Les zombies sortent des écrans aux Etats-Unis
Un scénario prévisible
De récents faits divers scabreux alimentent allègrement ce qui s’identifie à une légende urbaine. Tel cet homme qui s’est jeté sur un SDF à Miami pour lui dévorer le visage. Une scène digne de « Zombies » (1978) de George A. Romero. C’est bien connu, les zombies sont anthropophages. Les actes de cannibalisme vont donc dans ce sens. Un étudiant a reconnu avoir mangé le cœur de son colocataire dans le Maryland. La dérive de Luka Rocco Magnotta, qui a tué, dépecé, puis mangé un jeune homme avant de disparaître, et qui vient d’être arrêté en Allemagne, va dans le même sens.
Les scénarios de fuite de virus « zombifiant » sont pléthore au cinéma. Le plus significatif, sur le ton de la parodie, est sans doute « Planète Terreur » (2007) de Robert Rodriguez, produit par Quentin Tarantino. Si les films de zombies parcourent tout le cinéma depuis 1932 (White Zombie), leur passage à la parodie dans les années 2000 (« Shawn of the Dead », « Bienvenue à Zombieland », « Mad Zombies », « Des zombies dans l’avion »…) stigmatise l’intériorisation d’une mythologie chez les spectateurs, qui dépasse le cercle restreint des amateurs de films d’horreur.
Les faits divers évoqués s'apparentent à un tel point aux films que la très réputée agence fédérale américaine Center for disease control and prevention (CDC) a fait savoir par communiqué officiel ne connaître à ce jour "aucun virus ni maladie qui ramènerait les morts à la vie, ou qui présenterait des symptômes similaires aux zombies".
Culture de masse
Mais il en est des zombies comme des soucoupes volantes. L’expansion des témoignages dans les années 50 correspondait ainsi avec l’âge d’or de la science-fiction cinématographique aux Etats-Unis, dans un contexte de guerre froide à son niveau le plus élevé, avec la crainte d’une invasion intérieure dont plus d’un film de SF se faisait l’écho et auxquels les petits hommes verts de la planète rouge étaient identifiés.
Les interactions entre culture de masse et témoignages, par définition annoncés comme "réels", ne sont pas nouvelles et témoignent d’un comportementalisme sur lequel il vaudrait vraiment le coup de se pencher. Le critique et essayiste Michel Meurger en a fait son cheval de bataille, dans plus d’un ouvrage édifiant, très argumenté. Il a ainsi démonté les mythes d’enlèvements extraterrestres en liant ce mythe à la culture populaire (pulps, bande-dessinée, cinéma…), dans "Scientifictions Tome 1 - Alien Abduction - L'enlèvement extraterrestre, de la fiction à la croyance". Il a également décrypter le cryptozoologie (monstre du Loch Ness, Yéti, Bigfoot…), notammenbt dans "Scientifictions Tome 2" .
Nul doute que l’épidémie de zombies étasuniens relève du même syndrome.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.