récidiver, mais avec moins de brio dans un autre film qui se voulait de la même trempe mais qui sera bien moins réussi  "Les barbouzes".

Cinquante ans, un demi-siècle peu de survivants
De la bande admirable des Tontons Flingueurs, il ne reste plus grand monde. Mis à part Lautner, Claude Rich et Venantino Venantini, tous ont rejoint le terminus, même si ce n'est pas celui des prétentieux. Un demi-siècle c'est long dans une vie d'homme, ça l'est moins dans celle d'une légende et Les tontons flingueurs en sont une. La meilleure preuve c'est qu'on a beau le voir et le revoir, on arrive toujours à découvrir de nouveaux détails qui avaient échappé, à remarquer une réplique qu'on avait oubliée, à redécouvrir un personnage que notre attention avait négligé.

Le hors-série du Point
 (Le Point)


DVD et hors-séries
A l'occcasion des cinquante ans de la sortie du film on peut acheter le DVD accompagné de documents passionnants, des bonus très précieux aux yeux des afficionados. On pourra facilement se passer de la version colorisée pour s'en tenir au très beau noir et blanc d'époque. Il sert très bien la mise en scène de Lautner et la composition de ses images.
Le hors-série publié par l'hebdomadaire Le Point mérite de rester dans les bibliothèques des cinéphiles. Il ne se contente pas de réunir des articles déjà écrits mais balaie le sujet sous des angles originaux. On regrettera juste de ne pas en apprendre davantage sur ces fameux seconds rôles.
On peut aussi trouver en librairie Le Dico des Tontons Flingueurs (éditions Hugo&Cie), qui se veut une encyclopédie de ce film culte.

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